Les bouquinistes à la mode sont en quelque sorte patentés par les bibliomanes, qu'on aurait tort de confondre avec les bibliophiles et les bouquineurs. On pourrait distinguer plusieurs espèces de bibliomanes : les exclusifs, les fantasques, les envieux, les vaniteux et les thésauriseurs.
On peut les diviser ainsi : bouquinistes à la mode, bouquinistes de la vieille roche, bouquinistes avares.
Le bouquiniste à la mode est au bouquiniste de la vieille roche ce que le coiffeur est au perruquier, et au cabaretier le restaurateur ; il ne diffère du libraire que par le produit considérable et presque certain de son commerce : chez lui, pas de non-valeur, pas de ballots de papier imprimé, pas de vente subite, mais aussi pas de stagnation complète ; il a toujours un bénéfice net de cent pour cent sur les livres qu'il achète, et ses rentrées sont au comptant comme ses déboursés : O fortunati nimiùm ! le bouquiniste à la mode ne sait pas ce que c'est que les billets de librairie, les protêts, les faillites et les concordats !