Que du beau monde ! Des biographies historiques de rois et des chefs de guerre français, agrémentées de mini portraits psychologiques. Parfois ces portraits sont un vrais plus, d'autres fois ils n'apportent presque rien. J'ai bien aime, car l'ouvrage offre l'opportunité de revisiter l'histoire au pas de charge.
L'auteur se concentre sur l'essentiel, sans s'encombrer de détails superflus. Il est suisse, du coup il ne crie pas cocorico à chaque personnage évoqué. Il assume parfaitement sa démarche subjective, autrement dit des jugements de valeur. Autre point positif, il avoue son ignorance lorsqu'il se penche sur une tête couronnée secrète et difficile à cerner, comme
Napoléon III, « le prince de l'ambiguïté ».
Les lecteurs/lectrices qui privilégient une approche nuancée et des multiples mises en perspective passeront leur chemin. Ou alors, certains seront déçus du fait que l'analyse psychologique prend juste quelques paragraphes, mais pour moi c'est le bon dosage.
Si vous avez aimé, enchaînez avec 2000 ans d'histoire de France, de Pierre de Greigueuil, tout aussi alerte et efficace.
Extrait :
« On se rappelle que la première phase était celle où il était
Bonaparte le révolutionnaire, l'homme qui bouscule certes tout sur son passage mais pour innover. Elle avait duré environ une dizaine d'années, de 1797 à 1807. Puis, pendant la deuxième phase, de 1807 à 1814, voici le plus grand despote, le mégalomane, n'acceptant ni mise en question, ni critique. »p592
Napoléon Bonaparte « fonctionne sur ce qu'on appelle l'axe narcissique, contrairement à l'axe objectal. Ces gens, autocentrés, ont de la peine à avoir un lien à l'autre, d'empathie et de partage. Ils se construisent sur un ego qui peut être par moments surdimensionné et par moments affaissé. C'est tout ou rien. le type de dépression qu'ils présentent est assez particulier. Il s'agit d'un effondrement sur soi-même. Il n'y a pas de culpabilité, mais de la honte de ne pas arriver à être à la hauteur ». p600