Elle venait de découvrir que le malheur avait une texture. C'était un noeud, implorant qu'on le dénoue.
(p. 129)
Elle savait depuis son enfance que tout le monde a une part d'ombre et que certains la contrôlent mieux que d'autres. Mais rares étaient ceux qui se considéraient comme mauvais, et c'était ça le plus effrayant. La nature humaine était parfois d'autant plus hideuse qu'elle voulait à toute force se faire passer pour bonne.
(p. 332)
(...) elle s'interrogea sur sa boussole interne, cette aiguille censée la maintenir sur la bonne voie, l'empêcher de s'égarer, de retourner sur ses pas ou de renoncer. Et elle se rendit compte d'une réalité effrayante : il n'existait rien de tel. Il n'y avait que les choix qu'on faisait quotidiennement.
(p. 205)
Avant toi, un autre détenu a gravé laborieusement dans le ciment : On est tous enragés. Tu souris chaque fois que tu vois ces mots. C'est tellement bizarre, tellement absurde, tellement différent des autres graffitis de la prison (surtout des versets de la Bible et des dessins de parties génitales).
(p. 19)
(...) sa mémoire confirmait cette certitude dévastatrice ; rien n'était comparable à l'amour d'une mère pour son enfant. C'était biologique. Un élan primaire, vital, impossible à bannir. Il avait continué de vivre en elle durant tout ce temps. Dans la moelle de ses os.
"Accordez-vous un moment chaque jour, avait dit Harmony lors d'une séance de thérapie de groupe. Rien qu'un moment, durant lequel vous êtes déchargées de toute responsabilité."
(p. 383)
Personne n'est mauvais à cent pour cent. Et personne n'est bon à cent pour cent. Nous vivons tous égaux dans la grisaille entre les deux.
La sensation fut immédiatement suivie par une vague de culpabilité nauséeuse. Parce qu'elle avait compris, à la seconde où elle avait posé les yeux sur le bébé, qu'elle ne voulait pas d'un amour pareil. C'était trop intense. Trop vorace
Même si tu refuses de regarder l’horloge murale, tu as conscience des secondes qui s’égrènent et s’échappent de ta cellule. Ces secondes. Tu voudrais t’accrocher à chacune d’entre elles, les retenir, éprouver la texture même de ta vie tandis qu’elle te glisse entre les doigts.
Ton cœur cognait dans ta poitrine. Ton corps avait momentanément repris une forme familière.
L’espoir, comme un coup de poignard.