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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur serait connu pour écrire des oeuvres singulières comme l'annonce la quatrième de couverture. Je le découvre avec ce livre et oui, je confirme qu'il est singulier.

Pour la forme d'abord. de longues, longues phrases entrecoupées de virgules (heureusement, sinon on en perdrait le sens), développant tout un tas de détails autour du sujet principal. Beaucoup se demanderaient à quoi servent-ils. Il est vrai que l'on pourrait supprimer les deux tiers. Et pourtant, on ne retrouverait pas cette mélodie que l'on perçoit à la lecture au point que l'on a envie de lire à haute voix. L'écriture est en effet très fine, riche et subtile, un peu comme les classique du dix-neuvième siècle.

Pour le fond ensuite. Il est en effet surprenant de découvrir l'histoire vraie de August Engelhardt (1875-1919). Engelhardt. Vraiment, vous ne connaissez pas ? Moi non plus, je ne savais rien de cet homme. Jeune allemand, il ne supportait plus ni ses congénères ni le monde évoluant trop vite et trop mal. Végétarien, il s'exila en Nouvelle-Guinée, fit l'acquisition d'une île destinée à la culture de la noix de coco, se fit aider des autochtones pour ce travail de récolte.

La noix de coco devint pour lui "le couronnement légendaire de la création", offrant à l'homme l'eau, le lait, le beurre, la chair mais aussi le matériau pour les maisons, les meubles, les accessoires, le bois de chauffage. Persuadé qu'en se nourrissant de ce fruit à l'exclusion de tout autre aliment, on deviendrait l'égal des dieux, Engelhardt n'hésita plus. Adepte du naturisme, se nourrissant uniquement de noix de coco, il pensa créer un monde exemplaire, en communion avec la nature, loin du vice, du pouvoir et de l'hypocrisie. Il ira au bout de ses convictions mais ne parviendra pas à faire adopter son mode de vie, malgré l'amitié d'un pianiste et quelques illuminés vite renvoyés chez eux par le gouvernement.

Beaucoup d'humour (justement grâce à ces longues phrases; voir ma citation) pour décrire la vie tragique de cet homme. Quelle vie ! Et quelle fin de vie surprenante.

Alors, j'ai aimé ? oui et non. Oui pour l'écriture plus que belle qui me donne vraiment envie de découvrir une autre oeuvre de Christian Kracht. Non, pour avoir accompagné cet homme, pour ne pas dire cet illuminé, sur son île avec ses noix de coco et ses noix de coco et ses noix de coco...
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Voilà l'histoire étonnante d'August Engelhardt (1875 - 1919), un Allemand hors du commun, marginal, végétarien et adepte du nudisme. Il décida de quitter son pays et une société qu'il ne supportait plus et s'exila en Nouvelle-Guinée dont une partie était alors un protectorat allemand. Il investit une petite île pour faire vivre ses idées, vivant nu et se nourrissant uniquement de noix de coco, persuadé que c'était là l'aliment idéal, contenant tous les nutriments nécessaires à l'homme, idée farfelue !
L'auteur nous dresse un portrait cruel de la société coloniale de l'époque, usant d'un style ironique, caustique et sarcastique, multipliant les épisodes les plus loufoques.
Ce livre se lit avec grand plaisir, grâce également, il faut le souligner, à la superbe traduction de Corinna Gepner.
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« T'as le look, coco ! »
Comment associer le nudisme et le végétarisme pour un « avenir sans souci », loin du monde civilisé du début du vingtième siècle ? Se rendre dans une colonie de Nouvelle Guinée pour y fonder « l'ordre du soleil » dédié à la culture de la noix de coco !
Telle est l'histoire d'August Engelhardt, aventurier allemand à la recherche du « pouvoir suprême » - Imperium – dont le Suisse Christian Kracht nous narre la biographie (très romancée) dans un style mettant en évidence l'étendue de l'espace et la longueur du temps.
En effet, un « look » inédit, style et regard confondus, pour mettre en exergue la  Cocos nucifera , « couronnement légendaire de la création, fruit de l'arbre cosmique Yggdrasil ! ». Impossible donc, d'adopter une écriture simple, un style passe-partout, pour raconter les bienfaits d'une plante salvatrice portée aux nues.
Je devrais dire « nus », car c'est l'association d'une végétation luxuriante (luxe et riante) vénérée dans le plus simple appareil qui permet d'atteindre la plénitude d'un ascétisme exacerbé. le style employé par l'auteur est par là-même inversement proportionnel à la façon de vivre du héros de l'histoire, qui végète après s'être planté.
Des phrases interminables, utilisant toute la panoplie des signes graphiques à disposition - virgules, tirets, parenthèses – pour exprimer l'emphase d'un monde idéalisé à construire. En somme, se mettre à nu en empilant des couches successives, de façon à passer inaperçu dans un monde qui ne comprend pas les extravagances des illuminés solitaires.
En voici un exemple.
« Et comme celui-ci lui répondait par la négative, il sortit de son sac quelques pamphlets qu'il posa timidement à côté de lui, sur le banc – les écrits de ce swami indien dont les idées originales et le talent rhétorique venaient de faire sensation dans le Nouveau Monde - , ainsi que, miméographié et attaché avec un ruban (la reliure franconienne s'était décollée dès l'arrivée en mer Rouge, à Aden, sous l'effet de la chaleur), le traité qu'il avait lui-même rédigé et qui parlait de la puissance curative du cocovorisme, malheureusement en allemand, de sorte qu'Engelhardt pouvait certes faire état de l'objet, mais non familiariser son nouvel ami avec ses réflexions, formulées par écrit avec un savoir-faire nettement supérieur ».
Il va sans dire que si le livre avait dépassé les 180 pages j'aurais sans doute capitulé avant la fin de l'histoire. J'ai en effet passé la moitié du temps de lecture à revenir sur chaque phrase, au demeurant très bien écrites et sans fausse note, pour m'imprégner de l'ambiance décrite. Une mention particulière à la traductrice Corinna Gepner, qui a dû jongler avec ce style si particulier.
Aussi, je ne saurai dire si j'ai passé un bon moment avec ce roman d'aventures singulier, pétri de grandiloquence et de démesure, qui décrit l'impérialisme décadent d'un occident qui sombra quelques années plus tard dans un fascisme dévastateur. Ce livre fourmille de références et de rencontres, toutes aussi indispensables qu'anecdotiques. Je n'ai pas envie de vous révéler le déroulement de cette histoire véridique, faite de petits riens étirés à l'extrême, sorte d'exil onirique. Il y a du Conrad et du Rabelais dans le procédé narratif, agrémenté de sauce proustienne. Un cocktail à la noix.
« T'as le look, coco ! »

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Un végétarien (voire vegetalien) nudiste et allemand, Engelhardt, tente de fonder une communauté de cocovores en Nouvelle Poméranie, colonie allemande au début du 20e siècle. Engelhardt vit selon ses convictions au bord de l'eau et au milieu des noix de coco dont il se nourrit exclusivement, mais il se sent un peu seul. Bientôt, son mode de vie attire quelques curieux et quelques problèmes.
Roman étonnant par l'histoire, par le style et par la tournure des phrases, Impérium convoque des personnages loufoques, ridicules ou méchants. il évoque l'absurdité de la vie et de la colonisation, ainsi que la beauté d'avoir la volonté de changer de vie et de poursuivre ses rêves mêmes s'ils sont, comment dire?.....délirants?
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Mélange plutôt réjouissant d'aventures, de philosophie, d'Histoire, d'histoires, le tout sans grand ordre - la faute, volontaire, aux multiples allers et retours dans le temps. Sur fond de lèvres salées, de soleil, et de la chaleur et de l'immensité des Mers du Sud.
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Je n'avais jamais entendu parler ni rien lu de l'histoire tragi-comique, mais vraie (j'ai vérifié sur Wikipédia) d'August Engelhardt racontée avec dérision et ironie par Christian Kracht (rien à voir avec Velcro), auteur suisse de langue allemande que je découvre également.
August Engelhardt est un jeune allemand rêveur, sensible et fragile, adepte du nudisme et du végétarisme, ne supportant plus une société bourgeoise conformiste. Il s'exile au tout début du 20ème siècle en Nouvelle-Guinée, dont une partie était alors un protectorat allemand, pour y fonder une communauté. D'une grande naïveté, il se fera voler son argent et perdra une partie de sa bibliothèque au cours du voyage et se fera escroquer dans la négociation de l'achat d'une petite île.
Ce doux rêveur a une idée fixe : la noix de coco. Pour lui, elle est à la base de toute la vie. Elle permet de se nourrir, de se désaltérer, de se chauffer et, éventuellement, de l'utiliser pour la construction ou la confection d'outils. Vivant nu et ne se nourrissant que de noix de coco, il en fera la culture, aidé par les habitants de la petite île de Kabakov dont il a fait l'acquisition. Il ira au bout de ses idées mais sans jamais parvenir à établir "sa nouvelle société."
Et, comme beaucoup de rêves fous, insensés, utopiques, l'aventure se terminera par un fiasco dans la plus grande confusion.
Kracht nous raconte avec ironie, humour et parfois cynisme, la société coloniale de l'époque , le petit monde des colons allemands « des allemands blafards, hirsutes, vulgaires, ressemblant à des cochons de terre, qui s'éveillaient lentement de leurs sommes digestifs, des allemands au zénith de leur influence dans le monde », français « dans leur élégance autiste, les français étaient certes des snobs patentés, mais comme leur culture se définissait par la langue, et non comme en Allemagne par le mythe ronflant éthnique, la loi du sang, ils paraissaient plus hétérogènes que les allemands chez qui il n'y avait pas de demi-teinte, pas de nuance, pas de dégradé. » , les indigènes nonchalants, avec une écriture subtile, intelligente" et riche de détails authentiques.
A lire pour découvrir l'auteur et son style particulier.
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