Une lecture étrange
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans la nouvelle. Toute la première partie m'a donné une petite migraine. Alors je vous la résume. Cela vous évitera de prendre un Doliprane.
Le narrateur est un prisonnier politique, condamné à l'exil. Il est escorté par deux gendarmes ( je le prenais pour un touriste qui voyageait en traîneau avec ses domestiques). Une tempête de neige les contraint à passer la nuit dans une pauvre isba. L'hôtesse n'a rien à leur offrir et puis elle leur donne du pain, des oignons et du thé ( je me suis dit c'est elle, c'est la jeune fille étrange ! Et bien non !). Elle les invite à passer la nuit chez elle. Et là le narrateur n'arrive pas à dormir et l'un des gendarmes non plus ! (C'est là que j'ai compris que ce n'était pas un touriste ! ). Et le gendarme se met à raconter l'histoire d'une jeune fille à l'accent étrange, condamnée comme le narrateur à l'exil ( Tilt !).
Je ne vous raconte pas la suite. Elle est sur le site gratuit de la bibliothèque russe et slave.
Commenter  J’apprécie         161
« — Voici, disait-elle, j’avais rassemblé tous mes effets et vendu la maison dont j’ai hérité, puis je suis partie pour aller rejoindre ma chère fille. Elle sera bien
contente, pensais-je. Elle me grondera un peu, sera irritée, je sais bien qu’elle se mettra en colère, mais tout s’arrangera. Elle m’a écrit, elle m’ordonnait de ne pas venir. En aucun autre cas, je n’aurais osé aller vers elle...
Eh bien cela ne fait rien. »
« C’était comme si quelque chose me frappait au cœur.
J’entrai à la cuisine : « Quelle est cette vieille ?» demandai-je à la servante. Elle me dit : « C’est la mère de la demoiselle que vous avez amenée. » Croyez-moi, je faillis tomber à la renverse. La jeune fille vit à mon visage qu’elle m’avait causé du chagrin, elle me demanda :
« Qu’as-tu donc ? — Plus bas, la demoiselle est morte. »
Elle mourut bientôt. Quand on l’enterra je ne pus la voir parce que j’étais de service chez le commissaire. Le lendemain, je rencontrai l’exilé. J’allai vers lui ; sa figure était décomposée. Il était de haute taille, son visage était sérieux. Autrefois il me regardait d’un air affable, à présent il me considérait comme un animal sauvage. Je voulus lui donner la main, mais il la repoussa et s’éloigna. « Je ne peux pas, dit-il, te voir à présent. Va-t’en, frère. Au nom de Dieu, va-t’en, mais si tu restes encore dans la ville, viens me voir. » Il baissa la tête, puis s’éloigna. Je me rendis à mon logement et j’étais tellement épuisé que pendant deux jours je ne pus prendre de nourriture. Quel chagrin !… Le troisième jour, le commissaire me fit appeler et me dit : « Vous pouvez à présent vous mettre en route, les papiers sont arrivés quoiqu’un peu tard. » Sûrement nous aurions eu à la conduire de nouveau, mais Dieu avait pris pitié d’elle et l’avait rappelée à lui.