Citations sur Les enquêtes de Lady Hardcastle : Meurtres dans un vill.. (29)
Personne n’aime dire du mal des morts, mais dans le cas du vieux Spencer Caradine, on n’a guère d’autre choix : il n’y a pas beaucoup de choses agréables à rapporter sur lui. C’était un vieux bonhomme bizarre et triste qui n’avait jamais un bon mot pour personne. En fait, ce n’est pas vrai. Il avait beaucoup de bons mots pour la plupart des gens qu’il rencontrait, mais pas du genre que je puisse répéter devant des dames. Il pouvait vous déclencher une bagarre dans une pièce vide, celui-là.
L’entente n’est pas ce que je qualifierais de cordiale, entre les gars de la ville et nous. Le sergent Dobson pense que c’est une bande d’idiots et je ne peux pas dire que je suis en désaccord avec lui. Ils nous prennent pour des péquenauds, sous prétexte que nous sommes basés ici au village, comme si ça faisait de nous des poulets de seconde zone ou quelque chose comme ça.
Vous n’avez pas l’esprit entraîné des scientifiques, voilà tout. La clarté d’esprit, voilà ce qui est requis. L’organisation. Les enchaînements. Les raisons. Le tableau m’aide à réfléchir. Nous irons le chercher au grenier ce soir même, inspecteur, afin de lancer notre analyse.
Ce n’est pas seulement de la flagornerie, madame. Vous avez beau être indisciplinée, profane et sujette à des spéculations aussi désorganisées que fantaisistes, il n’empêche que vous arrivez toujours à la bonne conclusion. Toutes les deux, vous avez plus d’une fois prouvé votre valeur, par ici. Et après les magouilles de l’automne dernier, je suis assez persuadé que vous n’êtes pas plus une mondaine affaiblie que Flo n’est votre timide dame de compagnie, croyez-moi.
En mangeant, les deux dames échangèrent des histoires de leurs expériences respectives aux Indes. Celles de Lady Hardcastle étaient évidemment les plus palpitantes, truffées des hauts faits qui avaient marqué certaines de nos missions les moins secrètes, mais il y avait une joie malicieuse dans les histoires de son aînée, qui servait de contrepoint fort divertissant. J’avais toujours soupçonné que, dans sa jeunesse, elle avait été un sacré bout de femme et il s’avérait que je ne m’étais pas trompée. Avec même parfois un peu plus de piment que je ne l’avais imaginé.
En temps normal, cela m’aurait rendue folle d’impatience, s’il n’y avait eu la gaieté contagieuse de Maud Denton, la dame de compagnie de Lady Farley-Stroud.
Elle et moi nous étions rencontrées l’été précédent. Et si je trouvais absolument horripilants ses efforts ingénieux pour s’éviter toute forme de travail, elle s’avérait d’une excellente compagnie.
Les gens se sont montrés si gentils, si pleins de sollicitude au cours des mois écoulés que, d’une certaine manière, je me ferais l’effet d’un imposteur si j’arrivais au village en sautillant comme une écolière. Il me fallait quelque chose pour persuader définitivement les gens que leurs inquiétudes étaient fondées et que j’étais aussi mal en point qu’ils le croyaient.
Nous nous abîmâmes alors dans la complexité déconcertante des deux nouveaux projets de Lady Hardcastle. A savoir l'installation d'un téléphone et l'achat d'une automobile.
Dimanche. Ah, dimanche ! Que serait la vie sans les dimanches ? Ce jour mélancolique qui semble s’étendre à l’infini et qui pourtant se termine toujours trop tôt.