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Kessel aime les gemmes mais pas autant que l'aventure.
Impossible de lire un de ses récits de bourlingue sans l'imaginer assis sur un rocher inconfortable au milieu de nulle part en train de prendre des notes sur un vieux carnet écorné, le front en sueur et le visage buriné par l'écume de ses expériences passées.
Kessel n'a pas eu droit à une petite place dans le Lagarde et Michard mais il dispose de son strapontin dans mon Panthéon personnel. Il fait partie de ces auteurs dont la vie romanesque a perfusé les récits, ceux pour lesquels il faudrait créer une étagère à part dans les bibliothèques, celle des voyageurs révoltés. Je suis certain que Joseph Kessel ne serait pas contre le voisinage de Jack London.
Le lion ne pouvait résister à la jungle birmane et à la découverte de Mogok, la mystérieuse vallée des rubis. Embringué par un vieil ami à la recherche de pierres précieuses disparues, il partit au milieu des années 50 pour le plus grand gisement connu au nord-est de la Birmanie.
Terre sauvage à l'accès dangereux, infestée de rebelles et de moustiques, Kessel y découvre une société à part, très hiérarchisée, obéissant à ses seules règles et organisée autour de l'extraction, du polissage, du commerce et… du trafic des rubis.
La Birmanie était indépendante depuis 1948 (une indépendance négociée par le général Aung San, le père d'Aung San Suu Kyi). L'empire britannique s'était effacé et il avait laissé derrière lui quelques vieux baroudeurs rêvant de fortunes qui n'avaient pas pris de billets retours.
La population de Mogok était bigarrée et bagarreuse mais le rubis unissait tous ces chercheurs d'absolu. A force de gratter le sol des mines, ils vivaient en mitoyenneté avec l'enfer. Ils avaient pactisé pour que les mines continuent à saigner et offrent ces caillots qui font la fortune de certains chanceux et damnent les autres. Comme en science, il y a les éternels chercheurs et quelques rares trouveurs.
Kessel décrit dans ce livre les décors somptueux de Mogok qui donnent envie de remplir son sac de voyage et de passer une semaine en milieu hostile dans sa tente Quechua… au fond de son jardin, confinement oblige. Mais y'en a marre, je veux aller au Myanmar !
Dans ce récit autobiographique, la nature vit, saigne et emprisonne. le monde de Mogok tourne autour des rubis, pas du soleil. Cette dévotion pour un caillou incrusté dans l'écorce terrestre n'étonne guère quand on sait que le plus précieux rubis, le fameux "sang de pigeon" ne se cache que dans cette contrée et se négocie au même prix qu'un diamant. Ces merveilles passent encore aujourd'hui par les mains d'hommes et de femmes qui vivent dans la misère et n'en voient que la couleur. Kessel remonte presque toute la chaîne de production et de distribution. Il ne fuit que les joailleries et les cous fortunés.
Dans les années 50, le voyage pour se rendre sur place était déjà une aventure. Kessel ne fait que transiter en Inde mais il parvient par ses mots à nous encenser ses odeurs.
Le reste n'est qu'humanité. Une humanité brute, sans artifice, la seule dans laquelle l'auteur semble trouver la paix. Comme souvent chez Kessel, il est ici aussi beaucoup question d'amitiés viriles, celles qui ne se déclarent pas mais qui se témoignent à travers une fraternité silencieuse d'anciens combattants. Pas étonnant de la part du parolier du Chant des Partisans, écrit avec Maurice Druon. Montez de la mine, descendez des collines, camarades...
La lecture de ce récit ne tient pas à son intrigue, aussi rare que les rubis dans les filons épuisés de Mogok, mais dans ses couleurs et dans ses personnages réels qui paraissent pourtant moins vrais que nature tant ils sont travaillés comme les pierres précieuses qui les hantent.
Un beau voyage.
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J'ai eu la très grande chance de pouvoir visiter le Myanmar en début d'année. le quoi ? Oui, en France nous nous obstinons à appeler ce pays la Birmanie…Peu importe d'ailleurs car je garderais toujours un très beau souvenir de ce pays au charme envoutant et aux rencontres presque magiques…
Voulant continuer à entretenir ce souvenir, j'avais envie de me plonger dans des romans se déroulant là-bas, d'autant plus qu'à certains endroits un peu fréquentés par des touristes, j'ai pu voir des vendeurs nous proposer deux livres en français : Une histoire birmane de George Orwell et la vallées des rubis de Joseph Kessel. Imaginez, vous visitez une pagode et tout à coup vous voyez sur un étal d'un petit marchant des livres français !!
Faut-il vraiment préciser que dès mon retour j'ai commandé ces deux livres chez mon libraire ? Je ne me suis lancée que récemment dans la lecture d'un de ces deux livres, mon côté dispersé ayant pris le dessus…
Effectivement, Joseph Kessel m'a emmené en Birmanie. Les deux personnages principaux vont partir vers ce pays qui n'est pas encore très occidentalisé ( et qui d'ailleurs n'est l'est pas trop encore ). Ils ont l'intention d'aller dans une région célèbre pour ses mines de rubis et pour éclaircir un mystère autour de certains de ces joyaux. Nous sommes dans les années cinquante, et les moyens de transports sont d'époque évidemment.
Apres une escale en Inde, les deux amis vont arriver dans ce pays qui vient juste de se libérer de l'occupation britannique.
Soyons clair, alors que j'attendais plus un roman d'aventures, c'est surtout une histoire racontant des rencontres avec les habitants de cette région de Mogok que nous raconte Joseph Kessel.
Le style de l'auteur est limpide, agréable à lire, mais je reconnais être un peu restée sur ma faim, trouvant ma plongée dans ce voyage pas aussi forte que je l'espérais…

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Dépaysement total avec ce voyage si merveilleusement décrit par l'auteur.

En Haute-Birmanie se trouve Mogok, citadelle du rubis ;

" La légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur.
C'était une sorte de soleil empourpré.
L'aigle emporta le premier rubis de l'univers sur la cime la plus aiguë de la vallée.
Ainsi naquit Mogok ... ".

L'auteur nous y emmène, et l'on découvre ses talents de conteurs, mais aussi la précision magnifique avec laquelle il nous décrit la vie de la cité ; mais également la population hétéroclite qui grouille de vie, la pauvreté côtoyant une richesse éhontée.

Il nous fait voyager de belle façon et le dépaysement est total.

Pas vraiment d'histoire à proprement parler mais un voyage fabuleux très loin de nos contrées habituelles.

Les descriptions sont telles que j'ai été transporté dans le pays des mille et une nuits.
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Cet intéressant récit de Joseph Kessel nous emmène aux confins de la haute Birmanie, dans une vallée reculée, connue sous le nom de "vallée des rubis".
En 1955, l'auteur accepte la proposition de son ami Jean, négociant en pierres précieuses, de l'accompagner en Birmanie pour découvrir la vallée d'où proviennent les plus beaux rubis et certains des plus beaux saphirs au monde.
Au fil des chapitres, on visite des lieux insolites, inspirants ou effrayants, on découvre des personnages atypiques, tel Julius, l'associé de Jean ou son courtier chinois, et surtout, on voit les rubis les plus purs, appelés "sang de pigeon".
L'auteur les décrit si bien qu'on peut distinguer l'étoile au coeur de la pierre et les milles éclats des pierres taillées.
Un beau voyage dans un lieu particulier et à une époque révolue qui confère à cette visite un caractère poétique.
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Conseillé par certains guides avant un voyage en Birmanie, je ne peux pas franchement dire que j'ai eu de ce pays une vision bien actuelle de la Birmanie.

Milieu du siècle passé, Jean , un négociant  de pierres précieuses propose à son ami écrivain et journaliste de l'accompagner dans la vallée du Mogok, en Haute Birmanie, à la recherche de rubis d'exception sur les traces d'un ancien bandit disparu mystérieusement avec son trésor de joyaux .

Cela augure d'une jolie balade dans la jungle birmane mais l'histoire ne tient guère ses promesses , l'intrigue est oubliée en chemin .

Ce qui fait l'âme du roman , ce sont les rencontres : les birmans, encore à cette époque la plupart du temps aux postes subalternes, les mineurs en particulier , ceux qui triment dans des conditions dures pour extraire les pierres précieuses qui passent aux mains des tailleurs puis des vendeurs , milieu interlope où chacun essaie de berner l'autre ... quelques portraits savoureux de vieux anglais, nostalgiques du temps où la Birmanie appartenait à l'empire britannique .

Enfin , paysages magnifiques à une époque où l'on pouvait croiser des tigres et des éléphants sauvages et rêver de posséder une ces rares rubis, sang de pigeon !
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A ma grande honte, je dois avouer que je n'avais jamais lu Joseph Kessel.
Ou alors, je ne m'en souviens pas.
Ce livre est le récit de son voyage et de son séjour dans " La vallée des rubis ", en Birmanie.
Kessel est un aventurier : il aime partir à la découverte du monde, même dans des conditions difficiles.
Kessel est, évidemment un très bon écrivain : le langage est châtié, précis, admirable. Chaque mot, chaque adjectif sont employés à bon escient. C'est la raison pour laquelle je me suis plongée dans ce récit au point de sentir les odeurs, de voir les couleurs, les personnages rencontrés, les paysages traversés, les ambiances.
J'appelle ça du grand art !
Kessel est aussi, pour moi, un poète, un poète en prose, mais un poète : j'ai dégusté chaque mot, chaque phrase avec gourmandise.
Or, quand je lis de la poésie ( mais oui, ça m'arrive ) je ne lis qu'un poème à la fois pour bien m'en imprégner.
Avec le livre de Kessel, je me suis " contrainte " à ne lire qu'un chapitre par jour, même s'il m'était difficile de le quitter.
Mais c'est avec bonheur que je le retrouvais le lendemain.
Hélas, le livre est terminé.
Mais je n'en ai pas fini avec cet auteur.
C'est un vrai bonheur de lecture, je vous le conseille vivement !
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"Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues..."

Kessel l'aventurier et journaliste, nous relate ici un voyage qu'il effectua avec un de ses amis en Birmanie, et plus particulièrement dans une région très secrète, et ô combien stratégique pour ce pays, surtout depuis l'installation de la dictature militaire.
La Birmanie recèle en son sol quelques variétés de pierres précieuses, et en particulier le rubis "sang de pigeon". Nous sommes à Mogok, dans la célèbre vallée des rubis.

Il faut remettre ce récit dans son contexte historique ; le voyage date probablement des années 50. L'aviation commerciale est balbutiante ; les trajets sont très longs, chaotiques. le pays vient tout juste de se libérer da la tutelle britannique ; l'état contrôle ses ressources, ou du moins fait tout ce qu'il peut pour y parvenir.

L'ouvrage à ceci d'intéressant qu'il confronte à la fois les humbles chargées de l'extraction des rubis, des puissants toujours plus avides et des européens peu scrupuleux. L'intrigue de départ est vite oubliée pour laisser place à un large panorama humain, et un très beau travail de description des lieux et du climat "social" local.
En ce qui concerne le style, on peut regretter que l'aspect journalistique ait pris le pas sur le romanesque ; ce qui aurait donné un peu plus de liant et de fluidité à l'ouvrage.

Ce dernier n'en reste pas moins une bonne approche d'un pays fascinant et énigmatique que je devrais découvrir dans quelques semaines.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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A lire pour la découverte de la Birmanie, pays merveilleux et plein de mystères.
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Plus qu'un roman, c'est un récit de voyage et un recueil de légendes avec une galerie de portraits intéressants. Si j'ai apprécié le style de l'auteur, je n'ai pas réellement accroché à cette histoire qui manque peut-être de profondeur, l'intrigue reste superficielle et l'évocation des merveilles birmanes n'aura pas suffit. A lire pour le dépaysement…
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Incroyable texte, sans prétention mais d'une justesse qu'on trouve rarement dans un roman d'aventures où il ne se passe finalement pas grand chose. Kessel déroule son histoire comme il ferait le récit d'un événement vécu, mais avec une vraie force littéraire pourtant.
Il nous emmène cependant vers une fin un peu déconcertante, mais je ne peux plus en imaginer une autre maintenant.
Et en plus, on voyage !

C'est un très beau roman de Joseph Kessel.
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