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Citations sur Au-delà des pyramides (40)

Avec son charme de photo sépia, Alexandrie était incontestablement une ville attirante. Il y avait quelque chose de confortable dans son délabrement, quelque chose qui vous invitait à explorer votre tendance à l’oisiveté, une fois que vous aviez percé à jour ses mythes trompeurs. Je me serais bien vu m’installer à New Capri, traîner tous les matins au café Athineos, écouter du Mahler chez Moustapha, me joindre au salon hebdomadaire de Sarwat, et me laisser aller à la paresse. C’était un danger inhérent à cet endroit, cette langueur qui finissait par décourager toute ambition ou désir d’aller de l’avant.
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Le contraste ne pouvait être plus frappant : au sud, l’Egypte mythique ; au nord, l’effort de modernité ; au sud, l’Afrique ; au nord, l’Europe. Perché sur le grand rêve technologique d’un pays en développement, je me suis senti en équilibre précaire entre ces deux univers qui venaient se rejoindre ici. Tous les dilemmes égyptiens semblaient converger dans ce barrage massif, devenu le symbole des énergies contradictoires à l’œuvre en Egypte. Mythes et réalités s’étaient donné rendez-vous ici, avec d’un côté le fleuve dispensateur de puissance et de vie, de l’autre le lac et sa promesse d’éternité.
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Deux touristes américaines installées en face de moi ne cessaient de s'extasier et de brandir leur Instamatic à chaque détail de cette Égypte bucolique. La vue d'une paire de bœufs attelés à une charrue leur a arraché des cris ravis, et l'une d'elles a jugé "si typiquement africain !" le spectacle de gamins jouant au foot avec une boîte de conserve, pieds nus - ce qui m'a rappelé que la pauvreté, pour des yeux occidentaux, devient toujours pittoresque dès qu'elle s'abrite sous des palmiers.
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- Tu vas faire prolonger ton visa à Al-Moghamma ? avait ainsi relevé un ami égyptien en prenant un air infiniment compatissant ; prévois d'y passer cinq heures, minimum. C'est un cauchemar, ce truc.
Il n'avait pas exagéré. D'emblée, j'ai cru me retrouver dans un film expressionniste allemand des années 1920 : hall envahi d'âmes en peine errant sans but, kilomètres de couloirs gris et ténébreux, succession interminable de portes derrière lesquelles des fonctionnaires croulaient sous des dossiers jaunis, sensation que personne ne comprenait vraiment pourquoi il ou elle se trouvait dans ce dédale bureaucratique mal éclairé qui vous prenait au piège dès votre arrivée... Franz Kafka aurait sûrement apprécié Al-Moghamma.
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« Tu es touriste pas normal »
« Je ne pouvais qu’acquiescer à ce diagnostic, lorsque je lui ai avoué que durant mes deux mois et demi en Egypte, je n’avais pas mis les pieds dans un seul des sites touristiques mondialement connus ».
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Pour le Moyen-Orient, le plus grand danger, c'est l'islam. C'est une religion qui tire tout le monde en arrière et qui étouffe tout, à commencer par la liberté.
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De tous les récits de voyages que j’avais lus avant mon départ, l’impression que l’on retirait d’Alexandrie était en effet plutôt morne. Mais peut-être est-ce le sort des villes qui ont eu un passé aussi remarquable ? La version actuelle n’arrive jamais à soutenir la comparaison avec l’image fabuleuse que l’histoire et la littérature ont imprimée dans notre esprit, et toute visite se termine dans la déception, parce que telle ou telle cité nous avait attiré avec la promesse d’un charme ancien que nous n’avons pas trouvé. Ce que nous avons tendance à oublier, c’est que les villes restent rarement immuables, qu’elles sont constamment modifiées par le contexte économique et politique de la période. (p. 51)
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J’ai débarqué au milieu d’une ville dans la ville. Ce qui avait été une banlieue assoupie au bord du delta du Nil il y a vingt ans faisait maintenant au Lower East Side de Manhattan au début du XXe siècle, ses trottoirs défoncés envahis par la foule du vendredi soir. Sur la chaussée, le chaos était encore plus saisissant : un chauffeur de taxi, dont la portière venait d’être emboutie par un garçon à dos de mulet, était contenu par un groupe de passants alors qu’il tentait de se venger physiquement sur le responsable en brandissant un démonte-pneu sous le regard impassible du mulet ; plus loi, une voiture décorée de rubans nuptiaux tentait de se faufiler dans l’embouteillage, la jeune mariée et son promis encadrés l’un et l’autre par leurs parents, raides et embarrassés dans leurs tenues de cérémonie : derrière, sur la plate-forme d’une camionnette, un dizaine de femmes tout en noir se tenaient debout, l’une d’elles occupée a négocier de son perchoir un bout d’intestin a un boucher a ciel ouvert qui venait d’éventrer une vache.
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" Pour un artiste, il y a de la liberté dans les idées venues de l'étranger.
- Mais toi, Sarouat, tu pourrais quitter l'Egypte pour aller créer ailleurs ?
- Tu connais le circuit obligatoire, pour un peintre : Londres, Paris, Amsterdam, Rome, Munich, Berlin, New York. En dehors de ça, rien. Et dans tous ces endroits, on finit par se transformer en marionnette. Une marionnette avec laquelle quelqu'un aura envie de jouer pendant un mois, peut-être... Je trouve qu'il vaut mieux être un artiste ici qu'en Occident parce qu'ici, au moins, on peut peindre ce que l'on veut. - Il a lancé un regard pensif par la fenêtre en tirant longuement sur sa cigarette. - Le seul problème, en Egypte, c'est qu'on fait ce qu'on veut, mais en cage.
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- Connaissez-vous la meilleure nouvelle égyptienne que l'on ait jamais écrite ? a demandé Saïd ; elle ne fait que dix mots. Ecoutez : "Oh mon Dieu ! Je suis enceinte ! Qui est le père ?" - Il m'a adressé un sourire malicieux. - Vous comprenez ce que ça veut dire ?
- Je ne suis pas sûr.
- Ok, je vous explique. "Oh mon Dieu !" : la religion. "Je suis enceinte !" : le sexe. "Qui est le père ?" : l'inconnu. Vous voyez ? C'est la nouvelle égyptienne parfaite. Il y a tout ce qu'il faut là-dedans.
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