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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Capétan Michel (titre original) est une oeuvre centrale dans la masse des écrits de Kazantzaki. En partie autobiographique, ce livre raconte la révolte d'une ville de Crête, puis de toute la Crête au travers des destins de personnages haut en couleurs qui se dévoile petit à petit. Les intrigues s'entrecroisent, les beys, pacha, imam, muezzin, métropolite, instituteurs, bergers, paysans se rencontrent, se battent, rient, mangent, boivent, font l'amour, sont jaloux ; en un mot, vivent.
C'est ce qui ressort de ce récit ; une vie puissante, forte d'envies et de désir, et par dessus tout celui de liberté, de se libérer du joug des envahisseurs ottomans !
Donc, c'est tout autant empli de vie que l'on sort de cette lecture passionnante et puissante.
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La Liberté ou la mort est le mot d'ordre des révolutionnaires Crétois, brodé sur le drapeau de Capétan Michel, le héros du livre, mais aussi d'un drapeau visible au Musée Historique d'Héraklion.

Avant l'Autonomie de la Crète en 1897, des révolutions secouèrent l'île au 19ème siècle : 1821, 1866 avec le massacre du monastère d'Arkadi, furent les plus connues, mais les capétans du livre de Kazantzaki énumèrent en 1821, 1834, 1841, 1878..

C'est en 1889 que se déroule l'épopée du Capétan Michel. le roman se compose de deux parties. Dans la première, le drame se noue. L'auteur présente les nombreux protagonistes dans la ville de Candie où cohabitent Chrétiens et Turcs, mais aussi Juifs et Arméniens. le pacha, plutôt débonnaire, ne jouit pas d'une grande autorité et les notables s'affrontent, provocations et forfanteries, mesquineries et intrigues, mariages et histoires d'amour, affaires et beuveries. le champion des Grecs est le Capitan Michel, sombre et ténébreux, craint de tous, celui des Turcs Nouri Bey. Plutôt que de s'entretuer, ces nobles personnages ont mêlé leur sang en un pacte fraternel. On se prend à imaginer l'entente entre les communautés quand le pauvre Ali Aga est nourri par les femmes grecques ou quand Effendine est invité à se saouler chez Michel. Les rancoeurs sont bien présentes, les provocations s'accumulent. Quand le frère du Capétan Michel charge un âne sur son dos pour l'emporter à la mosquée "dire ses prières" l'offense se lavera dans le sang.


J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cette chronique où les personnages sont nombreux, tous divers. Nikos Kazantzakis décrit aussi le quotidien des femmes. Femmes soumises à eurs héros de maris, ou mégères, jeunes mariées comme vieilles filles.

De provocations en meurtres, de meurtres en vengeances, le pacha ne peut contenir la colère des agas et laisse faire le massacre, pire, il obtient des renforts que le sultan lui envoie. Les Grecs mettent à l'abri femmes et enfants dans les villages et prennent le maquis pour une guerre sans merci.





Cette deuxième partie du livre sent la sueur, la poudre et le bouc. Les capétans reprennent du service et le théâtre des opérations se déplace de la ville à la campagne. Entrent en scène les héros de 1821, centenaires mais encore très verts. le héros n'est plus Michel mais son père le vieux Sifakas qui règne sur ses fils, ses petits fils, mais aussi sur les bergers. Occasion de raconter la vie rurale, ainsi que les faits d'armes anciens. Les héros morts à Arkadi hantent les consciences.

J'ai eu plus de mal avec cette tonalité virile. Déjà, en ville les femmes jouissaient d'un statut de second plan. Michel refusait même de voir sa fille devenue pubère qui se cachait à son retour mais à la campagne elles n'ont plus de rôle du tout. Les égorgements, les coups de feu, les oreilles coupées... ne sont guère de mon goût.



Et pourtant il s'agit bien d'une épopée vécue, d'une histoire qui s'est vraiment déroulée. Avec les exploits militaires se déroule, en coulisse, la grande politique, celle des grandes puissances, qui refusent de voir la Crète rattachée à la Grèce. de la Grande Bretagne et des autres puissances qui préfèrent un sultan entravé à une entrée de la Russie en Méditerranée, le port de Souda, convoité par les puissances navales...Et tout cela est diablement passionnant.

Évidemment, la féministe du 21ème siècle ne peut pas suivre à la lettre tous ces exploits sans agacement. le magicien Kazantzaki m'a encore entraînée dans cet univers par son talent de conteur. Sous la geste épique, on sent l'humaniste qui ne peut souscrire à la simplification. C'est encore Zorba qui montre la barbarie de la guerre.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Sur l'île de Crète, à Candie plus précisément, se joue une guerre entre chrétiens et musulmans en 1889. le capétan Michel, homme valeureux, bourru, corpulent et taiseux est le chef du village. Il est directement inspiré du père de l'auteur. Nouri Bey, un turc, chef de clan également, lui apprend que son frère a fait un esclandre à la mosquée en y portant un âne à bout de bras. Telle est la trame de départ de ce long roman de Nikos KAZANTZAKI, son sixième, écrit en 1950, parfois traduit par « La liberté ou la mort », et qui aurait dû à l'origine s'appeler sobrement « le capétan Michel ».

Entre les familles du capétan et de Nouri, l'heure a toujours été à l'orage. Kostaros, frère de Nouri, a jadis égorgé le père de Michel. Pourtant, entre ces deux-là, une amitié indéfectible s'est scellée par le mélange de leurs sangs, un geste d'une rare force. le paradoxe de leurs sentiments est immense car ils se souviennent de leur jeunesse, de leurs journées passées ensemble. Pourtant, la tension est désormais palpable entre les deux familles de religions opposées, religion chacune représentée par l'un des deux protagonistes.

La Crète est cette île grecque située en Europe, mais à la fois aux portes de l'Asie et de l'Afrique. Ses terres n'en sont que plus convoitées. Elle est en 1889 sous la domination ottomane et compte bien se battre jusqu'au bout pour recouvrer sa liberté. Les guerres antérieures de 1821, 1866 ou 1878 sont encore présentes dans tous les esprits, les rancunes sont tenaces et l'atmosphère est électrique, une nouvelle guerre de religion semble imminente.

La révolution de 1821 est exhumée par la plume vertigineuse, voluptueuse et envoûtante de KAZANTZAKI. L'auteur fait défiler une kyrielle de personnages aux caractères trempés, à la puissance démesurée, au charisme sulfureux. Dans de très longs chapitres, il présente avec un génie évident les tenants et les aboutissants, faisant d'une querelle de famille une épopée universelle. Sur fond de tremblements de terre, ses personnages se déplacent, boivent, trinquent, se respectent mais se haïssent, le conte persan n'est pas loin, et pourtant ce livre est tellement plus.

Il se divise en deux parties distinctes, deux moitiés de roman : la première est la présentation des protagonistes, la situation politique et religieuse de ce village crétois (ses paysages prenant une place non négligeable), les tensions incommensurables entre les familles, les coups bas, les assassinats, les accusations. La pression entre les rivaux peut se voir comme une suite de veillées d'armes. L'égorgement d'un moine par les turcs déclenche les hostilités, la guerre va être sanglante, violente, faite de massacres sans scrupules. C'est la seconde partie de ce récit, alors que des attentistes espèrent l'intervention de la Russie orthodoxe en faveur de la Crète. Les scènes brutales, barbares, se succèdent.

Des meurtres quasi fratricides s'enchaînent : Manousakas, le propre frère de Michel, est assassiné par Nouri. Chaque page sent la poudre et sue la vengeance par tous ses pores. le message du Christ pourrait bien prendre une toute nouvelle forme : « Ce n'est pas le Christ qui est crucifié… Mon Dieu, c'est une femme qui porte une cartouchière et des pistolets d'argent ! ».

La force presque surnaturelle de KAZANTZAKI réside dans la manière de guider son lectorat en de menues scénettes, puissantes, dont la maîtrise est totale. Il sait peut-être mieux que personne décrire les âmes, en des personnages eux aussi d'une vigueur et d'une dimension vertigineuses. Son aisance aussi, pour conter les massacres des guerres passées entre chrétiens et musulmans, sa méticulosité pour décrire une scène de combat. Tout est saisissant dans cet ample roman, véritable fresque historique aux détails foisonnants et calibrés, le résultat est en tous points éblouissant. Car KAZANTZAKI n'oublie pas l'humour de circonstance, comme pour dédramatiser : « Mon grand-père, armé d'un brûlot, incendiait les frégates ennemies, mon père, armé d'un fusil, décimait les Turcs et moi, armé d'un chasse-mouches, je tue les mouches, pouah ! ».

KAZANTZAKI fut un homme fasciné par la figure du Christ. Elle est encore ici bien présente, avec son ombre apparaissant ici et là, mais toujours en filigrane, comme un fil conducteur. Et si les personnages de ce roman quasi divin trinquent beaucoup, c'est pour ne pas perdre ni leurs forces, ni leur dignité d'êtres humains respectueux de leurs ennemis, malgré la haine réciproque. Certes, une certaine misogynie peut poindre en des pages, et pourtant les femmes savent aussi se révolter et taper du poing sur la table, se faire entendre et respecter, c'est l'une des ambiguïtés des romans de KAZANTZAKI, toutes ces ambiguïtés mises bout à bout pouvant être rapprochées sans honte aucune aux chefs d'oeuvre de DOSTOÏEVSKI, ainsi que de certaines scènes de TOLSTOÏ pour la précision des combats.

Le crétois KAZANTZAKI possède un style russe mais à la manière des contes persans, son style et son univers sont ce feu d'artifice pétillant et ininterrompu, chacune des figures qu'il met en scène personnifiant une identité collective, comme ce jeune homme de 17 ans, Théodoris, neveu de Michel et représentant l'avenir, tout comme Thrassaki, le renouveau de la Crète et de la chrétienté, sa résurrection, alors que Sifakas le vieux père de Michel, centenaire, représente, ainsi que quelques autres, par sa participation aux luttes de 1821, la Crète de jadis. Tous ont leur place dans ce roman aux nombreuses ramifications.

KAZANTZAKI décortique dans ce roman d'une immense spiritualité les coutumes ancestrales crétoises, rattrapées par un fort antisémitisme rural, ruralité qu'il exacerbe par force détails. Et toujours ces images violentes très marquantes dans un livre dense et si riche : « Ce ne sont pas des morceaux de viande, vieux Sifakas, ce sont des oreilles. Ce n'est pas de l'eau, c'est de l'alcool. le jour où un Turc m'a renversé et mangé l'oreille, c'était en 1821, j'ai fait le serment de mettre dans cette bouteille une oreille de chaque tête de Turc que je tuerais… Pour te raconter mon histoire, capétan Sifakas, je n'ai qu'à regarder une à une les oreilles qui nagent dans cet alcool. Je sais à qui appartiennent chacune d'elles ».

Derrière ce combat à la fois d'une époque et d'une nation, sur une terre définie, c'est bien un message universel que KAZANTZAKI délivre, ce verbe pouvant être d'ailleurs lu sur plusieurs niveaux. C'est tout simplement du Grand Art. Réédition disponible aux éditions Cambourakis.

https://deslivresrances.blogspot.com/
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C'est un chef d'oeuvre de Kazantzakis. le titre original étant "Capétan Mikalis" est un personnage inspiré du père de l'auteur. Un Crétois patriotique pour qui la libération de la Crète est la plus importante des choses.
En écrivant ce roman, l'auteur a voulu rendre hommage aux Crétois qui ont révolté pendant son enfance (l'une des dernières révoltes en Crète vers 1890). Honnêtement, il a réussi à les rendre immortels par la magie de sa plume. C'est un roman de 650 pages, mais tellement bien écrit qu'on ne décroche pas jusqu'à la dernière page.
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