Sur la piste du tueur

Selon la légende, la pie était le seul oiseau qui avait refusé de monter dans l’arche de Noé, se perchant sur le toit, à l’écart des autres animaux. Ce volatile était si indépendant, si énergique… Tout comme lui — et comme Maggie —, les pies étaient curieuses, fouineuses, têtues, hardies.

La déchirure leur en avait assez montré pour qu’il n’y ait aucun doute sur la nature de son contenu. En l’ouvrant davantage, on risquait d’altérer d’éventuels indices… et de déranger les asticots. Maggie détestait ces petites bêtes qui se repaissaient de chair avariée, mais elle savait aussi qu’elles pouvaient jouer un rôle important dans la datation du décès. Il valait donc mieux se garder d’interrompre leur festin tant que les experts de la police scientifique et le médecin légiste n’avaient pas examiné et analysé les restes humains que recelait le sac noir.

Un assassin peut se remettre en route juste après son crime, et avoir parcouru cinq ou six cents kilomètres avant que le corps de sa victime ne soit retrouvé.

Il valait mieux pour elle s’assurer du soutien de son partenaire avant de s’aventurer dans cette maison. Ils avaient déjà vécu des situations où un tueur revenait sur les lieux de son crime pour le seul plaisir de voir les policiers découvrir ses victimes. Ils s’étaient également trouvés sur des scènes de crime où le tueur avait tendu un piège aux enquêteurs…

Le plus jeune des adjoints se balançait nerveusement sur ses jambes, et Maggie perçut dans son regard un profond malaise. Elle reconnut cette expression : première affaire de meurtre, premier cadavre… La première fois, il est difficile de garder son calme, même s’il faut cacher son effroi et combattre la nausée, songea-t-elle.

Comment avait-il pu s’enfuir et laisser son ami aux mains du monstre ? Il était vraiment le dernier des lâches. Il avait beau se l’avouer, ça ne ralentissait pas le moins du monde sa fuite. Il n’avait pas même le courage de jeter un coup d’œil derrière lui. Il était tellement paniqué qu’il en oubliait sa lâcheté. La peur l’emportait sur la honte.