Bouncer, tome 2 : La pitié des bourreaux

Le tome 1 bâtissait la légende de la famille van Dorman, de la mère aux trois fils maudits et introduisait le Bouncer, gardien de saloon manchot. le tome 2 est encore plus fort. La vengeance de Seth doit passer par sa formation de pistolero. le Bouncer veut le confier à Crazy Butterfly pour cette tâche, mais il va devoir s'en charger lui-même.
Récit d'apprentissage, d'amour contrarié et de rédemption familiale, cette quête de vengeance est implacable. le dessin de Boucq est toujours aussi efficace. du grand western moderne.

On a souvent vu cela : un homme partir à la guerre tuer d'autres hommes, faire des pillages, et violes, puis revenir chez lui dans sa maison, avec sa femme et enfants, comme s'il était parti faire une promenade.

Cet homme-là revêtit une peau de loup quand il part à la guerre ? … ou c'est une peau d'un agneau qu'il revêtit une fois chez lui ?


Les riches, le gratin de la ville, se sentent intouchables grâce à l'argent qui permet d'engager des bandits pour rabaisser dans la peur certains esprits ouverts. Développant ainsi un chaos, dont ils s'en lavent les mains.

Pendant que ce temps-là pour Seth l'enfance se finit avec l'initiation de son oncle le Bouncer à travers l'enseignement de son maître à lui, un sage Irlandais.
Dès lors qu'un enfant, doit se salir les mains, à la place de ces hommes dit de loi, pour faire justice.
Tel un ange en commettant le péché de tuer… Gardera-t-il son innocence en voulant éliminer la vermine ?

Maître Crazy Butterfly.
Bouncer entraîne son neveu Seth jusqu'au repaire de Crazy Butterfly afin qu'il le forme et l'endurcisse mais l'Ecossais solitaire n'est plus en mesure de l'éduquer comme il a pu naguère le faire avec le Bouncer. Malgré tout, Seth se perfectionne jusqu'à se croire capable d'accomplir sa vengeance et liquider le meurtrier de ses parents, Ralton van Dorman. Pour le Bouncer et Seth, le retour à Barro-City ne se fait pas sans heurt. Après leur absence, il faut s'imposer pour reprendre possession des lieux. L'arrivée de Deborah, jeune et belle institutrice va bouleverser les plans de Seth.
Le tome 2 clôt le 1er cycle de Bouncer. le scénariste ne ménageant pas ses personnages, l'histoire avance à grandes enjambées. le récit s'en trouve densifié puisqu'il est quasi impossible pour le lecteur de prévoir la destinée des protagonistes. La mise en page, les cadrages, le trait enlevé de Boucq enthousiasment. le dessinateur ne lésine pas sur les détails et les paysages en cinémascope. La mise en couleur est au diapason, superbe et emballante.

Jodorowski dans ce premier cycle du Bouncer plante son personnage, dans un ouest violent et sordide, au coeur d'une fratrie dégénérée, née d'une mère prostituee. Deux des frères s'efforcent de trouver un équilibre à leur vie, le troisième va tout foutre en l'air.
Le scénario efficace de Jodorowski est impeccablement servi par le dessin vif et expressif de François Boucq, au sommet de sa forme dans sa veine réaliste, tant pour les personnages que les décors et paysages impressionnants.

Ce second tome reste dans la lignée du premier, même si cet épisode est un peu moins surprenant dans son ensemble.
La touche "amourette" rend l'ensemble plus supportable. Moins horrifique. Les personnages deviennent peu à peu attachants.
Attention, ça reste cependant bien cru et bien violent.
L'ambiance générée ici reste très particulière. C'est du vraiment du western version "pulp" !
Un régal pour ma part !
Lien : http://jldragon.over-blog.co..

Dans ce deuxième tome, Jodorowsky et Boucq continuent de développer le côté très "Wild" du "Wild Wild West", où sauvagerie, terreur et violence règnent sans merci. Ils nous servent du Western à l'état pur, très violent et malsain à souhait.

L'histoire, basée sur une tragédie familiale et emmenée par une quête de vengeance, n'est peut-être pas d'une grande originalité, mais d'une cruauté quasi poétique qui ne laisse pas indifférent. Les personnages aux trognes brutales et rugueuses se dirigent de façon inéluctable vers leurs destins au fur et à mesure que la tragédie s'installe. Femmes, enfants, manchots, crapules, traîtres et tueurs se mélangent de façon admirable et sont en parfaite symbiose avec la cruauté et la sauvagerie de leur environnement.
La jeune Déborah, mystérieusement épargnée par Ralton lors du massacre de la diligence, donne une touche contrastante de douceur et d'humanité au milieu de toute cette cruauté. Mais quelle est sa relation avec Ralton et surtout, influencera-t-elle la quête de vengeance de Seth ?

Les décors sont somptueux avec des planches étendues sur 2 pages qui rendent avec brio cette sensation d'espace des plaines de l'Ouest américain. Les couleurs, collent parfaitement avec le style et l'ambiance terre sauvage.

Western magistral, tragédie dérangeante, provoquante et écoeurante... illustrée de façon grandiose, dont ce deuxième tome clôture à merveille ce premier cycle !