Nicolas Jarry est aux commandes de ce quatrième tome intitulé Mystic de la série Terres d'Ogon et il nous emmène cette fois ci dans un monde très fortement inspiré de l'Égypte ancienne.
Pour nous mettre dans l'ambiance, il nous plonge dans une belle introduction qui tient sur pas moins de 5 pages, très joliment illustrées par Vax, les magnifiques double pages nous inspirant déjà la grandeur de la civilisation disparue. En quelques mots,
Nicolas Jarry présente l'amorce principale de son récit et les enjeux qui vont en découler, ainsi que le personnage principal, présenté d'ores et déjà comme "le Mal-né"...
C'est là tout l'art de
Nicolas Jarry.
Puis il développe son personnage dénommé Qâa, qui signifie "mal-né" et le situe dans un contexte duquel on apprend qu'il est à la fois rejeté, et donc seul, mais également protégé de par sa condition de bâtard. Il est l'opposé de son demi frère, l'héritier, le fils du roi Soleil. Encore une fois, le thème de la famille est très présent, il est le ressort dramatique de la plupart des récits de l'auteur.
On voit poindre alors les premiers enjeux, ou du moins ce qui pourraient l'être, car plus le scénario avance et plus ce que l'on pensait être les enjeux principaux, vont être détournés au profit d'une autre histoire.
En effet, en milieu de parcours,
Nicolas Jarry opère un virage à 90° et nous emmène ailleurs. le récit prend une tournure mystique d'une manière joliment amenée et habile. Je reconnais encore là tout le talent de l'auteur qui sait, qui feint de nous emmener quelque part pour mieux nous surprendre.
C'est donc une réflexion sur la solitude et le pouvoir qu'il nous propose en arrière plan, en suivant les pas de Qâa dans son voyage initiatique, à la recherche de sa mémoire, de son passé, de son histoire.
Nicolas Jarry nous montre ainsi l'importance de connaître notre propre histoire individuelle, mais également notre Histoire commune à toute l'humanité. L'importance de ne pas oublier...
Outre ses jolis mots, j'avoue ne pas avoir très bien compris à partir du moment où le récit bascule, si tout ce qu'on voit se déroule dans la réalité ou seulement dans la tête de Qâa. On ne sait pas très bien s'il demeure réellement seul (et même s'il est le seul être vivant, encore que la distinction entre vie et mort ne soit pas très claire, dans toute la cité, et ce, depuis sa "naissance") ou s'il est une sorte d'esprit vengeur, incarné dans la peau de Qâa. Cela pourrait d'ailleurs expliquer pourquoi son père n'a jamais un regard pour lui...
Cette ambiguïté permet à la lectrice de se faire sa propre idée, sa propre interprétation, et c'est là encore l'un des points forts du style de
Nicolas Jarry.
Vous l'aurez compris, j'adore cet auteur...
Voilà.