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Critique de LeScribouillard


Jean-Michel Jarre est un grand musicien. C'est à lui que nous devons Equinoxe, Oxygene, Zoolook, le remix de Popcorn (attention humour)*, bref, que des grands trucs, quoi. L'idée était donc séduisante de se procurer son autobio fraîchement sortie, mais comme le format liseuse était quatre fois moins cher que celui papier, j'ai pour une fois privilégié l'achat en numérique. Il semblerait que le prix ait doublé depuis, mais le résultat ne s'est pas fait attendre : pour 5€ seulement, j'ai eu droit à une série d'émotions fortes rarement égalées en ce qui me concerne dans la non-fiction, avec l'histoire vraie la plus incroyable que j'aie découverte depuis Jodorowsky's Dune (et oui, là aussi il y a Salvador Dalí).
Parce que disons-le, si les milieux riches l'ont sans doute aidé à se faire connaître, le nombre de célébrités qu'il a rencontrées (et surtout des horizons différents dont elles venaient) reste assez incroyable : Gesaffelstein, Edward Snowden, Chet Baker, Lech Wałęsa, Jean-Paul II… le tout est surprenant mais passerait vite pour une série de rencontres plates si l'auteur n'y alliait pas un sens certain de l'anecdote : entre un père prestigieux mais louche et une mère résistante ancienne déportée, un grand-père bricoleur et une tante qui parle à ses laitues, la famille Jarre semble être une exception, celle à qui tout arrive. C'est d'autant plus vrai quand on découvre le jeune musicien avoir pour senseis les pionniers de la musique concrète puis se mettre à la pointe des nouvelles technologies (harpe laser et filet météorologique), pour enfin répondre présent derrière nombre d'évènements historiques n'ayant a priori rien à voir entre eux (Apollo 13, les accords franco-chinois sous Chirac), ou encore jouer à des endroits monumentaux à des dates-clés (les pyramides lors du Réveillon de l'an 2000, l'Arc de Triomphe un 14 juillet). L'auteur ne se gargarise pas pour autant de son succès : on sent chez lui un vrai recul critique, et il retransmet avec fougue la tension de chaque représentation, puis la tristesse de chaque échec et la joie de chaque réussite (j'en sais quelque chose, moi qui ai fait du théâtre amateur…).
Pour ce qui est du style, on se rapproche de l'oralité : nombreuses juxtapositions, mélange des langages soutenus et familiers, Jean-Michel Jarre n'est peut-être pas un grand styliste, mais il n'a rien à se reprocher de ce côté-ci, tant sa narration retranscrit bien une personnalité rêveuse mais déterminée. Et quant au fond, il s'agit d'une vision du monde progressiste, parfois naïve, mais loin d'être dupe, qui s'installe dès le début du bouquin avec bienveillance et lucidité.
Autobiographie allant de rebondissements en rebondissements et dressant un panorama surprenant de la musique électronique, Mélancolique rodéo restera dans ma bibliothèque comme le portrait d'un artiste consciencieux et audacieux, dont le succès aura contribué au rapprochement des peuples et à une évolution considérable de l'art contemporain. C'est souvent passionnant, jamais inintéressant : enfin de la littérature blanche qui n'a pas peur de se frotter à la démesure. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…

* En l'occurrence, celui auquel je pensais est en fait l'horrible version de M&H Band, avec lequel on le confond souvent ; le sien est déjà bien plus réussi.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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