En littérature comme dans la vie en général, je n'aime pas que l'on me mène en bateau. Cela a tendance à susciter chez moi une vive aigreur, une amertume à peine dissimulée derrière des faux-semblants de façade. « Tu croyais me prendre pour une dinde, petit malin ? Je m'en étais bien rendue compte, haha ! » Haha, mon rire a la jaunisse.
Bill James m'a tiré par le bout du nez du début à la fin de ses
lettres de Carthage, et alors même que je m'affaire comme une dératée sur mon clavier, je demeure coite devant tant de crédulité. Je me demande encore comment cette lecture, que j'aurais tendance à qualifier de pénible, a réussi à me berner comme une débutante. Mais revenons au commencement, si vous le voulez bien.
Vince et Kate viennent d'emménager dans une banlieue anglaise huppée, et très vite, cette dernière se prend au jeu des ragots de voisinage. Intriguée par le comportement du couple Seagrave, la jeune femme est loin de s'imaginer ce qu'il se passe derrière les rideaux de la belle propriété.
Bill James signe un récit noir déroutant, dont la lecture laborieuse ne manquera pas de laisser le lecteur abasourdi par une conclusion explosive.
Les
lettres de Carthage s'inscrivent dans la lignée des romans épistolaires du XVIIIè, registre que je honnis au plus haut point (n'en déplaise aux amateurs du genre). Cela étant, j'ai eu un mal fou à rentrer dans l'intrigue, à réfréner mon envie de sauter de nombreuses longueurs et digressions pour comprendre le but de ce roman. Si les nombreuses missives assemblées dans l'ouvrage peuvent sembler confuses de prime abord, ce qu'est à l'aune des dernières pages – lignes – que l'on entrevoit enfin un semblant de réponse. Malgré un twist final épique et renversant, l'ouvrage, déjà succinct, aurait à mon avis gagné à être raccourcit. Il n'en demeure pas moins que la construction des
Lettres de Carthage ne peut laisser insensible, et que
Bill James s'inscrit comme une plume détonante dans le registre éclusé du roman noir.