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4,09

sur 804 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre qui va à contre-courant de l'air ambiant, prompt à déchaîner les foules contre ceux qui ont fauté. Un peu de complaisance parfois peut-être pour cette héroïne malmenée par la vie et les hommes, mais le parti pris de la défense, le contrepied à la vindicte publique est si finement explicité que cela note rien à la force de ce livre passionnant, de ceux auxquels on continue à penser longtemps après les avoir refermés.
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J'ai lu avec passion le dernier Jaenada, gros pavé de 700 pages. Lu en 2 jours, je n'ai pas pu attendre pour le finir.
Je connais bien l'auteur, et j'ai aimé tout ce qu'il a écrit. Mais là, c'est extraordinaire, on reste accroché pour de bon !
Quel malheur que ce fait divers ! Pas de chance pour Pauline, elle sera conspuée, salie, mise plus bas que terre. Les journalistes ne l'ont guère aidé, bien au contraire. Jaenada posséde son style bien à lui, des digressions à foison (ah ses célèbres parenthèses truculentes, son humour noir au vitriol, tiens je commence à faire comme lui...). Et oui, c'est moche mais les digressions sont savoureuses, et parfois, malgré le sujet dramatique, on se surprend à sourire et même à rire. Etonnant Jaenada qui, on le comprendra plus tard, a une petite préférence pour Pauline, et n'a de cesse de la défendre contre tous ces méchants. Elle a tué tout de même, et ce parti pris de l'auteur m'a quelque peu agacée, car il l'innocente et lui trouve des circonstances atténuantes. Alors oui, ce n'était pas un monstre d'équilibre, avec une enfance partagée entre un pére froid et une mère dépressive. A noter, ses parents ont connu l'horreur de perdre deux de ces enfants, deux fils, et Pauline a une fin terrible elle aussi. Comme le note très justement l'auteur, il semblerait qu'on soit dans une famille dysfonctionnelle, avec des tares génétiques du côté de la famille du père. Quoi qu'il en soit, c est un magnifique livre et je me dis que Pauline a vraiment eu une vie pourrie, il n'y a pas d'autres mots. Son tort a été d'être une petite femelle, une amoureuse contrariée, déséquilibrée, qui a couché avec quelques allemands, qui visiblement aime le sexe. Elle est née trop tôt Pauline, en 68 elle aurait fait un malheur ! Et oui, c'est une femme libérée, qui assume ses aventures, et c'est bien cela que les journalistes et les bien pensants lui reprochent.
En tout cas, très beau livre à lire absolument. Pauline, Paulette et Andrée aurait aimée votre livre Monsieur Jaenada. Merci pour elle (elles).
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700 pages, une chronique judiciaire, un crime commis dans les années 50... à priori, un défi pour moi car pas du tout dans mon univers de lecture.
Mais un régal, c'est écrit dans un style particulier avec beaucoup de renvoi sur les pensées de l'auteur, c'est ironique, c'est bien fait, hyper bien documenté.
l'auteur sait de quoi il parle. Je me suis surprise à lire ce livre très rapidement tant Pauline Dubuisson et son histoire est intéressante en tout point: historique, psychologique et judiciaire.
Passionnant et édifiant! peut être même terrifiant quand on pense que la ré interprétation de nos vies peut être traduite d'une façon aussi déformée et à sens unique lors d'un procés !!!
Humainement, ça nous apprend à voir plus loin que le prisme journalistique.
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Magnifique contre-enquête réalisée par Philippe Jaenada sur l'histoire de Pauline Dubuisson.

Jugée avant même son procès, Pauline Dubuisson est condamnée à perpétuité pour le meurtre avec préméditation de son ancien fiancé (Felix Bailli) dont elle n'a pas accepté qu'il désire en épouser une autre. L'auteur s'applique à démontrer que de nombreux témoignages et faits ont été oubliés voire détournés afin de mieux coller à la vérité judiciaire. Il retrace d'abord l'éducation de Pauline, son adolescence, ses débuts à la faculté de médecine, ses liaisons et ce, afin de mieux décrypter son caractère. Ensuite, il suit Pauline la semaine où Félix est tué ainsi que les semaines suivantes. Il décrit son procès, ses journées en prison, sa libération et finalement son combat raté pour se faire oublier en tant que Pauline Dubuisson et l'épilogue inéluctable. Dommage que l'auteur n'a pas écrit son roman avant la mort de Pauline...elle aurait peut-être pu y trouver le réconfort nécessaire car la Pauline Dubuisson de Philippe Jaenada est attachante.

Un mot quand même sur le style pour éviter des abandons en cours de lecture: il faut s'habituer aux nombreuses paranthèses qui détournent le lecteur de l'histoire principale tout du moins au début du récit - ce qui en rend la lecture parfois lourde. Par ailleurs, je n'ai pas eu l'impression de lire un roman mais plutôt un document retraçant les erreurs qui auraient pu être commises et les contradictions dans les divers jugements de l'époque. Malgré cette mise en garde, j'ai vraiment adoré ce livre et l'ai dévoré malgré les 706 pages. Une belle découverte donc que je recommande fortement.
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Gros coup de coeur pour ce récit, lu d'une traite malgré ses 720 pages, qui relate l'histoire tragique de Pauline Dubuisson, étudiante en médecine, qui, au début des années 50, tua son amant avant de tenter de se suicider en ouvrant le gaz.

Célèbre procès du siècle dernier qui passionna les foules autant que les journalistes avides de sensationnel, on aura tout dit sur Pauline Dubuisson. Tout et (surtout) n'importe quoi.
De quoi mettre Philippe Jaenada en colère, et lui donner envie d'enfiler le costume d'avocat et rendre (enfin) justice à celle qu'on surnomma "la ravageuse".

Dans un style personnel bien particulier : il relate les faits comme on raconte une histoire à ses potes de bistrot, avec des digressions rocambolesques dans sa propre vie ou des commentaires acides sur les protagonistes de l'affaire ; mais sans jamais se départir de la rigueur attendue dans une enquête de ce genre.
Car Philippe Jaenada a bossé son sujet. Il a patiemment collecté les articles de journaux, lu les livres publiés sur l'affaire, épluché les archives, retrouvé les procès verbaux, recherché les personnes encore vivantes ayant vécu les bombardements sur Dunkerque et celles ayant connu Pauline,... Etc. Afin de retracer (ce qu'aucun avocats de la défense n'a eu l'idée de faire a l'époque !) l'enfance de Pauline, dans un climat familial étrange et malsain : la mère est dépressive, neurasthénique, le père déscolarise la petite Pauline pour la "modeler" lui même, avec rigidité et dans une absence totale d'émotions. (il ne la touche jamais, lui parle comme à une adulte, interdit jeux et camarades) Les décès de deux de ses frères viendront achever ce décors déjà sinistre.

Le récit se poursuit sur son adolescence sous l'occupation et ses premières expériences amoureuses, avec des allemands, son père la poussant pratiquement dans la gueule du loup, à 13 ans;
Les bombardements et les horreurs de la guerre, puis les représailles à la libération pour celle qui collabora à "l'horizontale".
Enfin, la rencontre avec Félix, la fac de médecine, leur histoire d'amour et ce jour tragique ou, dépitée par son rejet, voulant se tuer devant lui, Pauline frappe à la porte de Félix muni d'un pistolet.
La suite et fin du livre sera consacré au procès, aux années de prison et à sa vie d' « après ».

L'auteur nous offre ici une magnifique plaidoirie en faveur de Pauline Dubuisson, mais aussi et surtout, contre ses détracteurs :
La justice d'abord avec ses pantins grandiloquents, matadors dans une arène, prêts à tous les coups bas : gros mensonges ou petits arrangements avec la vérité, copinages, oublis de témoignages…etc.
Les médias, ensuite, qui n'auront de cesse d'enfoncer Pauline, déformant son portrait jusqu'à en faire cette petite femelle, méprisable, fille à soldats, meurtrière de sang-froid cynique, glaciale et orgueilleuse.
La société enfin, qui trouvera dans ce fait divers, un parfait exutoire aux malheurs de la guerre et en Pauline une parfaite tête de turc.

Prison à perpétuité !
Ils scelleront ainsi le sort de Pauline Dubuisson, malgré la grossièreté d'une instruction vérolée par les mensonges et les déductions illogiques, que Philippe Jaenada démonte une à une, sous nos yeux incrédules.

Mais au-delà du fait divers, c'est également le récit d'une époque, déchirée entre les souvenirs traumatiques de la guerre tout juste terminée, et l'espoir, l'envie de jeunesse et de modernité qui souffle sur la France. La place des femmes et leur rôle dans la société devient ambigüe (elles ont, par exemple, accès aux études mais exercer ensuite est soumis à décision du mari)
Il faudra attendre 20 ans et les évènements de mai 68 (75 même, pour les droits des femmes), pour trouver cette liberté.
Pauline est en avance d'une génération et c'est cela finalement qui lui est reproché : Son envie de vivre pleinement sa féminité, son rejet des carcans imposés par la morale bien-pensante de l'époque, et cette liberté de ton, de parole.
Lors du procès, elle ne baissera jamais les yeux face aux ténors du barreau et c'est ce qu'on a envie de retenir d'elle, en refermant ce livre.

Challenge pavés – 2016 / 2017.
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Même si l'on n' avait qu'une vague idée de cette affaire qui défraya la chronique dans les années cinquante, il est certain qu'en refermant les 700 et quelques pages de ce récit, on n'est pas prêt d'oublier ce drame. Et tout cela grâce au talent de Philippe Jaelana, qui, avec un acharnement à la hauteur de celui des charognards qui ont démoli torchon après torchon la moindre chance que la jeune femme s'en sorte.
Certes, elle a tué son amant. Certes l'auteur est entièrement dévoué à sa cause. Mais tout de même, on est estomaqué par ce que l'on apprend. Quand Pauline prétend qu'elle est maudite, on la croirait presque. Un père froid qui lui donne toute jeune la solution pour rester digne devant l'échec : le suicide! Gageons que ces principes éducatifs ne constituent pas une base fiable pour une personnalité solide. Rajoutons à cela une probable faille narcissique qu'a provoqué ce milieu peu aimant, et la suite s'inscrit dans une logique imparable. Donc il y a mort d'homme et il y a pathologie psychiatrique, l'histoire est assez simple.

Mais là où on hallucine, c'est sur la légèreté inouïe de l'enquête, la détermination sans faille de la partie civile de prouver que l'on a affaire à un monstre, et l'acharnement de la presse qui colporte rumeurs et suppositions et se nourrit de ses propres mensonges pour noircir le tableau et démolir l'accusée. Même sans trouble de la personnalité , qui pourrait se relever un tel lynchage?

Et c'est là que le travail d'analyse de l'auteur ( que l'on aurait bien aimé constater a posteriori de la part des abrutis incompétents qui ont bâclé leur boulot à l'époque : on n'avait pas l'ADN, certes, mais l'analyse de la balistique, ça fait quand même un bail qu'on connaît, non?). Philippe Jaenada, comme le précise un extrait de critique, retourne chaque pierre, étudie chaque échange, reconstruit les faits, épluche les témoignages ( et là aussi, le traitement qui en a été fait lors du procès donne une piètre image de la justice française de cette période).

Justement parlons-en de la période : la France sort de la guerre qui a fait bien des victimes, et qui n'a pas contribué à mettre en valeur la grandeur d'âme de nos concitoyens. Et l'affaire semble concentrer la rancoeur qu'a le peuple à l'égard de ses propres ignominies. Cela fait partie de la malédiction déjà évoquée

Enfin et c'est sans doute ce qui vaut les cinq étoiles : c'est un récit drôle, malgré la noirceur de l'histoire! D'autres auteurs se sont penchés sur ce destin tragique, mais ici le ton est très ironique, vis à vis des professionnels qui ont précipité Pauline vers sa fin cruelle. Philippe Jaenada réinvente les patronymes par respect pour les familles, mais n'épargne cependant pas les hyènes et les vautours. Et ce ton, drôle , décalé, irrespectueux y compris sur le mode de l'autodérision que l'auteur pratique dans des digressions hautes en couleurs) est justement ce qui constitue le plus bel hommage que l'on puisse faire à la coupable (ou victime ?). Et l'on imagine pas qu'il puisse y avoir le moindre conflit d'intérêt dans cette plaidoirie bien à distance du drame, alors que la plupart des protagonistes ont contribué à l'entropie générale et redistribué les atomes de carbone qui les constituaient .

Cette liberté d'écriture et d'opinion est réellement réjouissante et il y a fort à parier que les autres écrits de l'auteur rejoindront mes projets de lecture

Un petit bémol : les histoires des co-détenues, avec qui Pauline s'est liée, alourdissent le propos sans apporter un éclairage utile.

Challenge pavés 2015-2016

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Dans son style bien particulier avec ses longues parenthèses, Jaenada nous entraîne dans une véritable enquête judiciaire sur l'affaire Pauline Buisson, une jeune femme de 24 ans qui avait tiré sur son ancien petit ami, Felix Bailly.
A travers une authentique recherche de la vérité, Jaena nous retrace toute la vie de cette femme et nous montre ainsi son travail acharné d'écrivain avec preuves à l'appui. Par ailleurs, il n'hésite pas à critiquer la justice et les médias de l'époque.
Une très belle découverte.
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Tout le monde ou presque est désormais au courant mais c'est parfois bon de rappeller les évidences: Philippe Jaenada a enchanté la rentrée littéraire en 2015 avec « La petite femelle ». le romancier, alors peu connu du grand public avant ce coup de maitre est pourtant depuis de longues années l'auteur d'une série de romans particulièrement enlevés et enthousiastes.

Par ailleurs lors de ses interventions médiatiques, notamment chez Ruquier, où il vient fréquemment défendre ses livres, il nous montre tout l'humour et la distance de son personnalité qu'il laissait entrevoir.

Dans ses livres, il adore se raconter à l'aide de doubles littéraires dans des déambulations sociologiques, philosophiques et très souvent éthyliques,
C'est sous la plume d'un autre roman Jean-Luc Seigle avec son roman je vous écris dans le noir récemment récompensé par les lectrices du journal elle,que j'ai fait connaissance avec cette Pauline Dubuisson qui a vraiment connu une destinée incroyable, échappant par deux fois à la peine de mort pour deux chefs d'accusations différentes, à quelques années d'intervalle.

Philippe Jaenada avec son roman la petite femelle qui a comme je vous le disais en préambule fait l'unanimité chez tous les lecteurs et les critiques reprend le même point de départ du livre en tenant à partir comme Jean Luc Seigle de ce le portrait sans nuance, accablant de la jeune femme dessiné au moment du fait divers la concernant (le meurtre de son ancien petit ami en 1950).

Sauf que contrairement à Seigle qui imaginait pas mal d'éléments fictionnels autour de cette incroyable destinée, Jaenada ne s'attache qu'à l'authenticité des faits qu'il reprend un à un, relisant tous les témoignages, tous les rapports, toutes les archives, tous les documents la concernant.

La petite femelle se lit ainsi comme une formidable enquête policière tant l'auteur réussit avec brio à distille dans son récit un suspense des scènes précédant le meurtre aux derniers moments de la vie de Pauline Dubuisson en passant par le procès, qui m'a tenu en haleine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Excellent roman ! le sujet ne m'intéressait absolument pas. Et pourtant, j'ai été hapée par le recit et l'écriture, à lire absolument !
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