À la mort prématurée de son père, le jeune Thoutmosis n'a que sept ans. Selon la tradition il est couronné Pharaon mais, trop jeune pour régner, la régence est attribuée à sa tante et belle-mère Hatchepsout bien connue des égyptophiles. Pendant les 22 ans que dure cette régence, Thoutmosis va se plonger dans la lecture et l'étude des textes sacrés, et quand la Reine-Pharaon disparaît, il est confronté directement à l'exercice du pouvoir auquel il n'aspirait que modérément, bien qu'il eût été associé souvent aux décisions de sa tante.
Très vite il prend la mesure de sa fonction et doit asseoir son autorité auprès de son peuple, de la cour et surtout des hommes qui oeuvraient auprès de la reine Hatchepsout. le royaume des deux-terres étant menacé au nord par des rébellions menées en sous-main par le Mitanni (ancien nom d'une large Mésopotamie), le jeune roi va devoir se transformer rapidement en chef de guerre et partir en expédition pour rétablir l'ordre dans les territoires révoltés. Sa fougue et son caractère vont bientôt le faire respecter de toute son armée et les insoumis feront allégeance auprès de ce roi si audacieux.
À l'intérieur du pays il n'aura de cesse d'améliorer la gouvernance avec des proches inspirés par la règle de Maat, et pour rassurer le peuple, prendra pour femme Satiah, une jeune et belle harpiste dont il tombe éperdument amoureux. Mais la contestation reprend en Syrie ou au Liban et c'est une succession de campagnes militaires qui va rythmer son règne pour maintenir l'ordre et assurer la sécurité des Deux-Terres.
Pour un fidèle de
Christian Jacq, c'est toujours un plaisir renouvelé que d'aborder la lecture d'un nouveau livre. Surtout quand il s'agit d'un livre sur l'antiquité égyptienne. Tout d'abord la facilité de lecture, vocabulaire varié, chapitres courts, sens du suspense. Ensuite les passages obligés qui font sourire le lecteur : les personnages secondaires récurrents comme « le vieux », les animaux fétiches : l'âne « Vent du Nord ou encore le chien « Geb » comme celui de l'auteur ; et, de temps à autre, depuis quelques années, une petite phrase détournée en référence aux « Tontons Flingueurs ». Mais ce serait un peu court de se limiter à ces quelques détails. Certains diront que
Christian Jacq se répète, fait toujours du
Christian Jacq, et alors ? Imagine-t-on Hugo faire autre chose que du Hugo, ou Audiard faire du
Balzac ? Non bien sûr, c'est d'ailleurs ce que l'on aime chez un auteur, son style, ses références qui deviennent les nôtres à mesure qu'on avance dans les livres.
Et dans ce dernier roman «
Pharaon, mon royaume est de ce monde » on plonge tout de suite dans l'univers que l'on connaît. Pourtant il y a un “quelque chose” de plus grave, de plus posé. Non pas que des sagas comme « Ramses », « le Juge d'Égypte » ou « La Pierre de Lumière » (mes deux préférées) étaient d'aimables plaisanteries, non, bien au contraire, et c'est certainement le destin hors norme de Thoutmosis III qui donne une profondeur particulière au texte. Ce roi inspiré en permanence par les textes sacrés n'a qu'un désir, assurer le bien-être de son pays et ses habitants. Pas uniquement par la paix militaire mais aussi dans la vie quotidienne pour laquelle il va s'entourer de quelques proches qui lui sont entièrement dévoués et communient dans une même vision.
L'auteur, pour faire partager au lecteur la fonction du Pharaon, va le faire parler à la première personne, et c'est sans doute cela qui donne une gravité différente d'autres romans précédents. On a l'impression d'être dans l'âme de Pharaon et lorsqu'il décrit les douze heures de sa vie pour sa demeure d'éternité, on est pénétré par la puissance de l'harmonie qui l'anime.
Sans doute aussi
Christian Jacq, avec l'âge et l'expérience personnelle, prend une hauteur différente avec ses récits et les imprègne davantage de sagesse. Mais cela n'engage que moi ! Si je devais émettre un bémol, l'ouvrage a les défauts de ses qualités, la retranscription fidèle des dix-sept campagnes de pacification amène des répétitions dans : l'annonce des troubles, l'organisation de l'expédition, l'intervention elle-même, et le retour triomphal en Égypte. Or ce n'est pas l'auteur qui menait campagne, mais Pharaon…
Une vie extraordinaire, racontée par un spécialiste du genre, un pur plaisir de lecture.
Mon propos ne serait pas complet si j'omettais de remercier Babelio et son opération Masse Critique de septembre, et les Éditions XO qui m'ont fait confiance pour cette critique.