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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un sacré bon écrivain pour avoir réussi l'exploit de me faire lire 960 pages d'un journal tenu par un japonais moyen. Inoue Hisashi crée le personnage de Shinsuke Yamanaka, fabricant d'éventails d'un vieux quartier de Tôkyô, oisif depuis la guerre car il n'y a plus de matières premières pour l'exercice de son métier. Ce livre est le journal écrit par Shinsuke d'avril 1945 à avril 1946, fin de la guerre et occupation par l'armée américaine sous le commandement de Mac Arthur. J'ai suivi Shinsuke pas à pas, j'ai participé à sa vie familiale et à tous ses efforts pour gagner de quoi vivre. J'ai entendu les bombes tomber, senti le roussi, pleuré les morts de la famille de Shinsuke, sa fille qu'il a mariée deux mois plus tôt ainsi que les beaux-parents de celle-ci, j'ai fait la grimace lorsqu'il avalait une nourriture que l'on ne donnerait même pas à des cochons mais il lui fallait bien manger quelque chose s'il voulait avancer avec son triporteur, le premier travail qu'il a entrepris en avril 1945. Shinzuke est un homme foncièrement bon, incompris par sa femme, il est un peu naïf lorsqu'il croit que sa fille et ses amies sont femmes de ménage à l'hôtel le plus luxueux occupé par les officiers supérieurs américains. Elles sont les 7 roses de Tôkyô qui accompagnent et sont les amantes d'officiers américains ; dans un but de vengeance, elles sont devenues espionnes. Pas un instant d'ennui, le journal écrit par Shinzuke m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page, il m'a appris beaucoup sur la vie et la mentalité qui régnaient à cette époque. Inoue Hisashi est un grand écrivain décédé le 9 avril 2010 qui a été honoré de nombreux prix littéraires. J'ai un espoir : que les éditions Picquier traduisent et éditent d'autres ouvrages de cet auteur magistral. Si le Japon et ses autochtones vous intéressent je vous recommande la lecture de ce livre de Inoue Hisashi, Les 7 roses de Tôkyô.
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Shinsuke Yamanaka, fabriquant d'éventails du quartier ancien de Nezu à Tôkyô, tient son journal d'avril 1945 à avril 1946. Période ô combien bouleversante pour le Japon, qu'il retranscrit dans ses moindres détails du quotidien, avec humour, humeur et rigueur, embarqué parfois malgré lui dans des projets bien audacieux. En nous faisant rentrer avec délice dans la petite histoire qui raconte la grande…

Si le nombre assez conséquent de pages de cette édition de poche pourra en effrayer plus d'un de prime abord (960 tout de même), sachez que ce journal intime se parcourt, que dis-je, se dévore à une vitesse folle tant on est pris dans ce récit extraordinaire avant même de s'en rendre compte. J'ai déjà pu vous en parler auparavant, j'avais réalisé mon mémoire d'Histoire sur les femmes japonaises pendant l'occupation américaine. Autant vous dire que le thème de ce livre ne pouvait que m'attirer : 7 femmes (épouse, filles, protégées), gravitant autour du narrateur, mettent en place une équipe d'espionnage visant à faire échouer un projet de l'occupant, celui de la suppression des kanji de la langue japonaise et sa romanisation, pendant que notre Shinsuke s'évertue à joindre les deux bouts et à comprendre son pays, chose peu aisée au milieu de tant de revirements en une année !

Je dois dire que j'ai été impressionnée par la somme colossale d'informations recueillies et retranscrises par l'auteur dans ce livre qui lui aura tout de même pris 17 ans à rédiger… Et j'ai d'autant plus apprécié non seulement la forme choisie pour le récit, un journal intime, que l'intrigue mise en place, l'ensemble concourant à nous maintenir en haleine de bout en bout. La rédaction d'un journal crée une proximité immédiate avec le lecteur qui a l'impression de tomber sur un trésor et de découvrir les fonds de la pensée d'un individu, sa vision de la Guerre, du monde, des alliés, des ennemis, du devenir de son pays. Evidemment, ce Japonais de 54 ans n'a pas envie de voir son pays perdre et essaie de s'en sortir autant que possible en sinuant dans les méandres de l'administration, en se dépatouillant avec le marché noir. Mais l'inévitable arrive et il faut bien continuer à vivre une fois que l'Empire du Soleil Levant reconnaît sa défaite. Même si cela implique de vouloir de gré ou de force travailler avec les forces d'occupation. Chose plus aisée à dire qu'à faire…

J'ai appris énormément de nouvelles choses grâce à ce livre : le soin apporté à l'ensemble, la volonté de Shinsuke de se tenir informé et de mettre par écrit cette page de l'histoire sous tous ses aspects avec le regard d'un citoyen lambda fournit une lecture dense mais agréable. Elle ne tombe jamais dans l'écueil d'une démonstration académique mais vise bien à nous faire pénétrer dans l'univers d'un être qui vit passionément les événements. Shinsuke doit surmonter le chagrin de la perte d'une fille et d'un frère par un lâcher de bombes, les interrogations véhémentes d'un fils qui en veut à ses aînés de s'être embarqué dans un conflit impérialiste dont ils payent à présent les conséquences, la prostitution de ses filles et jeunes protégées qui permet à la maisonnée de vivre décemment en ces temps de pénurie post conflit (mais s'agit-il vraiment de cela ? Lisez et vous verrez !). Plus on avance dans l'intrigue, plus les rouages s'amplifient et nous bluffent par la tournure qu'ils prennent. J'ai adoré le rôle donné aux femmes dans cet ouvrage, à qui on rend un bel hommage et qu'on fait sortir de la torpeur habituelle dans laquelle on les situe à tort bien souvent. Ici, elles sont fines, ont de la répartie, s'investissent dans la vie quotidienne et ont le courage de leur opinion !

Tout n'est pas rose dans ce texte, où la dérision devient une arme pour ne pas sombrer dans le désespoir, la dignité le dernier barrage pour avancer. Mais il s'en dégage une belle vivacité, une tonicité chaleureuse qui dépeint l'amour de l'auteur pour son peuple. D'ailleurs, il faut bien reconnaître que Inoue Hisashi, militant antinucléariste et pacifiste engagé, n'hésite pas à pointer du doigt les méfaits de chacun en cette période. Si les exactions américaines sont notées, celles des Japonais bénéficient du même traitement et il évoque sans voile brumeux la tragédie de l'impérialisme japonais en Asie. Ce qui n'a pas dû lui valoir que des amis…

Période compliquée et ayant opéré un bouleversement irréversible dans la société japonaise, avec des conséquences positives et négatives, l'année de rédaction parfois interrompue du journal intime de Shinsuke est l'occasion d'apprendre beaucoup de choses, de s'interroger sur de nombreux sujets relatifs à l'Histoire, à la culture, à la subjectivité inhérente à tout un chacun. Mais c'est avant tout l'occasion d'entrer dans une histoire haletante et fascinante avec un narrateur touchant. Les 7 roses de Tôkyô m'a profondément séduite de même que l'écriture du regretté Inoue Hisashi qui a laissé une belle empreinte littéraire derrière lui.
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"L'année qui vient de s'écouler aura été marquée par une cascade d'évènements capitaux non seulement pour le Japon,mais aussi pour celui qui écrit ces lignes,Shinsuke Yamanaka."
Cette phrase relevée sur le journal intime (qui constitue la trame de ce superbe roman historique et familial dont je recommande vivement la lecture) du "père Yamanaka", fabricant d'éventails prospère et lettré (du vieux quartier Nezu de Tokyo) obligé de se convertir en aide copiste alors qu'en cette année 45-46 les attaques des bombardiers anglais et américains font rage, puis que la paix arrive en pays conquis, résume à elle seule la valeur de témoignage de son récit bouleversant sur le quotidien de sa famille (mariage somptueux de la fille ainée grâce à la débrouillardise des beaux-parents,marché noir,restrictions en tout,panique dans les abris,folie ambiante,pertes et décés,emprisonnement, inflation,idéologie...), de son point de vue japonais sur le "pacte tripartite" anti communiste signé avec les Allemands et Italiens, sur "la volonté indomptable des Japonais" pour défendre l'Empire et "relever leur pays", sur la chute finale et le non respect des droits de l'homme (par les Américains) en cette époque sombre qui a lourdement endeuillé le Japon, puis sur la peur de voir supprimer les kanji symboles de la culture japonaise.
Révolte,humour et courage.Et sept femmes liguées, sept roses qui frayent avec les Américains de l'hôtel Impérial pour mieux contrecarrer leurs plans.
Une écriture alerte et pétillante. Un dépaysement certain qui laisse entrevoir une culture, des croyances, des traditions différentes des nôtres et les changements apportés par les envahisseurs. Des situations cocasses (comme celle du frère de Yakamata tiraillé entre sa "bourgeoise" édentée et sa maîtresse ou le prêtre "à l'envolée martiale" lors de la cérémonie de mariage); d'autres émouvantes (comme le père touché par la transformation de sa fille "pulpeuse et douce" au lendemain de la noce; son éloge funèbre;d'autres choquantes (comme les mots "salauds de profiteurs de guerre" lancés à l'encontre du beau-père par les voisins);et d'autres bouleversantes (comme la souffrance face à la perte; l'incompréhension et le désespoir suite à la bombe atomique). Une plume imparable:celle d'Inoue Hisashi, aujourd'hui décédé: conteur,humoriste, dramaturge,essayiste et l'un des plus célèbres écrivains japonais de sa génération (remarqué pour son engagement pacifiste contre le nucléaire).
Qu'est-ce qu'un homme face à la tourmente de la guerre?
Qu'est-ce qu'un père et un mari dans une société "ébranlée dans ses structures"?
Qu'est-ce qu'un empereur?
"Un homme ordinaire"
A lire et à relire!
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Je sais que j'ai aimé ce livre, mais il m'est difficile de dire pourquoi.
C'est un pavé de 970 pages, l'intrigue des 7 Roses de Tôkyô arrive p917 (sur 960 de récit)...
mais il y a quelque chose de profondément attachant dans ce personnage qui perd ses repères, sa famille, sa vision du monde, des femmes et de son pays et qui tient son journal intime pendant la seconde guerre mondiale, puis pendant l'occupation américaine. Il y livre sans fard, simplement, naturellement, ses activités, ses questionnements, ses habitudes.
J'ai trouvé ce livre sincère, bien écrit, éclairant sur la culture japonaise.
En le refermant, j'ai l'impression d'avoir rencontré quelqu'un, juste un homme banal de son époque, intéressant parce que c'était un autre être humain.

Ichigo Ichie
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On connait généralement les grandes lignes de cette période du Japon, à la fin de la seconde guerre mondiale. La fin de guerre chaotique due à la chute de ses alliés de l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, les bombes atomiques lâchées sur les villes de Nagasaki et Hiroshima, puis la reddition sans condition. C'est bien ce Japon que nous suivons dans ce roman qui s'étend sur environ une année à cheval entre 1945 et 1946, mais non du point de vue de l'histoire, mais de celui du Japonais moyen incarné ici par Shinsuke, ancien fabriquant d'éventails d'un vieux quartier de Tokyo.
Shinsuke tient un journal intime, et c'est à travers lui que nous prenons connaissance de la vie des Japonais dans un Japon totalitariste en cette fin de guerre, totalitarisme au sommet duquel se trouve l'Empereur, puis dans un Japon d'après guerre qui subit une autre forme de totalitarisme, celui des Américains, ''importateurs de la démocratie'', dont le sommet est cette fois tenu par le général MacArthur.
C'est drôle, triste, et frustrant aussi, une frustration que ressent souvent Shinsuke, personnage aux sentiments très communicatifs. C'est certes un peu long, mais passionnant pour qui s'intéresse à cette époque peu glorieuse du Japon, mais également peu glorieuse pour les Etats-Unis qui essaient, en grands vainqueurs, d'y établir une sorte de néo-colonialisme.
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Je sors de la lecture de ce gros livre époustouflée, essoufflée d'avoir ri à chaque page, soufflée par tant de talent. Et pourtant le thème n'a rien de drôle. Le Japon et le quotidien de Japonais bien braves au printemps 1945 (au commencement), donc au moment de la défaite de l'Allemagne leur alliée et des pires combats dans les iles du Pacifique. Le livre se déroule comme un journal et c'est très malin car le temps de la guerre s'y prête complètement. Hisashi Inoue nous emmène sur les chemins de Japonais qui survivent ou vivent, alors, l'un fait des affaires et a une morale d'acier, l'autre a une morale et fait moins d'affaire, il faut manger, il faut garder la face, il faut se sauvegarder malgré les injonctions débiles officielles, et pourtant il faut les observer si on veut y survivre, bref le héros, génial, nous emmène dans les méandres d'un Japon qui perd sa superbe.
Chaque page est truffée de drôleries, dans un contexte éminemment dramatique. C'est le génie de Hisashi Inoue.

Parfois la lecture m'a renvoyée vers Hasek et son soldat Chveïk. Parfois vers des auteurs allemands, syriens, serbes, croates. Les humains face à la guerre restent des humains ou deviennent des bêtes. Et puis au milieu ceux qui retournent leurs vestes, sans foi ni morale. Ce gros livre est un monument, de sarcasmes, de dérisions, d'autodérisions, de bravoure, de tristesse et d'espoir, un monument de plaisir à le lire comme un roman policier. L'auteur a le talent de nous placer à côté de son "héros" et de nous y laisser jusqu'au bout, on ne veut plus le lâcher. Epoustouflant de talent et d'humanité (la vraie).
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Comment survivre à l'invivable , voilà ce que raconte sans pathos et avec un humour corrosif ce gros bouquin . Tokyo écrasée sous les bombes incendiaires, puis sous les bottes de l'occupant , la résistance du petit peuple gavé des mensonges de la propagande , toujours victime mais jamais défait ,résistant par la débrouille , l'humour , la ruse pour conserver son identité. Un grand livre !
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Bien mais trop long. L'histoire est intéressante car l'auteur nous donne une version de la guerre vue par le citoyen japonais lambda.
Le fait que ce soit sous forme de journal est finalement bien car on peut le lire par petit bout et heureusement. C'est aussi parce que c'est un journal que j'ai trouvé ce livre long. le héros nous raconte sa vie quotidienne pendant la seconde guerre mondiale et comme c'est du quotidien forcément il n'y a pas de rebondissement ni de suspens. C'est peut être ce que je reprocherais à cet ouvrage.
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C'est un livre surprenant dans lequel se mélangent l'histoire du Japon pendant et après la seconde guerre mondiale et l'histoire d'un homme du commun. Shinsuke décrit son quotidien inlassablement et chacune de ses lignes regorgent d'informations. L'auteur a fait un énorme travail de recherche sur cette période et nous apprenons l'envers de la guerre, la guerre vécue par les civils.
Le seul petit bémol de ce roman est qu'il est très long, une pause de temps en temps est la bienvenue même si on ne se lasse jamais du journal de Shinsuke.
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