La bedondaine des tanukis

J'ai été vendue à un lupanar quand j'avais treize ans et depuis, en septante ans, disons que j'ai vu au bas mot un million de ces messieurs.

Vous me le paierez, immondes ratons ! Et ma vengeance ne sera pas un plat qui se mange froid !

Mais c'est avec raison, oui, c'est avec raison que je m'en vais
Avec mes roupettes de sansonnet qui pendouillent
Je m'en vais pour le royaume des ombres, plein de rage

Je suis un tanuki. Une fille d’humains qui noue un lien charnel avec quelqu’un de ma race est vouée à mourir au vingt et unième jour. Je ne puis donc pas.

Plus ils privilégient l’individu et moins, ils ont le souci de l’espèce. Le privilégier implique que les aspects altruistes, coopératifs finissent par être considérés comme de simples obstacles. (…) Les hommes ont tant bien que mal compensé leur manque d’instinct par la culture, rien de plus. Et je voulais aussi dire de cette culture que c’étaient les tanukis passés dans leur monde qui les en avaient gratifiés, et cela en totalité.