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Reconnue bien au-delà des frontières roumaines, notamment au Liban, aux Etats-Unis et au Japon, mais aussi dans l'espace puisque deux de ses poèmes ont été déposés sur un module de la Station spatiale internationale, l'oeuvre poétique de Clelia Ifrim pénètre pour la seconde fois la sphère francophone grâce à la traduction par Gabrielle Danoux de ce nouvel ouvrage.


Une flopée d'oiseaux, un parfum de lavande et de fleur d'oranger, et la lumière aveuglante du soleil sur les toits gris aluminium… Une mémoire sensorielle, volatile mais tenace, investit de ses fantômes les fragments délicats de ce recueil de poèmes. Des détails reviennent par flashes, en impressions fugaces nuancées de variantes, et ces infimes touches superposées suggèrent peu à peu les contours d'une ancienne vie champêtre, celle de l'enfance de l'auteur dans un village de Roumanie.


Comme au travers d'un rideau que la brise du temps agiterait faiblement, suffisamment pour dévoiler quelques trouées changeantes de souvenirs, l'on saisit ainsi par bribes un tableau qui, à première vue bucolique et paisible, s'avère traversé de craquelures tenant chacune en à peine quelques mots. Malgré les cieux étoilés, les champs de fleurs et la soie des maïs, l'on perçoit que la vie est dure, plutôt misérable et pleine de drames silencieux. On y trompe sa faim par une gorgée d'eau. Lorsque sa mère ne travaille pas, la fille est heureuse de lui emprunter ses godillots usés pour se rendre à l'école. le père ouvrier soudeur soigne ses yeux enflammés avec des rondelles de pommes de terre. Des hommes s'échinent aux côtés de chevaux aveugles dans une mine de sel. Une grenade oubliée de la guerre emporte une enfant, la tante de l'auteur, dans l'explosion d'une fleur de sang. Pourtant, nulle désolation n'imprègne ces pages, au contraire lumineuses, aussi bien de délicatesse et de tendresse filiale que de finesse et de joliesse d'expression. Sous les mots se creuse l'empreinte d'un monde disparu, restée au plus profond de la sensibilité de l'écrivain, et qui, nimbée de mystère par d'abyssales ellipses poétiques, vient à la rencontre de l'émotion du lecteur.


Un bien joli recueil, sur lequel l'on revient encore et encore après l'avoir parcouru, tant il recèle de sens et d'émotions entre les mots.


Un grand bravo à Gabrielle Danoux, alias Tandarica, pour son délicat travail de traduction et un chaleureux merci pour la primeur de son partage.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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D'abord, une nouvelle fois merci à Gabrielle Danoux pour m'avoir permis de découvrir ces poèmes de Clelia Ifrim, des petites merveilles parmi lesquelles il est bon d'aller et de venir, redécouvrant quelques strophes peut-être lues trop rapidement et savourant encore la délicatesse absolue de ces textes.

Ce sont les oiseaux et l'ensemble de la nature qui structurent l'harmonie de ces poèmes, emportant le lecteur tantôt dans l'envol des grues cendrées, tantôt aux côtés de modestes moineaux. L'eau, la rosée, le soleil, les étoiles, le sel sont aussi les déterminants de tous ces textes dont le lyrisme porte des émotions à chaque page.

La ville n'est pas pour autant absente et les quelques textes qui l'évoquent traduisent ses rumeurs, tellement variées. Et si jamais la ville devient flottante, c'est le silence qui prend place que le chant de l'oiseau ne perturbe pas.

Les mots s'enchaînent au fil des strophes, ils sont tous porteurs d'un message poétique dans lequel le lecteur se laisse emporter pour des moments de pur plaisir.



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Éloge de la mère, de la pureté de la vie dans un village roumain, ce recueil de Clelia Ifrim est traversé par les grues cendrées porteuses de bonnes nouvelles, depuis une autre vie (cf. les mots de Clelia sur la quatrième de couverture).
Une histoire souvent douce, souvent cruelle, à l'image de la vie simple donc, se tisse d'un poème à l'autre autour du fil rouge des souvenirs que le temps ne semble pas avoir altérés.
Des poèmes d'une grande délicatesse, avec parfois, un air de mystère impénétrable.
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Dans ce petit recueil , il y a bien des mots à soulever pour libérer des images imprimées dans la mémoire de Clelia Ifrim . Cacher le réel pour l'oublier ? Oh que non , plutôt pour le savourer et le faire renaître en le nimbant de toutes les beautés et fascinations d'une nature sans cesse renouvelée dans un monde difficile mais heureux .C'est vraiment trés beau de parcourir une , deux , trois fois ces voyages de grues , de lumière , de couleurs , d'air .C'est apprécier et utiliser tous les éléments et vivre de leur souffle , de leur odeur , de leur goût , de leur vue . Et les godillots ? Ah , les godillots , mot que j'entendais souvent prononcer par ma grand - mère , ces objets difformes à force d'avoir voyagé , ces objets évocateurs d'un présent , d'un passé , d'un avenir et que tous les enfants ont , un jour , eu envie de s'approprier maladroitement ...
J'ai éprouvé une grande émotion en découvrant ces beaux poèmes trés forts de par leur humanité , la modestie du vivant devant les choses de la vie.
Je remercie du fond du coeur les éditions7 et mon amie Gabrielle pour la découverte de ce petit bijou de mélancolie et d'amour .Je félicite aussi Gabrielle pour sa magnifique et sensible traduction . La culture n'a pas de frontiéres ....



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Traduit du roumain et offert par Gabrielle Danoux, Les Godillots de ma mère est une oeuvre poétique de Clelia Ifrim. Ce sont ces mots bleus, cocottes en papier, oiseaux, origamis sur ciel de cendre, à moins que, oiseaux blancs sur fond bleu en page de couverture. La poésie est une vue de l'âme en cela qu'elle exprime une expression profonde à nulle autre pareille même si, elle ne saurait se cloisonner dans un registre rigide. Elle utilise un langage contemporain ou pas, elle est drôle ou tragique, tantôt réelle tantôt abstraite, elle est une musique agréable où la rime est prosodie ou bien elle est prose et raconte une histoire qui nous parvient en résonance. C'est tout ce que j'appréhende quand je l'apprécie et aussi quand je la déteste, soit qu'elle ne m'aura pas touchée.
Traduire constitue une tâche exigeante et je suis ravie de pouvoir découvrir d'autres horizons avec cette voix de Roumanie. Ces chevaux qui étaient sanglés et descendus à la verticale dans les mines de sel par exemple. C'étaient des animaux au travail qui souffraient sans doute, mais au même titre que les hommes et en cela ils étaient importants pour eux ; ils n'étaient pas de ces animaux tant sacrifiés en temps de guerre. C'est pourquoi je crois, que l'on retrouve si souvent les chevaux dans la poésie roumaine.
En quatrième de couverture nous pouvons lire, peut-être, la plus belle expression de cette poésie, même si ce n'est pas à moi d'en juger, j'aime à penser que nous sommes ces drôles d'oiseaux, qui, tantôt vifs, tantôt fatigués trouvons notre rivage.
Pour ma part encore, j'aime en particulier cet extrait et ces autres plus avant qui m'animent :
LE PUITS DE MARIA
«… le puits a été creusé
à la mémoire de la soeur de mon père,
Maria,
pour les proches et les étrangers,
pour les voyageurs,
et pour les animaux.
Le puits était pour tout le monde.
Maintenant, il a un couvercle en fer,
couleur de sang coagulé,
rajouté par mon cousin
qui a également installé la clôture.
Le puits est donc enfermé dans la cour… »
C'est la poésie, très belle, de l'enfance et du temps disparu ; le puits qui figure la vie par temps de sècheresse et qui a été fermé ; le puits pour les hommes et les animaux, le puits avec son couvercle couleur de sang coagulé, couleur de la mort, de la guerre et de la fin de l'enfance.
Et aussi :
MES FRÈRES
"Le jour est blanc.
Il brille dans l'émail de l'évier.
Les torchons de cuisine
flottent comme des drapeaux intérieurs,
sur un fil tendu entre deux clous,
fixés dans le cadre de la fenêtre et de la porte.
Entre les deux clous,
la distance entre le village et la ville.
Au milieu, l'ancien champ.
Je n'ai de cesse d'ajourner
mon voyage au-delà du champ pour
chercher mes autres frères géants."
Car au-delà du champ, entre le village et la ville se situent des êtres de grandeur.
Et enfin :
LES OISEAUX DU PARADIS
« Salés,
picorant,
infimes choses inconnues,
les oiseaux se dégustent
l'un l'autre.
Le sel restant
du battement de leurs ailes
se stabilise dans la montagne de sel. »
Ainsi vont les mots, ces oiseaux étranges, l'un l'autre qui d'un battement d'ailes distillent le sel de la vie. Grand merci pour cette découverte.
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Clelia Ifrim nous ouvre la porte de son univers. Pourtant, elle ne nous en donne pas toutes les clés. Bien au contraire, si ses poèmes restent tangiblement proches de son vécu (au point de nous les nous faire chausser ces "godillots"), elle n'hésite pourtant pas y répandre une fine couche de poudre magique pour en cacher les aspérités ou les aspects trop personnels.

"Que signifie lire un oiseau ?" nous dit-elle.
Lire un oiseau, c'est entrer par la porte de la douceur dans le vécu d'une auteure à la sensibilité à fleur de peau.

En effet, dans ses textes, la poétesse nous convie à un festin de mots et d'images où volètent les oiseaux dans un décor qui fleure l'oranger et la lavande.
C'est dans ces images, dans cette atmosphère poétique que Clelia Ifrim nous transmet l'expression de sa véritable intimité qui n'est pas sans quelques échos d'un monde plus rude.

Je terminerais la critique en envoyant un grand bravo à Gabrielle Danoux qui a su marier la simplicité de l'expression avec le pittoresque des métaphores.
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Je remercie Gabrielle Danoux, alias Tandarica sur Babelio, pour l'envoi de ce recueil de poèmes de Clelia Ifrim, traduit du roumain par Gabrielle Danoux.

Ce recueil a migré jusqu'à moi
sur ses ailes de papier,
origami de mots blancs
sur fond bleu d'hiver.
Mots tachetés de soleil,
mouillés de chagrins.
Chagrins nichés entre les lignes
où le silence murmure.

J'ai pensé à Thierry Metz, par la pureté des mots, leur légèreté. Une poésie flocon, où le gris se pose à demi-mots. Sans fracas. À nous de tendre l'oreille.

J'ai apprécié particulièrement ces quatre poèmes :

"Midi à la campagne". Un instant à la fois enchaîné et envolé, entre niche et ciel.

"Chemin de fer dans le brouillard" :
"Le brouillard est un mot familier,
une mousse froide,
pour le bain du matin..."

"Ciel étoilé", pour sa traînée d'étoiles, sa traînée de sang. Son message de résistance, d'espoir farouche, animal. Une légende qui relie ciel et terre.

"Le puits de Maria" est profond comme un souvenir enfoui sous un couvercle de fer. Il y a a tout près un champ de luzerne en fleurs, où l'enfant pâle mène son cheval à pas lents.

Je n'imagine pas le travail que cela peut être de traduire les images dans une autre langue, sans en perdre l'accent, l'essence. Un très beau travail.

Encore merci à Gabrielle Danoux et aux Éditions Nombre 7.



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Bonjour à toutes et tous ! Aujourd'hui nous retournons faire un petit tour en Roumanie, grâce à un recueil de poésie de Clelia IFRIM, « Les godillots de ma mère » qui est aussi le titre d'un des poèmes.

Au fil des pages, Clelia IFRIM fait défiler ses souvenirs, et les textes sont souvent les réminiscences d'une enfant ; c'est doux, c'est tendre et parfois évidemment un peu triste ou nostalgique.

Ici, tout est prétexte à un poème, à une mise en lumière, à une ode à la vie, comme par exemple la salle de classe qui sert aux apprentissages, à jouer, à manger…

Les animaux, la nature, sont extrêmement présents dans la poésie de Clelia IFRIM ; la famille y a également une place prépondérante, notamment sa maman…

Bien qu'il n'y ait pas d'illustrations, nous avons l'impression de visualiser des images, chaque mot résonne et fait surgir un élément du décor. Ici un prunier, là une grue, ici un vélo, là la cuisine de la ferme, et ainsi de suite, et des oiseaux en abondance...

La force de ce livre de poésie, c'est qu'il saura certainement aussi séduire ceux qui n'apprécient pas particulièrement les poèmes, car on a parfois aussi l'impression de lire des contes ; est-ce dû à la force d'évocation ? À la nature et à la faune omniprésentes ? Ou tout simplement au talent indéniable de l'autrice ?

Vous l'aurez deviné, il s'agit de poèmes magnifiques, que je vous conseille comme d'habitude de lire à voix haute, savourez-les et n'hésitez pas à les relire de temps en temps, pour parfois, y découvrir un nouveau sens, une nouvelle image…

Bref, un livre de poésie où la vie, les gens, la nature, les animaux et surtout les oiseaux sont omniprésents et nous entraînent dans les souvenirs de Clelia IFRIM ; à découvrir sans hésiter.

À lire confortablement installé(e) dans un canapé, en écoutant le chant des oiseaux, en dégustant des fruits accompagnés d'un verre de limonade. Bonne lecture !
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Merci une fois encore à Gabrielle Danoux de nous faire découvrir la poésie roumaine. Je salue l'engagement des Éditions Nombre 7, qui s'engagent dans cette voie. L'ouvrage est singulier, comme le titre, une photographie un peu passée, une table basse poussiéreuse stockée dans un grenier. Derrière le vernis, la patine, le préjugé du temps d'avant, on découvre un univers d'aujourd'hui et pourtant pas vraiment le nôtre. À travers ce recueil poético-documentaire, sociologico-imaginaire, l'autrice nous fait découvrir tout un écosystème humain et naturel. La vie autour des mines de sel, les enfants, les femmes, les travailleurs, les chevaux, le soleil, les papillons et les oiseaux, vivent librement. Certes, le rythme, la contrainte, la force des choses tenaillent les horizons et cependant, on se surprend d'en apercevoir bien moins dans nos vies soi-disant civilisées et numérisées du libéralisme décomplexé. Ici, le phénomène de la vie se déploie et laisse des traces, des sensations, que la poétesse observe, livre et confie à nos consciences, afin de nous ouvrir le champ des possibles, parce que tout le devient, lorsque l'on accepte que rien n'est impossible.
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Un grand merci à Gabrielle Danoux (Tandarica) pour l'envoi de ce recueil de poèmes que j'ai beaucoup apprécié. Cela a commencé déjà par la belle couverture, une couverture qui apporte de la fraîcheur et de la sérénité avec ces oiseaux en origami qui volent dans un ciel bleu clair. On a l'impression qu'ils ont des messages à nous faire passer, des histoires à nous raconter.
A travers ce recueil de poèmes, Clelia Ifrim nous fait voyager dans son village en Roumanie. En fine observatrice, elle décrit tout ce qui se passe, la beauté de la nature dans la campagne, les animaux et surtout la vie des gens simples, avec leur bonheur et leurs malheurs. La poésie de Clelia Ifrim est belle, sensible, emphatique, émouvante, lumineuse.
Pour la force émotionnelle j'ai beaucoup aimé 'La leçon de survie', 'Les godillots de ma mère', 'Le puits de Maria', 'Libération'...
Le poème 'Objets domestiques' me tient à coeur, car il décrit la vie simple des gens de la campagne. Même s'ils sont pauvres, ils ne renoncent pas aux livres :
Couleur d'une grue cendrée anonyme,
le frémissement de la pièce s'ouvre devant moi,
Les piles de livres sont toujours là,
en strates,
sur les objets domestiques
remplaçant les étagères de la bibliothèque,
qui n'ont jamais été là ;
sur le radiateur en fonte
il y a trois states,
de livres, de magazines, des adresses,
sur une petite table de fleurs,
d'autres strates,
sur la table de chevet des meubles assortis,
achetés à crédit,
des livres originaux et inédits...

Encore merci à Gabrielle Danoux de nous faire voyager en Roumanie grâce à son travail de traduction. Merci aussi aux Nombre 7 éditions.


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