Dans la nature, la beauté n'est pas une présence figée arrêtée dans sa course. C'est un mouvement qui nous englobe. Les quatre saisons, alignées l'une après l'autre au long d'une année, n'ont pas de signification intrinsèque. Mais le fait qu'elle sont en mouvement, qu'elles continuent à se succéder et que leurs changement se poursuit sans imite leur donne du sens. Car ce qui nous effraie dans la mort, ce qui nous attriste dans l'anéantissement et la disparition, c'est la cessation de toutes choses, l'interruption définitive de tout changement.
Et si, tout simplement la splendeur des cerisiers en fleur sous la pleine lune pouvait nous aider à accepter que notre propre vie arrive à son terme?
L'écart de vitesse de l'écoulement du temps, selon que l'on est enfant ou adulte, me semble analogue à celui qui sépare la vitesse d'un tricycle de celle d'un Boeing.
Les carpes sont un élément indispensable des étangs des jardins japonais. Lorsque j'ai visité le jardin dessiné par Isamu Noguchi au siège de l'Unesco à Paris, non seulement son manque d'entretien m'a affligé, mais le trop petit nombre de carpes m'a aussi profondément dérangé. L'absence de ces poissons faisait de l'étang une simple étendue d'eau toute plate, en un mot un espace plein d'ennui.
Les événements éphémères inscrits dans un temps qui s'écoule en ligne droite disparaissent d'instant en instant, tandis que le cycle des saisons, sans cesse répété, nous rappelle chaque fois des souvenirs anciens et nous permet de les conserver avec une fraîcheur renouvelée.