Par une chaude journée d'été de l'année 1749, Jean-Jacques Rousseau se rendait à pied de Paris à Vincennes pour aller voir Diderot qui était alors en prison. Tandis qu'il marchait, lisant le Mercure, il y trouva le sujet d'un prix proposé par l'Académie de Dijon ; il s'agissait de savoir si le rétablissement des sciences et des arts avait contribué à épurer ou à corrompre les mœurs. Ce fut pour son esprit un éclair qui éveilla beaucoup de pensées endormies. Son cœur battit et ses larmes coulèrent. Il découvrit un monde nouveau et il devint un nouvel homme, affirma-t-il. S'étendant sous un arbre, il écrivit sur-le-champ une partie du discours qu'il envoya plus tard à l'Académie.
L'ouvrage de M. Höffding que nous présentons au public français a été écrit et publié en 1896. Mais, depuis, l'auteur s'est tenu continuellement au courant des travaux sur Jean-Jacques qui ont été faits en Suisse, en France ou dans d'autres pays. Il a suivi avec une attention particulière les Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau sans lesquelles il ne peut y avoir aujourd'hui d'étude sérieuse sur le sujet. Dans la seconde édition de Jean-Jacques Rousseau et sa philosophie, qui vient de paraître à Copenhague et sur laquelle a été faite notre traduction, rien n'a donc été négligé des découvertes opérées par les dernières recherches.