Conception mythologique de l'âme. — La psychologie des peuples nous apprend que la connaissance des faits psychiques a parcouru des étapes analogues dans l'histoire de l'espèce humaine et dans celle de chaque individu.
La tendance qui porte l'homme, surtout aux époques primitives, à considérer et à interpréter tous les phénomènes de la nature comme les effets de l'intervention d'un être personnel, ne trouve pas une explication suffisante dans le besoin qu'on lui attribue dès l'origine de tout se représenter à son image. Car il ne se connaît proprement pas lui-même dès l'origine, puisque l'observation externe précède l'observation de soi-même, et le langage nous montre qu'on a formé des expressions pour désigner les phénomènes corporels avant qu'il y en eût pour désigner les phénomènes psychiques. En revanche, cette tendance peut s'expliquer en partie par une idée particulière qui se rencontre chez tous les peuples, à un degré peu avancé de leur développement.
Définition provisoire de la psychologie comme la science de l'âme. — La psychologie est la science de l'âme — telle est la définition la plus courte que nous puissions donner de l'objet des recherches que nous allons entreprendre. Mais c'est là une définition toute provisoire, qui ne donne pas une idée claire et distincte. Nous ne faisons ainsi qu'opposer la psychologie, science de ce qui est doué de sensation, de perception, de pensée, de sentiment et de volonté, à la physique, science de ce qui se meut dans l'espace et le remplit. Nous désignons les sensations, perceptions, pensées, sentiments et volitions par l'expression abrégée de phénomènes de conscience, et tout ce qui est étendu, remplit l'espace et s'y meut, par celle de phénomènes matériels. Un phénomène c'est tout ce qui peut être objet d'expérience. Or comme l'expérience consiste en sensation, perception et pensée, nous ne connaissons les phénomènes matériels que par l'intermédiaire des phénomènes de conscience.
"L'activité est une propriété fondamentale de la vie consciente, puisqu'il faut constamment supposer une force qui maintienne ensemble les divers éléments de la conscience et en fasse par leur union le contenu d'une seule et même conscience." Cette conception fondamentale, que l'auteur rattache à Spinoza et à Kant, a joué un rôle considérable dans la psychologie contemporaine.