Aurait-elle aussi des enfants, un jour ? Elle ne le savait pas. L’idée lui faisait un peu peur. L’idée d’en avoir, et aussi la perspective de ne jamais en avoir.
De toute façon, à part le “petit chou” de sa grand-mère, elle ne supportait pas ces petits noms ridicules. Mon “poussin” n’empêchait pas de passer à “grosse dinde” le jour venu.
Julia n’était pas une grande blonde athlétique, championne de kick-boxing, séductrice invétérée, agent secret dans des pays à risques. Elle n’avait jamais vécu d’aventures périlleuses et fantasques. Elle n’était pas Lara Croft, elle était juste Julia, pas très grande, pas très mince, pas très blonde, pas très sportive, n’ayant jamais mis ne serait-ce qu’une baffe à qui que ce soit.
Elle avait séduit par miracle (vu son caractère) quatre ou cinq hommes à tout casser. Elle aurait bien aimé vivre plus d’histoires d’un soir ou d’un bout de vie, mais elle avait un problème : elle n’aimait pas les cons.
Quand on s’oublie, on ne pense pas droit.
Le soir venu, la jeune femme décida de regarder Dirty Dancing pour la trentième fois. Elle appuyait sur « Marche arrière » à chaque scène de danse, s’amusait des dialogues mythiques, admirant la plastique et le visage de loup de Patrick Swayze, trouva Baby toujours aussi tarte, pestant contre le poster de tauromachie que l’on voyait dans la scène d’amour (ça gâche le décor).
Elle n’était le petit chou de personne. Ni le canard en sucre, ni le poussin, ni la chérie, ni le bébé. De toute façon, à part le « petit chou » de sa grand-mère, elle ne supportait pas ces petits noms ridicules. Mon « poussin » n’empêchait pas de passer à « grosse dinde » le jour venu. Julia n’aimait pas les grandes effusions, les grandes démonstrations d’affection qui ne garantissaient rien du tout, ni en amour ni en amitié. Julia préférait les gens moins démonstratifs, mais constants.
Chacun avait ses petites habitudes, son planning bien rodé, tout était prêt jusqu’à la retraite, il ne fallait surtout pas proposer de changer ne serait-ce qu’un pot de fleurs dans la déco.
Pourtant, l’un de ses péchés mignons, c’étaient les comédies romantiques. Rien de tel pour lui remonter le moral, le soir, sur son canapé. Elle ne savait pas comment elle réagirait si un homme lui en faisait vivre une dans la réalité.
Elle n’aimait pas faire la bise, serrer la main c’était déjà limite, elle n’aimait pas les gens qui s’approchaient trop près d’elle pour lui parler. Dire qu’il y a des gens qui offrent des câlins gratuits… Il aurait fallu la payer pour qu’elle le fasse !