Lu en traduction.
Quel étrange objet que ce
Starship Troopers ! C'est un livre qui ne parle que de guerre, de toutes les guerres, des anciennes et des futures, un livre qui vous sert de la guerre au petit-déjeuner, au midi, au souper, et même en casse-croûte ; un livre qui la dissèque sous tous les angles, son avant, son après, son pourquoi, ses conséquences, sans rien oublier de ses mille implications, et de tout ce qu'elle dit de nos sociétés. C'est pourtant un livre où l'acte de guerre en lui-même n'occupe qu'une place minuscule.
Ainsi, on passe une bonne moitié du livre à suivre les mésaventures, les exercices, les cours théoriques, les sauts du lit au clairon d'une jeune recrue dans son camp d'entraînement. Un autre quart du livre, notre recrue devenue soldat la passera à suivre d'autres entraînements et d'autres cours pour gagner des galons ; et chacun d'entre eux deviendra une opportunité pour l'auteur de dérouler ses considérations sur l'organisation des sociétés humaines, de l'importance qu'y tiennent les conflits, du rôle de la violence dans notre évolution en tant qu'espèce et que nations. Quelques araignées géantes et autres humanoïdes longilignes nous rappellent de temps à autres qu'on nage en pleine science-fiction, mais l'écrasante majorité des pages du livre auraient aussi bien pu traiter de la guerre de Corée ou du Viêt Nam, ou de la Grande Guerre, ou du Péloponnèse encore, du feu !
A la fois cours d'Histoire et exercice d'anticipation, récréation et essai philosophique,
Starship Troopers garde juste assez de place à son récit, au déroulé de ces évènements pour ne pas étouffer son lecteur. On s'intéresse sincèrement au sort de notre personnage et aux évènements qui chamboulent la voie lactée en arrière-plan. Ca se lit facilement d'une traite ou deux.
Une lecture singulière et fascinante. Surtout, c'est un livre au message, au rythme, aux intentions et aux procédés beaucoup moins bourrins que son adaptation en film pourrait le laisser penser. On pourrait même avancer que les deux se contredisent, et n'ont qu'un titre en commun. Ca, et des grosses araignées.