Voici un récit qui compte le destin mouvementé——pour le moins—- de Marie, jusqu'à l'âge de quarante ans, seule fille au sein d'une fratrie de trois frères , Virgil l'aîné , André et Ferdinand .
L'auteure nous conte son enfance et sa jeunesse fantasque , aux scènes cocasses , son refus absolu de l'autorité de l'école, son passage dans de nombreux établissements ,l'arrêt de ses études, ses petits boulots successifs :
Vestiaire d'une boîte de nuit, caissière d'un restaurant, hôtesse service -après vente chez Cartier , démonstratrice dans un grand magasin , représentante en sacs à main , sa rencontre avec Philippe Noiret et j'en passe ,...
Artiste dans l'âme comme son père, ne désirant dépendre de personne, à la vingtaine , elle ne ressent ni envie, ni pulsion, ni attirance ,que de l'indifférence ...
« Comment peut- on m'aimer » dit - elle ?
Jusqu'à la rencontre avec son mari à l'âge de 42 ans , ils vont s'aimer intensément ...une relation fusionnelle comme avec sa mère, qui, même trompée , restera éperdument amoureuse de son époux....
Le récit intercale les moments vécus avec son mari et la vie auprès de ses parents : aimants, généreux, gentils, drôles , intelligents et désintéressés , prêts à se sacrifier pour leurs enfants ....
Des parents complètement dépassés , tourmentés par les obsessions maladives de Ferdinand , lubies , changements d'humeur , comportements étranges., pathétiques et / ou violents , l'arrêt brutal de ses traitements , ses internements successifs à l'hôpital psychiatrique...
Marie s'implique pour protéger son frère , le comprendre malgré sa folie ...Elle a un besoin absolu de vérité et d'absolu, d'amour ...
Une écriture tout en nuances d'un femme à la recherche d'elle - même et de l'amour, l'histoire d'une famille aux trois frères très différents , parcours et caractère, hors normes .
C'est un livre imprégné de mélancolie, tour à tour tumultueux et tendre, lumineux et violent, évoquant aussi la perte des parents, les rendez- vous manqués , certaines situations ubuesques , cocasses , poignantes / et / ou bouleversantes à l'humour et la grâce , dans la douleur qui allège un peu le propos ....
« Tous les ans en décembre j'ai envie de passer du temps sur la tombe de ma mère , le soir du réveillon .
Ah , bon, mais pourquoi ?
Pour retrouver la douleur .
Pourquoi ? Demande mon mari ?
Je viens de là... »
Emprunté par hasard à la médiathèque....Je croyais que c'était une romance ...entre deux livres compliqués ...
Commenter  J’apprécie         503
Lors d'un repas, Marie rencontre un homme. Homme avec qui elle a décidé de se marier. Et pour cela, elle prendra les devants.
Au cours de leur vie familiale, le but de Marie est de se recueillir sur la tombe de sa mère, le soir de Noël. Elle souhaite que son mari et son frère l'accompagnent. Mais l'un et l'autre ne sont pas pour. Et cela nous entraîne dans le passé de Marie avec les membres de sa famille, de son statut de petite fille à celui de femme .
Quels sont ces beaux jours qui doivent revenir ? Je me pose toujours la question après la lecture de ce roman.
Car on plonge dans le passé de Marie, de son enfance, son adolescence, son départ pour Paris... Tout cela entrecoupé avec des scènes, très courtes, avec son mari.
C'est donc la vie d'une femme, jusqu'à 40 ans, l'âge qu'elle a, au moment du roman. Une femme dans un monde d'hommes, puisqu'elle a trois frères. Une femme, amoureuse de sa mère, au point qu'elle se substitue à elle. Elle veut devenir la mère de sa mère. Que sa mère devienne son enfant. Elle veut la garder pour elle, tout le temps, faire des choses avec elle pour avoir la complicité qu'une mère entretient avec sa fille. Sauf que sa mère est éperdument amoureuse de son mari. Même s'il l'a trompée. Elle lui a pardonné. Et Marie, lors de cet adultère, a pensé qu'elle aurait sa mère pour elle toute seule. Sauf que ses parents ont été là pour chacun de leurs quatre enfants. Mais Marie sort du lot. Elle a toujours voulu faire les choses par elle-même et ne rien leur demander. C'est la deuxième femme forte de la famille. Elle s'est occupée de ses frères, de ses parents, dès qu'elle a été en âge de le faire. Malgré la distance, elle a toujours été là pour eux, quitte à en prendre plein la figure, car ils ne reconnaissaient pas ce qu'elle faisait pour eux.
Le passé est lourd à porter. Tour à tour artiste dans l'âme, comme son père, Marie n'a fait que des petits boulots, du travail en free-lance car elle ne voulait dépendre de personne.
D'ailleurs pourquoi Marie se ferme-t-elle avec les hommes ? Elle refuse l'amour. de peur de s'attacher ? Pourtant trois hommes ont compté dans sa vie. Son père. Raphaël avec qui elle a vécu de nombreuses années et son mari actuel.
On s'interroge sur cette dernière relation. Marie a tout fait pour l'épouser. Un homme taciturne, qui avait choisi de s'exclure de toute vie sociale, qui porte la noirceur de l'âme en lui et pourtant un très grand artiste. Pendant les deux premières années de leur mariage, il a retrouvé l'amour, la joie de vivre et avec ça, la fin de son envie d'écrire. Mais Marie le pousse. Comme elle l'a toujours fait avec les autres. Est-ce que son mari est celui par qui les beaux jours reviennent ? J'en doute. Je sens que leur relation est vouée à l'échec. Car je le trouve faible. Il connait Marie très bien. Il sait qu'elle est colérique, qu'elle veut mener son monde à la baguette. Mais il fait comme il veut. Et malgré les discussions, c'est toujours lui qui gagne.
Chacun des membres de la famille tient une place importante dans ce roman. Leur vie est disséquée. Et chacun porte en lui la maladie, la folie.
Marie est une femme de son temps, avec ses fêlures, ses blessures. Mais l'auteur veut nous montrer que les femmes font reposer sur leurs épaules toute la vie d'une famille, qu'elles en sont partie prenante, parce qu'elles le décident. Et pourtant, les femmes n'ont pas que ça à faire, qu'à être le gardien d'une famille, du temple. J'ai beau jeu de dire ça. Je suis un peu comme Marie. A tenter que tout aille bien, même si niveau famille, c'est beaucoup moins fort, sauf pour l'homme, Mademoiselle et mes parents. Une femme, à la quarantaine, s'occupe de ses enfants et elle prend ensuite le relais avec les parents devenus vieux. Et pour moi, ce n'est pas une vie que je souhaite. Je veux vivre tranquillement, sans à me soucier de la famille, lorsque Mademoiselle sera sortie d'affaire. En définitive, depuis des siècles, la vie des femmes ne change pas. Elles sont fortes, elles sont là, au mépris de leur propre vie. Personnellement, j'ai une relation très forte avec ma mère. Mais au contraire de Marie, ma mère n'est pas mon enfant. On a conservé la relation mère-fille et je me tourne toujours vers elle pour des conseils lorsque j'en ai besoin.
En lisant les premières pages du roman, j'ai tout de même été surprise. Je m'attendais à la vie entre Marie et son mari et non à tout ces retours dans le passé. Heureusement qu'il y a quelques scènes cocasses entre l'un et l'autre.
Je remercie Babelio et les éditions First.
Commenter  J’apprécie         20
Dès le début, la rencontre pour le moins atypique entre cette femme et son futur mari donne le ton du roman.
Commence alors le récit d'une enfance et d'une jeunesse fantasques au milieu de ses frères (dont chacun des 3 peut être qualifié d'hors normes) avec des caractères complètement différents et des parcours également complètement dissemblables. Périodes de sa vie entrecoupées de petits et grands drames familiaux avec une relation fusionnelle entre sa mère et elle.
Elle nous relate le lent basculement vers la folie de Ferdinand, un de ses frères, celui dont elle était si proche et qu'elle sent lui échapper au fil du temps et de ses obsessions maladives.
Sa conception de la vie et ses comportements sont parfois difficiles à suivre tellement ils sont étranges, ce qui fait qu'à quasiment aucun moment de ma lecture je ne me suis identifiée à ce personnage de femme bien que contemporaine.
Le 4ème de couverture disait entre autre de ce roman qu'il était "mélancolique et lumineux", la mélancolie est bien omniprésente mais le côté lumineux m'a complètement échappé !
Pour ce qui est de la dose d'humour promise et donc attendue, je la cherche encore... Si l'émotion est bien présente, ce roman m'a paru tellement peu crédible que j'en ai peu perçu le côté poignant (trop de pathétique tue le pathétique).
En conclusion, l'écriture amène à une lecture qui, si je l'ai trouvé fluide, ne m'a à aucun moment "parlé" au point d'en garder un bon souvenir.
Un grand merci une fois encore à BABELIO et aux éditions "Les Escales" également.
Commenter  J’apprécie         50
« C’était l’enfer! L’enfer de l’entendre délirer.
L’enfer quand il s’énervait .
L’enfer pour l’hospitaliser .
L’enfer quand il était interné.
L’enfer de le voir ainsi .L’enfer de voir mes parents effondrés. L’enfer de se souvenir combien Ferdinand était intelligent , enfant. L’enfer de réaliser que sa jeunesse était détruite .L’enfer de l’aimer..... »
- J'ai l'impression d’avoir raté ma vie.
- Ben non, tu m'as rencontré.
- Et tu crois que ça fait tout ?
- Ça serait quoi pour toi une vie réussie ?
- Fais pas chier mon amour.
J'ai rencontré mon mari à un dîner où je n'étais pas invitée chez des gens que je ne connaissais pas. Dès que je l’ai vu, j’ai su que j'allais vivre avec lui, pourtant il était vert-de-gris. Immédiatement, mon sang s’est affolé, mes reins ont piaffé, ma peau m’a gratté, même mon sexe était énervé. Un sentiment d’apaisement m’a envahi et je me suis dit que c’était bien qu’il soit revenu. D’où ? Je ne sais pas. D’un autre siècle, peut-être, mon mari ressemble à un moine du moyen-âge.
Je me sens de trop sur cette terre, pas désirée, je me pose éternellement cette question : comment peut-on m'aimer ? Je me trouve dénuée d'intérêt, du coup je me tais, jusqu'à paraître timide.
La maladie lui a volé sa vie. Elle ne lui attirait aucune compassion. Il aurait eu un cancer, ses amis l'auraient plaint, là, ils l'avaient fui. Ferdinand était une victime. Une victime avec qui il était difficile de vivre. Seuls me parents le pouvaient. C'est peut-être ça, être parents ?
Je fantasme peut-être aujourd'hui mes chances ou les opportunités de mon passé. C'est facile de dire que si j'avais fait d'autres choix, j'aurais réussi. Je ne saurais jamais.
En attendant que les beaux jours reviennent par Cecile Harel aux editions Les Escales
Tour à tour mélancolique et lumineux, violent et tendre, "En attendant que les beaux jours reviennent" nous livre le portrait d'une femme à la recherche d'el...