SYNOPSIS : Texte repris d'une conférence d'inauguration au congrès mondial des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles de 2014. Au-delà du pessimisme ou de l'optimisme, la foi en Dieu doit nous donner une espérance évangélisatrice.
TRES BON PETIT LIVRE, même pas 70 pages, où l'auteur nous donne avec brio des principes pour aimer le monde dans lequel nous vivons.
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« Aubain », ici, ne vient pas du latin albus, « blanc », qui donne son nom à l’« aube », mais probablement d’alibi natus, c’est-à-dire « né ailleurs, à l’étranger ». L’aubain est un alien, en quelque sorte. Quant à l’« aubaine », au féminin, elle renvoie à une particularité du droit successoral tel qu’il s’appliquait à l’aubain. En vertu du « droit d’aubaine », le souverain recueillait la succession de l’étranger non naturalisé qui mourait dans ses États. De là le sens figuré et familier du mot : un « avantage inattendu », un bel « héritage précédé d’aucun testament », qui nous tombe dessus comme cela, du fait de la mort chez nous d’un inconnu venu de loin.
Il est intéressant de voir combien les jeunes Occidentaux peuvent sauter facilement de la maîtrise d’un algorithme à une explosion d’affectivité immature. La haute technologie favorise la bestialité. Là où le maniement des outils exige une certaine patience et discipline du corps, l’habitude d’obtenir des résultats spectaculaires en appuyant sur des boutons exalte notre côté impulsif.
(page 44)
Que ce soit pour le décrier ou pour en faire l'éloge, pour plonger dans le pessimisme le plus sombre ou planer dans l'optimisme le plus niais, beaucoup de penseurs soulignent que nous entrons dans un changement d'ère, un bouleversement au moins aussi grand que la sortie du paléolithique. Ce bouleversement, comme celui du néolithique, est lié à une révolution technique, qui n'est plus celle de l'agriculture, mais de l'ingénierie.
Et cette ingénierie entraîne une rupture anthropologique radicale. Les scénarios catastrophes se multiplient. La crise, par définition transitoire, devient chronique. Des penseurs non chrétiens ne craignent pas de parler d'"apocalypse".
(page32)
Le Christ nous en a avertis dans l’évangile de ce dimanche : Celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a (Mt 25, 29).
Celui qui rejette la grâce finit par perdre la nature. Celui qui ignore le Créateur finit par oublier la créature. Celui qui méprise l’invisible ne sait même plus voir ce qu’il voit : il se met à chercher ailleurs, il ne croit plus que ce qu’il lui est donné de voir, même à ras de terre, lui est donné généreusement pour son élévation. Et voilà comment, à l’heure des plus grands prestiges, nous avons à être mystiques pour reconnaître ce qui saute aux yeux…
(page 60-61)
Le christianisme ne relève pas de la catégorie "monothéisme" inventée par la science des religions comme un fourre-tout où se côtoient Jésus, Mahomet et Akhénaton, et où l'unité n'est plus, comme dans la Bible, l'affirmation métaphysique de la fidélité de l'Éternel, mais un concept objectif que l'on peut tenir sous sa loupe ou compter sur un doigt.
Il ne saurait tomber dans la monomanie et le monolithisme des fondamentalismes religieux, car il est essentiellement trinitaire.
(page 23)
Fabrice Hadjadj - Encore un enfant ?