Les premiers romans, c'est toujours la surprise.
L'effet Domino en est une, et excellente. Rares sont les coups d'essai qui m'ont autant impressionnée.
En quelques pages, le cadre est posé et on rentre rapidement dans le vif du sujet : à Paris, Emma Roche passe le Réveillon dans une soirée où elle ne connaît presque personne et n'a qu'une envie, rentrer chez elle. Ce qu'elle fait après une rencontre inopinée et déstabilisante. Elle se fait agresser sur le chemin du métro, et c'est là qu'intervient Pierre Kowalski, de la brigade des Stups'. Coïncidence, mais rencontre heureuse...
Après cette mise en bouche,
Alexandra Guerreiro plonge son lecteur dans les arcanes du Quai des Orfèvres et lui fait découvrir les réalités du métier d'enquêteur, et le jargon local ! le réalisme est un des points forts du roman, j'y ai retrouvé – et apprécié – l'ambiance de certaines séries TV. On sent que l'auteure a beaucoup travaillé et fait de nombreuses recherches pour parvenir à cette précision. Jamais cela ne pèse ni n'embrouille le récit. de sa plume simple et efficace, elle nous offre un roman rythmé, qui ne ronronne que pour mieux repartir, comme une inspiration avant le grand plongeon. Pas de fils entrecroisés ici, pas d'aller-retours dans le temps, la trame se déroule clairement sous nos yeux, chaque personnage fait avancer l'histoire.
Parlons-en de ces personnages : ils sont assez nombreux, aux noms faciles à retenir (même les serbes, si, si !). Aucune difficulté à se représenter qui est qui, à resituer le personnage que le récit revient à lui. Qu'ils soient en pleine lumière ou au second rang,
Alexandra Guerreiro a su les rendre vivants et attachants. Je me suis très vite attachée à Pierre (l'auteure aussi a l'air de beaucoup aimer son personnage ^^), mais pour Emma ça a été plus long : elle se montre par moment assez naïve, d'accord elle navigue dans des situations mal connues, mais faut qu'elle se décide ! Avec le recul, je comprends que c'est son caractère, de balancer... Il y a aussi cet autre beau personnage : le jeune chouffe, présenté en quelques mots, qui fait un passage éclair dans un chapitre.
Quand on lit un polar, on s'attend à rencontre de la violence, et les auteurs nous en ont déjà proposé un très large éventail, du « simple » geste à la violence psychologique, ou plus sordide. Vu le sujet et l'orientation de son roman, l'auteure ne pouvait la passer sous silence. Alors oui, il y a des scènes très dures, sanglantes et glauques, mais elles restent dans la limite du nécessaire pour que le roman reste crédible, dans le respect de la logique des personnages, et surtout elles sont écrites avec la distance adéquate pour ne pas donner de cauchemars à un lecteur sensible. Un beau travail d'équilibriste.
Et pour parfaire les choses, un final... mais non, je ne vous gâcherai pas la découverte !
En bref, un roman que j'ai lu avec plaisir, que j'ai eu du mal à lâcher, pas même pour déjeuner.
Un polar que j'ai déjà offert et que je conseille volontiers.
Une jeune auteure dont j'attends le prochain roman avec impatience.
Quand j'y pense, écrire un nouveau roman à la hauteur de celui-ci est un vrai défi !