Stanislas Gros a repris l'histoire d'
Oscar Wilde, "
Le portrait de Dorian Gray".
Conformément au roman, il met en scène un jeune homme terriblement narcissique qui se laisse influencer par Lord Harry, un dandy cynique.
Leur première rencontre se fait dans l'atelier de Sir Basil Hallward où celui-ci s'extasie devant son tableau. Tant de beauté, de jeunesse et d'intelligence chez Dorian ! Dans une supplique, il fait promettre à Lord Harry de ne pas le débaucher… mais la tentation pour le diabolique Harry est bien trop belle ! le chat a trouvé une souris.
"Écoutez, Harry, Dorian Gray est mon ami le plus cher. Il est d'une nature simple et belle. Ne l'abîmez pas. N'essayez pas de l'influencer… Ne m'enlevez pas la personne qui donne à mon art le charme qui est le sien !"
"Réalisez votre jeunesse tant qu'il est encore temps…" Dorian s'ennuie d'une vie qui lui semble trop étriquée, trop sage. Les conseils et les paroles hédonistes de ce gentleman le séduisent et réveillent en lui sa part sombre. Égocentrisme, désirs, plaisirs… et c'est en regardant son portrait qu'il prend conscience que cette représentation restera toujours jeune, alors que lui vieillira et perdra sa beauté. Il serait prêt à pactiser avec le diable et lui offrir son âme s'il lui promettait la jeunesse éternelle…
Le scénario suit l'histoire du roman et raconte comment le tableau se transforme et s'enlaidit chaque jour en fonction de l'immoralité de Dorian, qui s'enlise dans les vices et la cruauté. Homme dénué de scrupule et d'émotion, il séduit les femmes et les répudie, outrage l'innocence, fréquente les bas-fonds, les fumeries d'opium, organise des bacchanales, des sacrifices, et, dans sa folie, va jusqu'à tuer son meilleur ami.
"Prince charmant" est son surnom…
Le temps a martelé le portrait avec tous les outrages. Lorsque Dorian va l'observer, à l'abri des regards, seul, il est fasciné par la transformation. Mais que se passerait-il s'il donnait à sa vie un peu plus de morale ?
Stanislas Gros a su retranscrire fidèlement la tragique dégénérescence de Dorian et représenter tous les personnages. Dans les coins des pages de droite, il a dessiné la métamorphose du portrait et lorsqu'on les fait tourner, il se met en mouvement en montrant le processus de décrépitude ; de l'aube de sa jeunesse au crépuscule de sa vie. On découvre également une petite fantaisie personnelle qu'il a insérée à l'histoire ; un célèbre personnage de fiction… Sherlock Holmes… C'est peut-être un clin d'oeil à l'époque ou à l'amitié
De Wilde pour Doyle.
Si j'ai aimé la loyauté de l'album envers l'oeuvre d'
Oscar Wilde, j'ai un peu moins apprécié les graphismes. Ce dernier avis est affaire de goûts car il faut avouer que le rendu a de belles qualités, dans le dynamisme mondain du XIXème siècle et l'ambiance fantastique du roman.
L'auteur a voulu dans ses illustrations mettre quelques références picturales, littéraires, philosophiques et cinématographiques. On en a pleinement conscience lorsqu'on découvre dans la dernière page ses arrangements. Et on se dit… ah, oui !
Ce fut une belle découverte et je ne manquerai pas de la conseiller.