Quatrième de couverture : Alabama, 1931... Pas besoin d'en lire plus, le lieu, la date, ça va causer grande dépression, southern et donc forcément ségrégation, révolte et tout et tout, dammit, ce livre est pour moi, aucun doute. J'ai imaginé ça pendant des mois (ok, des années) entre la connaissance que j'ai eu de l'existence de ce livre et le moment où j'ai enfin pu mettre le grappin dessus (aux environs de Noël dernier). Enfin !
Des fauves et des hommes est en ma possession, je m'y plonge toute affaire cessante et go, go, go !
Ah la joie, l'ivresse, l'extase, le ravissem... mais qu'est-ce que c'est que cette bouse ?!
Ok, je veux bien que cette longue attente de lecture m'ait prédisposée à une exigence un poil surréaliste mais quand même, y'a des limites.
On a ce gars, noir, qui débarque d'on ne sait trop où mais bien décidé à rentrer chez lui et qui retrouve femme et fille mortes (ou presque) dans leur vieille cahute à moitié éboulée parce que, après le krach boursier de 29, les banques n'hésitent plus à régler le compte de ceux qui ont eu la mauvaise idée de s'installer sur des terrains convoités par l'empire de la finance. Forcément, Sid (c'est son nom), il l'a mauvaise et envisage la vengeance comme seule alternative. Jusque là, ok, même si l'écriture est poussive et que le fameux Sid, vu comme il s'exprime (quand il le fait, c'est à dire rarement) donne involontairement à penser qu'il souffre d'un léger retard mental, on se dit que c'est une mise en jambe et que va décoller rapidos. Et on est pas déçu, ça décolle tellement que ça en devient complètement loufoque (notez que par respect pour l'auteur, je ne dis pas ridicule... ah ben si en fait).
Donc, Sid accompagné de Carson, une petite gamine blanche (je le précise mais à quoi bon ? On a beau être dans les années 30 dans le Sud des États-Unis avec ces saloperies de lois Jim Crow qui battent leur plein – certains se sont retrouvés à jouer les Strange Fruits pour moins que ça mais apparemment ici, ça ne choque personne) partent sur les routes sauver la veuve et l'orphelin, se débarrassant de hordes de flics ripoux et autres tueurs professionnels (parce que bon, le Sid il a quand même volé des bons au porteur et rien qu'avec ça, il pourrait facilement faire vaciller le gouvernement ET les grandes familles mafieuses à l'oeuvre à cette époque, ça rigole plus) avec pour toute conséquence à ces carnages successifs du côté de nos héros : trois égratignures et un ongle cassé.
D'ailleurs, c'est bien simple, Sid c'est pas un homme, c'est Kenny, il est immortel ! Non, allez je suis dure, il lui arrive quand même parfois d'être un poil fatigué. Pas de problème, la morveuse prend les choses en main et n'hésite pas à canarder à tout va sans trembler ni faire de chichis... normal, quoi. Elle, son super pouvoir c'est d'être étanche à tout traumatisme, elle a vu ses parents se faire salement exécuter sous son nez, des morts en pagaille jonchent leur route mais tout va bien pour elle, elle est avec son paladin (envers lequel elle adopte une conduite plus que tendancieuse mais on n'est plus à ça près dans ce chef-d'oeuvre qui fait vibrer le néant), bref elle vit sa meilleure vie.
Quant au style qu'on pensait déficient mais qui avait l'excuse du commencement, eh bien non, il est là, bien installé et on va se le farcir jusqu'au bout, mais finalement ça va de paire avec le propos, pourquoi se casser les claouis quand c'est pour raconter une histoire aussi cafouilleuse ? Décidément, un fiasco sur toute la ligne ces fauves et ces (sur)hommes.
Je m'arrête là, ce livre ne vaut même pas le temps que je passe à écrire cette bafouille. Un truc qui, si toute cette attente ne m'avait pas ordonnée de finir, aurait rejoint la pile (maigrichonne pourtant) des bouquins abandonnés en cours de route parce que bon, pas déconner, se foutre de la gueule de son public à ce point ne mérite pas qu'on s'y arrête plus d'une dizaine de pages (et encore, je suis large). Et pendant ce temps-là, y'a des paux (une pal unique ne suffisant plus) qui poireautent derrière avec sûrement des trésors (des vrais) qui n'attendent plus que d'être ouverts.