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EAN : 9782377220960
296 pages
Jigal (15/02/2020)
4.1/5   21 notes
Résumé :
Avril 1916. Les 11000 hommes de la 1ère Brigade russe débarquent à Marseille où ils seront acclamés avant d'être envoyés sur le front de Champagne et le Chemin des Dames. Kolya, l'anarchiste amoureux de la France, Slava, le meurtrier d'un bourgeois moscovite, Iouri, obsédé par une étrange vengeance, et Rotislav, qui lui n'avait rien demandé, y partagent souffrances, angoisses et espoirs. C'est là que leur parviennent les premiers échos de la révolution russe.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens tout d'abord à remercier les Éditions Jigal et Babelio pour l'aimable envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique.

1916 : Moscou-Marseille : Plus de 30.000 kilomètres pour 11.000 soldats russes à voyager dans des conditions exécrables sur la route la plus longue, mais l'unique possible en cette troisième année de Première Guerre mondiale. du froid polaire de Sibérie et Mandchourie, les plaines asiatiques et ensuite la chaleur tropicale de Hong Kong, Saïgon, Singapour, Colombo, Djibouti et finalement la remontée vers la Méditerranée par le Canal de Suez.
Départ de Moscou, le 3 février. Arrivée à la cité phocéenne, le 20 avril 1916.

Cette expédition extraordinaire constitue une page peu connue de notre Histoire qui résulte d'un accord entre le dernier tsar russe, Nicolas II, et le sénateur français Paul Doumer, en fait un "deal" : des hommes contre des fusils. Aux termes de ce deal de Saint-Pétersbourg de décembre 1915, 44.000 hommes encadrés de 750 officiers partiront sous les ordres du général Lokhvitski rejoindre l'armée française contre l'envahisseur teutonique.

Le sénateur Doumer sera Président de la République française du 13 juin1931 jusqu'à son assassinat presqu'un an plus tard, le 7 mai 1932, par un illuminé russe du nom de Pavel Gorguloff, qui sera guillotiné à Paris, le 14 septembre de la même année. Lire à ce propos l'ouvrage de Serge Janouin-Benanti "Les médecins criminels : Dr Petiot et Cie" et mon billet du 14 février 2020.

Comme le note l'auteur, Maurice Gouiran, explicitement, avant même le prologue : "Même si ce roman fait référence à des événements historiques avérés, il reste une oeuvre de fiction".

Avec son trentième roman l'auteur n'a manifestement aucun problème pour créer des protagonistes et héros tant russes que français qui nous racontent l'horreur de cette tuerie mondiale.

Parmi les premiers 11.000 Russes reçus à Marseille en grande fanfare, il y a Kolya qui est promu caporal étant un des très rares à se débrouiller en Français. Cet intérêt pour notre langue lui vient de notre belle littérature qu'il a essayé d'absorber comme môme. Puis, le calme Rotislav qui passe le plus clair de son temps à rêver de sa fiancée Irina et Iouri Poslednov qui recherche un grand soldat gaucher qui a tué sa petite soeur Talya, qui était montée à Moscou pour gagner des roubles. Et Slava Roukaïev au passé criminel qui a tué lors d'une effraction de son domicile le vieux Glazov. le capitaine Volnov, 42 ans, est un homme toujours à l'écoute de ses hommes et considère par Kolya comme un humaniste. Par la suite, 2 autres jeunes rejoignent cette équipe Dimitri originaire de la Crimée et Alekséï de la région de l'Oural.

Côté français, il y a le jeune Antoine Casterdy, 22 ans, de Marseille, une crème, mais aussi physiquement un monstre après qu'en février 2016 à Verdun toute sa mâchoire inférieure a été horriblement endommagée. Puis, Jean de Manosque qui offre à l'équipe russe pour Noël 2016 un délicieux pot de miel de lavande de son coin dans le Midi.
Puis n'oublions pas le Président de la République Raymond Poincaré (1860-1934) et le commandant des armées françaises pendant ce conflit, le général Robert Nivelle.

On ne peut qu'avoir pitié de ses pauvres soldats russes, "objets de troc", qui après un voyage épouvantable et un bref séjour au camp Mirabeau près de Marseille sont envoyés 2 semaines à un rude entraînement près du front et tout de suite après carrément au front de Champagne ou en l'occurrence au casse-pipe, car de nombreux Russes meurent, en ce mois de juin 2016, à l'est de Reims.

Mais juste avant, Slava et Kolya vont "courir la gueuse" dans les mauvais quartiers de Marseille. Un périple qui se termine très mal...

Ce que j'ignorais c'est le mauvais traitement des simples soldats russes par leurs supérieurs dans l'armée du tsar, ou pour un oui ou pour un non ils avaient droit au fameux knout.

L'ouvrage est subdivisé en 40 relativement courts chapitres qui se lisent facilement et compte presque 300 pages. Maurice Gouiran a parfaitement réussi à recréer l'atmosphère terrible de ces jeunes soldats russes versés dans une guerre qui n'était pas la leur et que de toute façon ils ne pouvaient gagner !
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Ce trentième roman de Maurice Gouiran, en vingt ans d'écriture pour les éditions Jigal, s'écarte encore une fois du roman policier pour aller vers le roman historique, en utilisant l'arrivée d'une brigade russe sur le front français en 1916 pour raconter à sa manière la première guerre mondiale et la Révolution russe de 1917.

Le point de départ du récit est un « détail oublié » de la grande guerre : la participation de soldats russes aux combats dans les tranchées du front occidental. Quelques milliers de soldats échangés par le Tsar contre de l'armement pour l'armée russe. de la chair humaine pour peaufiner l'armement. Des jeunes gens de la nombreuse population russe contre des moyens de résister à l'armée du Kaiser…
Parmi les soldats de la première brigade russe contraints de faire un quasi demi-tour du monde pour rallier Marseille (transibérien, traversée de l'océan inden et remontée en Méditerranée pour éviter la marine allemande et les u-boat) : Kolya et ses nouveaux amis Slava et Rotislav. Ces hommes défilent dans Marseille à l'arrivée, menés par leurs officiers et bénis par les popes. Ils apportent le renfort de la Russie face aux pertes humaines considérables des franco-britanniques. Avant d'aller au combat, Slava, voleur à Moscou, et Kolya, militant anarchiste, promu caporal car parlant français, quittent en douce leur casernement pour aller se payer du bon temps dans les quartiers chauds. Dernier moments avant les tranchées, les bombardements et les corps à corps. Déjà déroutés par le changement de pays, ces soldats découvrent l'horreur de la guerre. Aussi quand les échos de la Révolution russe leur parviennent (avec retard) début 1917, ils sont tout à fait réceptifs aux changements. La rancoeur contre leurs officiers est là. L'envie de participer aux évènements aussi.

Un des grands mérites de Gouiran est d'oser parler de plaies mal refermées (franquisme, dictature argentine, guerre d'Algérie, …), quand il quitte les récits anisés purement policiers. Ici, il s'attarde peu sur la guerre elle-même et explique à quel point cette brigade russe a fini par être une épine pour le commandement allié. Voilà des soldats qui, apprenant ce qui se passe à Saint-Pétersbourg, commencent à discuter entre eux, à élire des soviets, à désobéir à leurs officiers. Qu'en faire ? Les écarter du front où leur activisme pourrait contaminer d'autres régiments. Les parquer en Creuse loin des populations. Attendre que la situation se normalise. Mais au contraire en octobre (pour le calendrier russe), ce sont les bolchéviks qui l'emportent à Petrograd. Des gens qui veulent la paix… Catastrophe pour le commandement en France. La suite n'est pas glorieuse…

Si le contexte historique est passionnant, le récit l'est moins (et je suis pourtant un fervent lecteur de Gouiran). La faute à un manque de rythme, d'orientation de l'histoire (où l'auteur veut-il nous mener ?), à des parties de récit qui disparaissent en cours de route (l'histoire de Slava par exemple), et à des changements de personnages de référence qui font que la trame de l'intrigue avance par sauts.
Gouiran a fait son récit historique sur la première guerre mondiale, sans la gouaille habituelle de ces polars classiques (avec Clovis Narigou ou sans), mais aussi sans la tension prenante, qu'il avait par exemple su insuffler à L'arménienne aux yeux d'or, autour du génocide arménien.
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Un polar historique qui, pour certains passages pourrait grandement passer pour récit de faits divers tant l'histoire colle aux faits réels.

.En 1916, à la demande des Alliés et sentant la victoire leur échapper, la Russie envoie en France plus de 20 000 hommes pour participer aux opérations militaires en Champagne. Ils débarqueront à Marseille après un périple de plusieurs semaines dans des conditions difficiles avant de rejoindre le front pour se battre aux côtés des français mais aussi d'autres soldats de plusieurs nationalités.

c'est le parcours de 7 d'entre eux que nous raconte l'auteur, mêlant les lieux, les hommes et les histoires.

un bon polar sans vraiment d'enquête, plutôt la recherche de vérité que de criminels.

Une note en demi-teinte car, l'auteur engagé et militant politique très à gauche réécrit l'histoire en transposant une affaire de braquage de train,( ayant eu lieu en 1938 par deux bandes rivales de voyous), en 1916 et faire du cerveau et des complices des affiliés à un parti d'extrême droite; pure falsification de M. Gouiran.


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Le récit court d'avril 1916 à avril 1918 ; on est d'abord transporté à Marseille et on clôt la lecture à Moscou. Cette dernière ville est d'ailleurs le lieu de l'action d'un épilogue en date de juin 1937. On nous conte là, de façon romanesque, l'épopée du contingent russe venu prêter, sur le sol hexagonal, aide aux armées alliées durant la Première Guerre mondiale.

L'empire des tsars manque rapidement d'armement pour équiper le nombre très important d'hommes qu'elle mobilise contre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Turquie. Elle va donc envoyer outre-mer, à l'initiative du parlementaire français Paul Doumer (futur président de la République), quarante-cinq mille sujets russes ; certains d'ailleurs rejoindront la Grèce pour combattre sur le front d'Orient. L'ensemble de ces troupes quitte la Russie à partir du printemps 1916. En échange de cette aide humaine, les armées impériales obtiennent d'ailleurs du matériel de guerre.

On peut approcher, dans cette histoire, les conditions de vie des soldats russes en France et suivre l'évolution de leur moral après l'éclatement des deux révolutions de 1917 qui se produisent dans leur pays. On assiste en particulier aux évènements dramatiques qui se déroulent à La Courtine dans la Creuse en septembre 1917. En effet l'armée française, avec son artillerie, massacre nombre de ces militaires russes qui refusaient de poursuivre le combat. La psychologie des personnages de fiction, présents dans ce roman, ne manque pas de profondeur.
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Comme cela est rappelé dans le résumé de l'éditeur, ce récit se peint sur la toile de la première Guerre Mondiale, mais le coup de pinceau n'est pas marseillais, ou même français, mais russe !
Les hommes dont les portraits sont dressés, ceux que l'on voit sur la couverture de l'ouvrage, sont des militaires russes venus soutenir la France contre des fusils lors du premier conflit mondial.
Dans ce contexte, Gouiran s'attache à quatre jeunes hommes aux parcours atypiques et tous différents et qui se retrouvent dans un wagon à bestiaux, un bateau et qui lient amitié.
Arrivés à Marseille, les voilà confronté à la violence des bas-quartiers, à la mort ; petit avant goût de ce qui suit dans les tranchées où ils ne manquent pas d'être envoyés !
Là bas, c'est le massacre, les offensives inutilement mortifères et révoltantes. D'un coup, arrive la nouvelle que les révolutionnaires ont renversés le pouvoir du Tsar, les hommes veulent rentrer, se joindre à la lutte, venger leurs pères tués en 1905, ne plus s'occuper des affaires des français et des allemands, mais des leurs, en Russie !
Malheureusement le nouveau pouvoir ne veut pas spécialement d'eux... et un des héros entreprend de rentrer seul avec un ami, par ses moyens, en Russie.
Hélas Marseille, encore Marseille, leur tend ses filets et ses pièges sans fin, et le retour ne sera pas de tout repos...

Un roman noir, sur fond historique, des personnages clairs, attachants, mais un style qui ne m'a pas complètement saisi et emballé...

Merci néanmoins à Masses Critiques et aux éditions Jigal de m'avoir permis de découvrir cet auteur !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je ne vois dans la désastreuse offensive de Nivelle qu'un côté positif : les soldats ont enfin pris conscience de l'hécatombe. Ils ne veulent plus de ce conflit et semblent déterminés à en finir. On ne meurt plus par héroïsme, par esprit de sacrifice, pour un drapeau ou pour le plus grande gloire de la patrie, on meurt parce qu'on nous y oblige !
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" La raison et la logique, c'est pour les temps ordinaires. "

Jean Giono

(page 5).
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Les temps modernes ont inventé un nouveau type d’affrontement. Terminées les grandes cavalcades héroïques, sabre au clair, des hussards d’antan. La guerre d’aujourd’hui nous transforme en cancrelats. On se terre des jours et des nuits dans le sol hâtivement creusé. On sacrifie un millier d’hommes en quelques heures pour gagner les dix mètres qu’on perdra le lendemain sous le feu des boches et au terme d’une retraite qui nous coûtera encore un millier d’hommes !
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Même si nous n'avons passé qu'une quinzaine de jours au front, j'ai l'impression que nous pataugeons dans la gadoue, le sang et la merde depuis des années,
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Oui, la guerre est le paradis des menteurs.
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