Jérôme Bosch, Le faiseur du Diables de Bois-le Duc

Le comique qui se dégage de ces invraisemblables bouffonneries est toujours tiré des procédés les moins délicats et la satisfaction des besoins naturels en est une source éternellement chérie. De même que nous avons vu, dans l'œuvre de Bosch, tant de petits personnages accroupis, nous trouverions Thyl Uylenspiegel, à Brème, « arrosant le rôti avec son derrière »; à Cologne, « se vuydant le ventre sur la table d'auberge », « maculant les lits et accusant de ce méfait un prêtre », souillant les bocaux d'un apothicaire » et « scellant à sa façon son testament pour que le curé se salisse les mains ». C'est à ces burlesques indécences que s'esclaffèrent les beaux gentilshommes des cours de Bourgogne jusqu'au XVIe siècle. Pour nous, ces contes populaires offrent le tableau d'une continuelle satire de ce temps où tout ambitieux sans scrupule, tout imposteur effronté, tout fripon gouailleur pouvait tenter la conquête du monde.

C'est en 1504 qu'il reçut de Philippe-le-beau la commande d'un "Jugement dernier". Il faut attacher grande importance à cet événement, et encore verrons-nous que, si "le Jugement dernier" est la seul œuvre datée que nous connaissions, le tableau de Vienne n'est pas le tableau peint en 1504. C'est d'autre part la preuve que Bosch avait acquis aux Pays-Bas une réputation considérable, car les dimensions de l'œuvre et le prix qu'on donna dépassent les limites des commandes ordinaires des ducs de Bourgogne.