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Isabelle Gugnon (Traducteur)
EAN : 9782070757916
493 pages
Gallimard (18/10/2001)
4/5   6 notes
Résumé :
Désormais confiné aux besognes administratives, le lieutenant de police Mendez est de plus en plus désabusé et dubitatif sur l'évolution de son métier et sur une Barcelone qu'il ne reconnaît plus. Son chef a été très clair : il est prié de ne plus donner son opinion et de faire gentimentson travail. Il est donc surpris lorsqu'on lui intime l'ordre de se rendre à Madrid pour étouffer une enquête sur un décès aux circonstances nébuleuses. Le mort s'appelle Don Paco Ri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Déraciner Mendez ! Quelle idée, franchement. le récit avait commencé sur le ton de l'humour, et le premier « mort » était décédé de causes naturelles : la manière de cacher sa mort, ou plutôt les circonstances de sa mort l'étaient nettement moins. L'Eglise reste puissante en Espagne – je n'en doutais pas. Mendez effectue tout de même la « mission » qui lui a été confié, et il tombe sur un second cadavre, dont la mort n'est pas naturelle du tout. « Il s'était rendu à Madrid pour ne pas y travailler, comme tout honnête fonctionnaire, et se retrouvait avec deux missions sur les bras. » le récit s'assombrit encore, quand son supérieur le met au courant d'un troisième crime, plus complexe, plus terrible : si ce meurtre ne fait aucun doute (merci à la police espagnole qui a posé des micros dans une maison qui pourrait être louée par des membres de l'ETA, merci à la police scientifique qui a fait un bon travail), le corps est introuvable. Les personnes responsables de cette « disparition » (je ne parle pas aussi crument qu'eux ou que Mendez) seront rapidement retrouvées. Mais dans quel état….
Mendez a beau en avoir vu d'autres dans la vie, il est des choses que même lui ne supporte pas, et ce à quoi il est confronté dans ce roman franchit les frontières du supportable. On n'est pas ici dans un thriller américain où les policiers, les légistes, le lecteur aussi regardent les cadavres froidement, en une analyse raisonnée des coups, blessures et autres plaies ayant entraîné la mort avec intention de la donner. Les supplices infligés ont été atroces, les victimes ont souffert, il n'est pas inutile de le préciser, voire de le rappeler. Leur assassin voulait qu'elles souffrent, il a parfaitement réussi. Il peut réussir mieux encore : échapper à la justice. Il y a bien longtemps que Mendez n'y croit plus, à cette justice, et si parfois il a eu recours à des méthodes que la morale et ses supérieurs réprouvent, la torture, très peu pour lui – il n'est pas inutile de compter le nombre de prisonniers qui lui ont échappé malencontreusement sous Franco.
Alors, il y va, seul, usant d'un langage très cru, qui ne plaît pas à tout le monde. Ne confondons pas cette langue, grâce à laquelle il nomme véritablement ce qu'il voit, ce qu'il ressent avec la vulgarité. Il bouscule, en donnant leur véritable nom à des actes que certains auraient facilement qualifié de « généreux », de « charitable ». Les deux fils rouges de ce récit sont la vie du tout premier mort, qui ne satisfaisait pas à la morale bourgeoise, ni à la morale catholique mais se montrait humaniste au quotidien, lui qui se contrefichait des apparences et savait aller bien au-delà et celle du meurtrier pisté par Mendez.
L'inspecteur n'a garde d'envoyer quelques piques envers la société contemporaine, avec des analyses bien senties. Lui se révolte encore parce que plus personne ne le fait. Quant à la jeune génération… elle ne cherche que le divertissement ou le profit. Francisco Gonzalez Ledesma nous offre à nouveau un sombre tableau de l'Espagne contemporaine.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mendez composa le second numéro que lui avait confié le policier le plus clandestin de la capitale et demanda d'une voix sibylline M. Fortes, expert en pins des Flandres et autres précieuses essences tropicales importées du golfe du Guinée. La tenancière lui répondit dans la minute :
- Ah le flic ?
Rompu aux secrets du monde hispanique, Mendez ne s'étonna pas. Il avait déjà entendu parler d'un journaliste barcelonais, soi-disant un grand professionnel doublé d'un grand homme, qui pendant la Guerre civile faisait partie des services d'espionnage de Franco. Incognito, comme il se doit, il avait tissé sa toile dans le sud de la France pour coffrer les exilés espagnols qu'il trompait avec ingéniosité sans jamais décliner son identité. Les choses se gâtèrent quand il reçut un appel du Haut Commandement à l'hôtel où il résidait avec ses compatriotes et que le réceptionniste parcourut le hall en beuglant : "L'espion de Franco au téléphone! 1" Le bonhomme était paraît-il entré dans la cabine sans que ses amis républicains manifestent la moindre surprise.


1. En français dans le texte
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En résumé, il avait la paix. "Tranquillité et bonne chère", disait l'expression catalane Mais il avait encore la liberté de penser, ce qui n'est pas si fréquent dans l'histoire d'Espagne.
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- Les jolis rêves soulagent les vies misérables, admit Mendez. Ils aident sans servir à rien parce que la plupart des gens finissent par les oublier.
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Barcelone est une ville riche, et richesse et insécurité vont de pair. Pour être protégé, il faut payer. Tout se monnaie aujourd'hui. On a évité les grandes révolutions européennes en payant des congés aux pauvres, par exemple, ou des indemnités de chômage, une couverture sociale, des logements rassurants. es pauvres se taisent et vont raconter leur misères au médecin du travail. Ils ont aussi la télévision, un appareil qui les calme et dont on reconnaîtra un jour l'utilité sociale. La place révolutionnaire s'est changée en salon avec un téléviseur, un canapé, des photos des enfants et une bouteille d'Anis del Mono.
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C’est un moindre mal si l’on considère que vous avez atteint un âge presque fatal et aggravé votre cas en prenant de mauvaises habitudes alimentaires à force de fréquenter des gargotes infâmes, le genre de tavernes où le petit ami de la patronne se met aux fourneaux, sans parler des soupes populaires et des maisons closes qui font des rabais à Pâques parce que le client se fait rare. Et puis, tout le monde le sait, il y a dans la soupe populaire des ingrédients hallucinogènes pour faire gober aux gens le taux officiel d’augmentation du coût de la vie.
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