Tout commence en 2003 par une opération visant à démanteler un réseau de narcotrafiquants qui se développe inexorablement dans l'est de la France. Un réseau fantôme aux ramifications complexes, encadré d'une équipe de tueurs, aussi pervers qu'impitoyables, qui n'hésite pas à sacrifier tout membre en passe d'être compromis. Fragilisée par une guerre d'ego entre les services de police, l'intervention tourne au désastre et finit dans un bain de sang qui n'épargne aucun camp. de ce fait, après quelques odieuses falsifications pour masquer les dysfonctionnements d'une mission bâclée, l'affaire est rapidement enterrée. En 2010, une nouvelle série de meurtres attire l'attention de Cécile Sanchez, commissaire à l'OCRVP qui fait rapidement le lien avec les évènements de 2003. Elle est dépêchée à Strasbourg pour établir un bilan et s'associer à l'équipe en place pour poursuivre les investigations.
A travers les quatre volets composant ce roman,
Ghislain Gilberti construit une sombre histoire aussi intense que complexe et particulièrement violente dont les intrigues s'imbriquent à terme les unes aux autres. Dès les premières lignes, les évènements s'enchaînent sans discontinuer, entre poursuites sauvages, exécutions barbares, manoeuvres insidieuses et duplicité, la tension est à son comble. L'auteur prend son temps pour installer une ambiance délétère et approfondir le caractère et les motivations de ses personnages. L'enquête alterne adroitement entre les phases d'investigation et l'action brutale souvent entravée par l'incompétence et la fatuité des uns et freinée par un excès de circonspection fâcheux des autres. le démantèlement de l'organisation mafieuse s'avère des plus délicats avec cet affrontement implacable entre police et trafiquants mais aussi entre les différents services engagés. le récit est pleinement documenté sur la conduite des différents services de police, les méthodes d'investigation et les procédures judiciaires mais également très précis dans ses descriptions du milieu des narcotrafiquants et de son fonctionnement dûment cloisonné. S'il est certains qu'au sein de la police il existe des individus racistes, des sexistes, des homophobes ou encore des ripoux à la prétention démesurée, que des interrogatoires puissent déraper ou que la guerre des polices n'est pas qu'une légende, cumuler l'ensemble sur une même brigade décrédibilise à plus d'un titre le propos. de même, si l'étude comportementale est une science avérée, ce n'est pas non plus de la voyance. En dernier lieu, la sophistication du matériel de haute technologie mis en place pour piéger le réseau, au vu des moyens misérables octroyés à nos services de police, relève d'une douce utopie.
Si on fait abstraction de cette surenchère dans le sensationnel et l'irréalisme, l'histoire présente un réel intérêt. le style est solide et efficace, c'est bien écrit judicieusement développé mais cette multiplicité d'inutiles et improbables débordements occultent quelque peu la force et la qualité manifeste de l'ouvrage.