"Au fondement de l'illusion, il y a ce pacte qui ne manque pas d'ambiguïté : le public venu voir un tour de magie choisit de croire ce qu'il voit, tout en sachant qu'il se fait berner. On retrouve ici le plaisir double des films de Nolan, qu'on voit une première fois pour les croire, et une seconde fois pour les comprendre." (p.59)
C'est vrai, mais pour moi cet essai ne remplit pas son pacte. Je m'attendais à quelques révélations, qui auraient éclairé certains choix du réalisateur. Or, rares sont les éléments qui ne sont pas déjà connus par les fans de Nolan.
Timothée Gérardin soulève pourtant des idées intéressantes : le rôle des sens, de la relativité, du voyage... Mais elles ne sont pas assez développées.
Un exemple : il écrit une partie entière sur le point de vue, et donc sur le décalage de perception qui existe entre le héros nolanien et ses pairs... Sans évoquer le daltonisme du réalisateur. Un choix qui me semble pour le moins étonnant !
De la même manière, l'auteur parle deux fois de James Bond sans préciser que Nolan est un grand fan de la saga.
J'aurais vraiment aimé qu'il développe les influences mythologiques qui traversent l'oeuvre de Nolan (notamment dans la partie consacrée aux héros endormis). Mais une fois de plus, je suis restée sur ma faim.
Cet essai n'est pas inintéressant, mais manque cruellement de profondeur. Il n'apprend rien, ou si peu, qu'un visionnage attentif n'ait déjà révélé au spectateur.
Nous sommes ici dans une analyse un brin scolaire qui reste trop dans le factuel. Il m'a manqué un point de vue, un axe de lecture pour structurer les grandes thématiques.
Christopher Nolan le valait bien !