Par
Sylvain Labeste.
Voici donc un ouvrage qui recentre le message maçonnique de la façon la plus orthodoxe qui soit, qui expose en une synthèse accessible et parfaitement dosée la richesse inaltérable de son corpus symbolique, et démontre par l'évidence d'analogies "inter-traditionnelles", que le fameux secret de la franc-maçonnerie est en fait le fruit d'une quête de connaissance universelle. Un secret qui ne se présente comme tel que pour les "prisonniers naturels": ceux qui ne peuvent envisager de sortie de leur condition propre. Ce qui, soit dit en passant, règle la pénible et récurrente accusation d'élitisme fréquemment associée aux démarches initiatiques authentiques, et redonne des couleurs à une diversité humaine malmenée par l'égalitarisme forcené qui stérilise notre époque. “Cette quête du secret, qui est à la fois celui de l'être, celui de la Maçonnerie et celui de l'Ordre cosmique, nécessite bien souvent une complète refonte du mental, déchu et désorganisé par le phénomène cyclique d'éloignement de la Vérité” (p. 107). Une complète refonte du mental: qui de nos jours peut seulement saisir la portée d'une telle réalité, imaginer qu'un travail initiatique puisse aboutir à un tel résultat? Car on le voit bien ici, s'il est question de connaissance, il faut en ressentir non seulement la soif, mais présenter les qualités requises pour une aventure qui exige un dépouillement total, sans lequel le Sens n'investirait pas l'être. Ceci acquis, encore faut-il que la structure initiatique soit préservée dans ses composantes afin de jouer son rôle de vecteur des influences spirituelles. Or nous connaissons les atteintes portées à la
Franc-maçonnerie depuis son passage des “opératifs” aux “spéculatifs”, puis par l'usurpation hanovrienne aux dépens des Jacobites (1), qui a conduit à travers une main-mise protestante – les Constitutions du Pasteur Anderson – , à la multiplication des obédiences et à l'altération des rites originels.
Patrick Geay est très clair sur ce plan: “Restaurer les fondements de la tradition maçonnique n'implique ni passéisme ni repli sur soi. Cette tradition exige toute notre attention, non parce qu'elle appartiendrait à un prestigieux passé dont nous aurions la nostalgie, mais parce qu'elle est l'expression d'un aspect particulier de la Science divine et des moyens de la réaliser en nous. Cet objectif fondamental permettra en outre de mesurer pleinement le degré d'incohérence de cette voie substituée nouvelle manière, et de signaler l'urgence d'une réaction face à la corruption actuelle des données symboliques et historiques, sans parler de celle, tout aussi grave, des rituels” (p. 15). Aussi le regard porté sur ce livre ne s'attardera-t-il pas sur l'aspect technique dont chacun constatera la clarté des expositions à travers les trois grades. Nous ne pouvons d'ailleurs qu'inciter les “maçons” qui ne l'ont pas encore fait à s'y revivifier.
Lien :
http://ladivinemorsureducina..