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3,89

sur 1144 notes
J'ignore si c'est moi qui deviens plus exigeant par rapport à ce que j'ai déjà lu de ce grand auteur, ou si mon héros est un peu fatigué, mais j'ai apprécié que moyennement « Ecoutez nos Défaites ».

Nous sommes loin de « La mort du roi Tsongor, de « Dans la nuit Mozambique » ou plus récent « La porte des Enfers ». Mais ce n'est que mon humble avis.

Je n'ai pas retrouvé ces histoires fortes, suaves, de ces âmes errantes dans leur désespoir. de ces êtres qui se s'accrochent à quelques bribes d'Amour pour ne pas sombrer.
Des histoires comme Laurent Gaudé seul sait les écrire.

Son dernier roman raconte quatre histoires en parallèle. Et je me suis un peu perdu dans ces quatre récits historiques, qui ont eu lieu dans des pays et à des périodes différentes de l'Histoire.
Des récits de guerre, qui sentent le sang et la mort, et où la victoire de l'un est ni héroïque, ni triomphante, mais bâtie sur les corps mutilés et les cadavres de l'armée de l'autre.
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Au départ, le style original surprend : des évènements historiques s'enchevêtrent sans autre point commun que celui de la guerre, violente, sanglante, inacceptable, sur lesquels se plaque une rencontre amoureuse, apparemment sans lendemain.

Si l'on parvient à passer outre cet imbroglio, alors on se laisse prendre par ces histoires qui font L Histoire. le déroulement de ces défaites annoncées nous renvoie irrémédiablement à notre propre existence.

J'avais adoré "Sous le soleil des Scorta", beaucoup plus accessible que cet "Écoutez nos défaites". Dans ce pamphlet contre la guerre, Laurent Gaudé m'a rappelé, par son érudition, notre regretté Jean d'Ormesson, l'un jouant dans la lumière et la beauté, l'autre dans la noirceur et la laideur.

J'avoue avoir eu quelque hâte à parvenir à la fin, un peu trop lyrique à mon goût...
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Laurent Gaudé publie « Ecoutez nos défaites » pour cette rentrée littéraire et il signe pour l'occasion un ouvrage d'une rare maîtrise formelle mais il livre surtout une réflexion profondément mélancolique sur un monde qui aujourd'hui comme par le passé, oublie que ses victoires, remportées au prix de tant de vies humaines sacrifiées, ne sont en réalité qu'une seule et même défaite, celle d'une humanité oubliant que seule la beauté, l'amour, la liberté valent la peine que l'on se batte, que l'on meurt pour elles. Des victoires qui ne sont que défaites (cf. le général Grant écrasant les Confédérés, celui que l'on surnommait le « boucher » dans sa propension à ne pas hésiter à sacrifier des milliers d'hommes pour des victoires à la Pyrrhus), des défaites qui valent plus que des victoires (le formidable récit de la vie d'Hannibal, général carthaginois qui passera son existence à vouloir détruire le « grand Satan », l'orgueilleuse Rome), Hailé Sélassié aussi et sa lutte contre Mussolini et le fascisme italien. Gaudé convoque le passé au banquet de l'histoire, les guerres d'aujourd'hui ne valent pas mieux que celles du passé récent ou lointain. Mais il y a des guerres que l'on n'a néanmoins pas le droit de perdre. le combat de la liberté, du savoir, de l'art contre l'obscurantisme des partisans de Daech, La menace propre à terrasser notre civilisation si nous n'en prenons pas garde. Ces hommes veulent effacer l'histoire nous dis Gaudé. le saccage des musées, le sort réservé aux reliques du passé, passant de mains en mains depuis des siècles malgré les écueils, ce Moyen Orient ou tant de sang à coulé et coule encore. Au milieu du chaos, le miracle de l'amour unissant deux êtres au destin s'entrecroisant le temps d'une nuit d'étreinte où les corps célèbrent la vie face à l'absurde, au vide, à la quête de sens de nos existences noyée dans l'histoire, dans les histoires multiples et infinies, la petite et la grande histoire qui elles mêmes ne sont que le fruit du hasard ou de la providence selon les croyances de chacun. Un livre qui fait écho à l'actualité récente avec un talent rare, celui de confronter les époques qui ne sont que les différentes couches successives d'un même oignon. « Ecoutez nos défaites » c'est aussi ne pas faire abstraction du caractère illusoire de nos victoires. La métaphore de l'objet trouvé et choyé par les spécialistes, les archéologues, qui n'ont au final pour seule destinée que celle d'être perdue à nouveau, ou simplement détruit. Mais au fond Gaudé nous rappelle très justement, que nous sommes tous voués à l'oubli, à l'anonymat de la tombe. Un grand livre. Vraiment.
Lien : https://thedude524.com/2016/..
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Cinq récits allant de l'époque romaine à aujourd'hui, de Carthage aux Amériques, se mêlent dans ce roman où la guerre est l'épine dorsale. Hannibal, Négus, Grant, une archéologue et un soldat français des opérations spéciales se racontent dans les pages de Laurent Gaudé.

Daesh, Kadafi, Scipion, Oussama Ben Laden, le général Lee, Mussolini, la guerre est partout, de toutes les époques, monstrueuse, sanguinaire.

Une figurine volée de dieu égyptien, passe de main en main, un agent américain décide de jeter son tablier ensanglanté, Hannibal franchit les Alpes avec ses éléphants, Négus fuit son royaume et se réfugie en Grande Bretagne.

Le propos du livre est lourd, violent, décrivant la guerre sans concession. L'auteur parle au nom des vainqueurs, bouchers, vaincus, victimes, soldat, rois, lieutenants. La guerre est partout mais l'humanité résiste quelque part dans le récit, sous la forme d'une histoire d'amour à rebours, entre une archéologue et un soldat français, la rencontre d'une nuit.

Ecoutez nos défaites n'est pas une lecture de tout repos, le roman vous met mal à l'aise malgré sa narration morcelée, ou peut-être à cause de cela justement. L'écriture de Laurent Gaudé ne souffre d'aucun reproche et sa perception des guerres qu'il décrit fascine. Un roman difficile, passionnant et bouleversant.
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Le livre nous emporte au fils des siècles et des pays, nous conte des histoires qui se mêlent, se chevauchent tumultueusement mais jamais ne se confondent car chacune reste unique.

Des histoires passées et présentes, des histoires de guerre et d'amour, d'hommes et de femmes. Des histoires, toujours contées au présent, actuelles comme l'éternel recommencement de la vie des hommes.
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La narration peut surprendre, on passe d'un personnage historique à l'autre, mais on se prend ensuite à lire ce roman comme un ensemble, une fois que l'on saisit ce qui relie les différents personnages ... Un roman mélancolique sur la folie des hommes, sur l'absurdité de la guerre qui malgré tout fait L Histoire. Un magnifique roman, qui laisse une trace.
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Au delà des histoires des personnages historiques tels que sont Hannibal, le Général Grant et dont les épopées se chevauchent pendant la lecture du roman. Il faut savoir lire entre les paragraphes qui narrent les guerres perdues ou les ambitions déchues de ces grands qui ont fait L Histoire.
Entre chacun de ces paragraphes, c'est votre vie en filigrane qui s'inscrit, ce sont aussi vos défaites qui se révèlent à vous. C'est ce qu'il faut comprendre.
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Comme autant d'odyssées apparemment victorieuses, cinq tableaux, dont trois appartiennent à l'Histoire et deux sont contemporains, constituent le canevas de ce beau roman, de cette oeuvre puissante et inspirée, et dans laquelle se dessine un thème en filigrane.
Agamemnon, l'oncle d'Hélène enlevée par les Troyens, mène la flotte grecque qui doit combattre Troie et délivrer Hélène. L'absence de vent empêche les navires de partir. Agamemnon aurait offensé la déesse Artémis. Il doit sacrifier sa fille Iphigénie et il y consent, permettant aux bateaux de partir. Ainsi, même s'il parvient à raser Troie, il a déjà perdu la guerre. Avec cette anecdote puisée dans la mythologie, le thème de ce roman est annoncé dès les premières pages.
Assem Graïeb est un agent du renseignement français. Depuis dix ans, il exécute des missions au Mali, en Libye, en Irak, il protège des hommes, en abat d'autres, renseigne, traque. Aujourd'hui, ce ”tueur de la République” est fatigué, il se sent aspiré, voit grandir en lui une sorte de révolte. Mariam est une archéologue irakienne qui travaille pour l'Unesco et essaie de sauver le patrimoine culturel, vestiges, monuments et objets des musées, menacés par Daech. Assem et Mariam se rencontrent à Zurich et passent une nuit ensemble : c'est la seule, mais ils ne l'oublieront pas. La prochaine mission d'Assem est de livrer aux Américains un homme qui a fait partie du commando qui a exécuté Ben Laden et qui semble dériver, se livrer à des trafics d'objets d'art. Job - c'est son nom - séduit Assem, fragilisé depuis qu'il a assisté à l'exécution sauvage de Khadafi par une population exaltée. Tous deux se posent des questions sur leur finalité : qu'avons-nous réussi ? À quoi obéissons-nous ? Un jour quelque chose se rompt en chacun, et rien n'est plus comme avant.
Au cours de la guerre de Sécession, en 1861-65, le général Ulysses Grant, promu par Lincoln, remporte des batailles au nom de l'Union nordiste contre les Sudistes réunis en Confédération. Peut-être rendu humain par l'alcool, il pleure ses victoires parce qu'elles se soldent par des dizaines de milliers de morts dans les deux camps, des jeunes gens le plus souvent. Mais il avance, et il devra supporter le surnom de ”boucher”. Et de fait, quand la victoire est là, il faut encore tout brûler, les fermes, le bétail et achever les familles de fermiers. Puis voir les confédérés vaincus par la faim, fuir le long des routes, hallucinés, en haillons, la peau sur les os. « Je peux faire hurler de douleur toute la Georgie », clame son ami Sherman. Au regard de l'Humanité et de l'Histoire, qui est le plus à même d'avoir honte, le vaincu ou le vainqueur ?
Après avoir traversé l'Espagne, les Pyrénées puis les Alpes avec ses cavaliers, ses fantassins, ses mercenaires, ses éléphants et ses tribus ralliées, ce stratège rusé qu'est Hannibal le Carthaginois s'attaque aux Romains dont il est vainqueur aux batailles de la Trébie, du lac Trasimène et surtout de Cannes où il les piège et les décime. Puis il fait semblant de préparer le siège de Rome pour détourner l'armée romaine de Capoue où il s'est installé. Les Romains ne se laissent pas prendre, et Hannibal commence à connaître une série de défaites qui le feront refluer à Carthage. À nouveau face aux Romains conduits par Scipion, il est battu à Zama, tente une carrière politique à Carthage, puis traqué par les Romains, il s'enfuit et s'exile. Après un parcours chaotique, il connaîtra une nouvelle défaite maritime, son allié Antiochus perdant sa flotte à Tyr (Liban actuel). Celui qui a fait trembler l'Empire de Rome finira par se suicider, comme une dernière défaite.
La dernière percée dans l'Histoire concerne Haïlé Sélassié, empereur d'Éthiopie, Négus, roi des rois, descendant de la reine de Saba et du roi Salomon, vaincu lors de la bataille de Maichew par les Italiens qui occupent son pays. En fuite, dans une grotte puis gagnant Adis Abeba, il finit par s'exiler en Angleterre. Il reviendra cinq ans après, au début de la Seconde Guerre Mondiale, dans un pays libéré des Italiens par les Alliés. Mais, après plus de trente ans de monarchie despotique et éclairée à la fois, de règne flamboyant et contesté, l'empereur aux vingt-sept Rolls Royce dont le peuple crie famine, sera renversé par Mengistu et assassiné en prison.
Hannibal, le général Grant, et même Haïlé Sélassié font figure de héros aujourd'hui, alors que le premier, qui a gagné des batailles dans le sang, et qui a vu ses bataillons s'écrémer par la maladie, l'épuisement, la déception, a été finalement vaincu par Scipion, que le second qui est venu à bout d'une guerre civile au prix de trop nombreux morts et de ressentiments durables, s'est laissé gagner par l'alcool, et que le dernier qui aurait pu marquer l'Histoire par son discours à la Société des Nations qui déconsidérait cette institution lâche et impuissante, mais pouvait sonner le glas du colonialisme, a fini comme un dictateur d'opérette.
Et de nos jours ? Peut-on parler de victoire à propos des guerres en Irak et en Libye, malgré la chute de leurs dirigeants respectifs ? Assem est-il un héros du XXIe siècle, lui qui traque des terroristes ? Et Mariam également, qui cherche à sauver des patrimoines culturels ?
Victoire militaire, défaite personnelle, cela appartient au passé, tant les contours des guerres modernes ont changé, illustrées par des héros anonymes, comme Assem, tant la notion de victoire a perdu de sa pertinence, tant est fort le déséquilibre en pertes humaines entre les nations occidentales et les autres.
Il n'y a pas d'amour heureux, selon le dicton ou la chanson. On pourrait paraphraser en disant : « Il n'y a pas de victoire heureuse ». le roman de Laurent Gaudé est une belle illustration de cette thématique. Mais l'auteur est également fasciné par l'Histoire dans ce qu'elle a, à la fois de déterminant et de tragique, et il l'écrit avec l'ampleur, la vision et la dimension de l'instant que cela requiert. Gaudé se débat avec justesse et régal dans le moment de l'action et dans la tête de ses personnages, dans leurs contours, dans leur souffle, dans leurs émois. En même temps, il garde de la distance, et cette distance, c'est son écriture, chaleureuse, empathique, imagée. On reconnait vite sa manière unique de raconter des histoires, d'écrire l'Histoire.
Il laisse aussi avec bonheur une place à l'amour et à la poésie, celle de Cavafy et de Mahmoud Darwich, par exemple. Heureusement, on peut encore construire ou faire revivre des récits du quotidien, s'emparer des mots et leur faire dire ce que l'on veut. « Ne laissez pas le monde vous voler les mots » dit et répète Darwich dans le roman…

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Mariam - Assam - Hannibal - Grant ou encore Hailé Sélassié ont chacun eu leurs défaites.
qu'en ont ils entendus ?
Le livre de Laurent Gaudé est d'une grande profondeur et il nous interroge
sur la valeur de la victoire guerrière , des massacres qu'elle engendre et de la réalité des défaites.
le parallèle fait entre l'europe Romaine et le Moyen Orient actuel est vertigineux.
Quant aux 2 personnages centraux du livre ( Mariam et Assam) ils nous ramènent à nos victoires et défaites quotidiennes , à nos défaites politiques à notre abandon du Moyen Orient.
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Ce livre puissant tente, à travers quelques personnages bien choisis, de montrer qu'une victoire guerrière, culturelle ou politique, engendre inévitablement la défaite d'un peuple, d'une femme ou d'un homme.
Le parallèle que Laurent GAUDE utilise pour illustrer ce paradoxe est particulièrement réussi : le passage d'une action passée à un fait récent que ses personnages font vivre tout au long du livre nous tiennent en haleine avec un rythme qui s'accélère à certains moments (paragraphes plus courts, phrases percutantes...)
Il met en évidence certains traits de caractère forts de ses personnages qui donneront une orientation à L Histoire.
Si les hommes politiques actuels dans le monde ne semblent pas tirer les leçons du passé, il n'en reste pas moins qu'ils restent toujours des hommes avec leurs faiblesses et leurs forces. Message d'espoir ou de désespoir ? Vision pessimiste ou optimiste ? A chacun de s'approprier ce livre excellent de justesse d'analyse et d'humanité.
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