Citations sur Mon journal pendant l'Occupation (28)
Juin 1943.
Petite histoire :
Le Fritz. - Ah ! je le retiens votre Paris ! Je sors de la gare de l'Est, je pose ma valise sur le trottoir pour allumer un cigare; j'allume, je me retourne pour prendre mon bagage : la valise avait disparu !
Le Français. - Eh bien moi, il m'est arrivé encore mieux. Je débarque à la Centralbahnhof à Berlin, je pose ma valise sur le trottoir pour allumer une cigarette; j'allume, je me retourne...
La gare avait disparu !
15 mars 1941.
Dans son cabaret, Martini aurait crié à un Fritz qui n'arrivait pas à enfiler la manche de sa capote : " Hein ? c'est difficile à passer, la Manche ! "
Il entre en scène en faisant le salut hitlérien. Puis, le bras toujours tendu, il déclare : " Jusque-là ! Jusque-là ! Nous sommes dans la merde jusque-là !"
Petite histoire:
En Hollande, un citoyen entre dans un cabaret, fait le salut hitlérien et crie : "Heil Rubens !"
Un Allemand étonné lui demande des explications.
- Et bien, quoi ! dit le Hollandais, chaque pays a son peintre.
Petite histoire.
Un fritz achetait chaque matin son journal à la même marchande qui, sachant qu'il ignorait notre langue, lui disait avec un bon sourire : "Tiens, le voilà ton canard, grand con !"
L'Allemand s'enquiert du sens du mot auprès d'un Français qui lui explique : "Grand con, c'est le diminutif familier de grand conquérant."
Et le lendemain, l'Allemand répond à la marchande : "Non, pas grand con, moi petit con...", et il ajoute le bras levé : "Hitler, lui, grand con !"
En zone nono, Gringoire mène campagne pour que " la promenade des Anglais " s'appelle désormais " la promenade Cambronne. "
6 Juin 1942.
En plein moyen âge.
Les juifs et Juives devront désormais porter sur la poitrine une étoile jaune. Lucien Rebatet écrit dans Je Suis Partout :
"Je disais l'hiver dernier, dans ce journal, ma joie d'avoir vu en Allemagne les premiers juifs marqués de leur sceau jaune. Ce sera une joie beaucoup plus vive encore de voir cette étoile dans nos rues parisiennes où il n'y a pas trois ans, cette race exécrable nous piétinait"
15 août [1941]
A Barbizon : Le maire - légion d'honneur, médaille militaire, croix de guerre - a mis sur sa porte une pancarte : "Burgmeister".
Le déroulement de cette guerre s'effectue au contraire des idées reçues. L'armée française était réputée la meilleure du monde (Weygand dixit), elle est torchée en trois semaines.
L'Armée rouge, décapitée de ses chefs, passait pour une masse chaotique, prête à s'effondrer au premier choc, et la voilà qui tient depuis cinq semaines et résiste avec acharnement - au dire même des communiqués allemands.
Les Français, gens heureux, tenaient à leurs vies et à leurs biens ; ils ont été vaincus pour n'avoir pas fait "la part du feu". Les Russes, eux, brûlent tout en se retirant, comme en 1812. Obtiendront-ils le même résultat sur Hitler que sur Napoléon ?
Luc Benoist me dit : "l'histoire est simple : nos militaires ont perdu la guerre, et puis, en conclusion de la défaite, un de nos militaires s'est adjugé le pouvoir suprême pour les récompenser tous".
Anecdote classique, qui reparait à chaque guerre.
Un ouvrier français qui part travailler en Allemagne promet d'écrire son impression : si elle est bonne, il emploiera de l'encre noire, si elle est mauvaise de l'encre rouge.
On reçoit une lettre écrite à l'encre noire où il déclare : "Nous sommes très bien. Le travail n'est pas dur. La paye est bonne. Les gens sont charmants. Le ravitaillement est abondant. Il n'y a qu'une chose impossible à trouver : c'est de l'encre rouge."