Londres, côté pile et côté face !
Côté pile, celui des « braves gens », comme le chantait Brassens, qui « n'aiment pas que, l'on suive une autre route qu'eux... », le Londres de celles et ceux qui travaillent pour gagner leur croûte, ont un foyer, des quelqu'uns et quelqu'unes avec qui partager un parcours de vie tout tracé, ...
Côté face, celui des invisibles, des transparents, qui évoluent dans une autre réalité, avec des codes, des enjeux et des préoccupations différentes, dans la fange et le sang, oeil pour oeil dent pour dent !
Le Londres « d'en haut » dans un espace temps différent du Londres « d'en bas », et au milieu de tout cela : Richard Mayhew !
Richard se laisse guider, bon an, mal an, par les valeurs « d'en haut », mené d'une main de maître par Jessica, « la fiancé idéale » - dans mon monde à moi, ce serait plutôt « satanée peste », mais bon, c'est pas comme cela qu'il voit les choses, le Richard... -. Donc, tout va pour le mieux dans le meilleur des Londres, jusqu'à ce qu'il ramasse dans la rue, Porte, une jeune fille « d'en bas », couverte de sang et de crasse et la soustrait aux griffes de deux tueurs à gage lancés à ses trousses. Pour notre plus grand bonheur, j'ai nommé : Messieurs Croup et Vandemar ! J'ai adoré ces deux personnages, sorte de Satanas et Diabolo, en plus trash, efficaces et acerbes !
Richard, en aidant Porte, s'ouvre au Londres « d'en bas » sans possible retour dans son monde à lui, et donc dans sa vie. Il y découvre un univers où les rats sont vénérés, où ils sont écoutés (parce que, oui, un rat, dans ce monde-là, ça cause aux Parle-aux rats qui traduisent pour les autres !), où le métro londonien est une sorte de voie 9 ¾ : chaque station du Londres d'en haut, correspond à un lieu bien précis du Londres d'en bas, avec sa faune d'êtres tous plus étranges et potentiellement dangereux les uns que les autres...
Voici donc notre Richard embarqué dans la quête d'un ange, auprès d'une lady des tréfonds londoniens, un marquis dandy et pas très honnête et une garde du corps du nom de chasseur... Je vous laisse découvrir la suite.
J'ai aimé :
- l'ambiance qui règne dans ce livre. J'ai lu que
Neil Gaiman avait voulu rendre un univers qui nous plongerait à la lecture dans un état proche de ce qu'il ressent à la fréquentation d'Alice au pays des merveilles, ou autres « contes » similaires... Qu'il y ait réussi ou non, je ne vais pas épiloguer, mais j'ai adoré ce mélange de merveilleux (souvent trash : C'est compatible ?!), d'humour, de cruauté, de constats froids sur la misère et les perditions du Londres « d'en bas », tous ces petits détails qu'il nous livre, comme autant de clefs pour s'approprier son monde : détails sur la manière dont sont vêtus les personnages (ces couches successives de vêtements mal-odorants, de couleurs et d'époques différentes, assemblés à la « va comme ça vient » sans aucune motivation esthétique ni pratique) ou ceux sur l'organisation des marchés éphémères, ce qu'on y troque, … (car chez ces gens-là, on ne vend pas, môssieur, on troque !)...
- les personnages valent le détour, franchement. Si vous devez le lire pour une seule chose, ce pourrait être celle-là ! Je vous ai déjà cité plus haut, le duo d'enfer, sans jeu de mots, de Croup et Vandemar, vous pouvez y associer, Chasseur (j'ai une image en tête à la lecture, très Vampirella, à peine plus vêtue, mais cela n'engage que moi...), je ne vais pas vous les citer tous... j'ai eu plus de mal avec Richard. Mais à la lecture des échanges sur le forum Fantasy/SF où
Neverwhere est le livre du club de lecture de ce mois, je le trouve moins «excessivement empoté » : Réflexion a été faite que tout un chacun ne réagirait pas mieux face à une telle réalité, et que, ce que je prends moi pour un manque de réactivité, est plus proche en fait de la sidération que de la niaiserie... Ce qui en fait un noble représentant du Londres d'en haut, ni plus, ni moins. Mais rien n'est joué !
Et j'attaque ma deuxième page ! Je ne sais pas si j'arriverai un jour à faire court sur les livres qui me plaisent...Vraiment, si vous m'avez suivi jusque là, j'ai du bol, pour les autres, je ne vous en veux pas, allez, c'est dit...
Juste pour finir, une scène que j'ai littéralement a-do-rée (je vous fais grâce des majuscules) : la traversée du pont dans le fog londonien pour se rendre au marché éphémère...
Allez je plie tout et j'arrête là !
Ah si juste pour répondre à cette éventuelle question : « Pourquoi 4 étoiles et pas 5, alors ? », parce que, malheureusement, certains passages tirent un peu en longueur, selon moi...