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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais eu un échange très sympathique avec René Frégni lors de la fête du livre de Toulon en novembre 2022 et j'ai laissé volontairement attendre cette fiancée et ses corbeaux pour les savourer plus tard en fin d'hiver.

C'est donc avec toujours le même plaisir que j'ai suivi une nouvelle fois les pas de René à travers les étendues bleues au-dessus de Valensole, sur les tuiles de Manosque et dans les quartiers de Marseille qu'il dépeint de si belle manière.

C'est d'octobre à juin qu'il a déroulé son cheminement, donc des mois où la nature perd vite ses beautés à l'automne pour une nouvelle parure fleurie au printemps, deux saisons qui ont encadré un hiver plutôt rigoureux en haute Provence.

Plusieurs axes de méditation et de réflexion sont explorés par René dans son livre. D'abord, la nature, avec des descriptions de la vigne, des champs de lavande, des sources, des chemins paisibles qu'il a l'habitude d'emprunter.

Ensuite, sa relation à l'autre, en l'espèce quelques personnes dont sa fille qui vient de prendre son envol, un vieil homme, Lili, en route vers l'au-delà dont le mental a déjà quitté son corps, un ancien taulard qui veut se mettre à l'écriture et Isabelle, fille de Lili qu'il aide dans l'accompagnement de son père, c'est elle la fiancée des corbeaux dont il est secrètement amoureux.

Il y a aussi toutes les femmes qu'il aperçoit, dont deux voisines dénudées qui peuplent ses fantasmes, celles des rues, des plages, des bars, ils les aiment naturellement.

Il évoque aussi très largement l'écriture, nécessaire à sa survie, son besoin du stylo et du cahier qu'il emporte partout et qui traduiront en mots tous ses ressentis de l'existence. Il fait référence à de nombreux auteurs, des classiques avec l'incontournable Baudelaire, mais aussi des plus récents, passionnés comme lui par la nature, tel Jim Harrison.

Le livre de René Frégni est un tissu de belles émotions traduites avec des mots plus simples que ceux de Giono mais qui transmettent néanmoins avec coeur toutes les richesses et les attraits de la Provence.
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Et dire que j'ai eu quelques réticences à commencer ce récit. Un tel titre me semblait de mauvaise augure. J'avais peur d'être déçue, de ne pas retrouver ce que j'avais aimé lors de mes précédentes lectures de cet auteur (« Je me souviens de tous vos rêves », « Les vivants au prix des morts », etc.).
Je craignais que la compagnie de « la fiancée des corbeaux » soit plus sombre que lumineuse. de ces mauvaises croyances qui remontent à l'enfance, je présupposais qu'un croassement de corbeau n'aurait pas la même mélodie que le chant d'un rossignol ou d'un rouge-gorge.
Et pourtant, encore une fois, la magie a opéré. Les déceptions, la tristesse, les coups au coeur, on connait tous. Et Frégni n'est pas en reste et ne nous cache pas ces humeurs et états d'âme. Mais, s'il connait la noirceur humaine, ce qu'on retient à chaque fois de ses récits, ce qui s'imprègne véritablement en nous, c'est la lumière et la beauté.
Avec Frégni, c'est une atmosphère qu'on retrouve et qui nous enveloppe avec douceur. Ce sont des mots noircis sur un cahier qui s'infiltrent en nous, se propagent, nous réchauffent. Dans ses récits, René Frégni ne nous invente pas toujours des histoires. Il nous invite surtout à aller à la rencontre de moments forts qui rendent notre histoire personnelle plus intense. Il nous parle tout simplement de la vie, de la beauté à l'état brut.
Il sait observer ces petits riens du quotidien capables d'illuminer nos journées brumeuses. C'est presque étonnant qu'il puisse arriver comme ça, presque ‘'en si peu de choses'', à nous capter sans même avoir forcément besoin de raconter une histoire romancée, d'inventer des personnages, de dérouler une intrigue. Presque étonnant que ça nous presse le coeur et nous emporte de la sorte. D'ailleurs, ce n'est pas forcément l'histoire que je garde en tête en refermant le livre, c'est tout un univers de sensations et d'émotions.
En quelques lignes, on calque notre rythme sur celui de l'écrivain. Lorsqu'il nous parle de ce qu'il aime, on s'apaise, on sourit. Il y a un je-ne-sais-quoi qui nous fait nous sentir bien. En réalité, on sait bien de quoi il s'agit -même s'il reste une grande part de mystère-, c'est le calme, le silence, la quiétude, la liberté, la nature qu'il nous offre à chaque page.

On pourrait finir par se dire, livre après livre, que c'est encore la même chose -un peu comme Modiano qui nous ressort toujours son histoire de mémoire, d'oubli, d'identité et qu'on ne va pas se faire avoir encore une fois-. Et bien si, on se fait encore avoir, on se laisse encore embarquer, on n'en a pas assez. Il ne se répète pas dans ses répétitions d'éblouissement, lorsqu'il nous parle encore de ses plaisirs à regarder la nature autour de lui, lorsqu'il nous parle des arbres, des vignes, des oiseaux, des corbeaux, de son amour pour sa fille Marilou ou pour la belle Isabelle, de son affection pour Lili, des gens qu'il croise, de ses jeunes femmes aux robes légères, des mots qu'il aime coucher sur un cahier dans son appartement de Manosque. Allez, Monsieur Frégni, répétez-nous encore que la montagne est belle*, qu'il y a un petit bois charmant sur la colline**…
Il continue à s'émerveiller de ces choses-là et nous, on en redemande. Il a cette générosité de nous les faire partager et cela nous enchante. Il suffit de quelques lignes pour qu'il change notre état d'âme, pour qu'il nous influe de la douceur, une douce mélodie. Il y a dans ses mots, dans une simple phrase, tout un champ de beauté, de poésie et d'humanité. Il nous renvoie à l'essentiel, à cette poésie qui est dans toute chose pour celui qui sait regarder. Il nous (re)montre le chemin de ce qui est vraiment important.
Avec lui, on apprend à ralentir le pas, le temps ; à retrouver un nouveau souffle. On prend le temps de vraiment observer comme il sait tant le faire, de regarder tout autour de nous. On se rappelle qu'il y a des choses si belles, on fait attention au chant des oiseaux, on sourit à la petite vieille qu'on croise et qui nous rappelle notre grand-mère, on se promène près des étals du marché en admirant les formes et les couleurs des légumes, la courbure d'une gousse d'ail, l'éclat d'une aubergine, on se dit qu'on n'a pas fait de tartes aux mirabelles ou aux myrtilles depuis longtemps, que cela nous ferait du bien d'aller se promener sur la plage et de regarder la mer, et surtout, on se rappelle qu'il y a des petits riens qui sont tellement magiques… des petits riens qui nous enrichissent profondément.

Monsieur Frégni, je veux encore rester dans cette douce atmosphère, m'éblouir encore pour une phrase, une image, les lumières enivrantes du Sud, ressentir en moi cette sorte d'apaisement que vous m'apportez lorsque je me plonge dans vos récits, un bien-être que je ne veux pas perdre en refermant ce journal, une émotion dont j'aimerais faire mon quotidien.
Graver en moi ces mots qui m'ont touchée et me rappeler qu'on peut croiser de la beauté partout et ce ne sont sûrement pas les corbeaux qui viendront me contredire.

(*Jean Ferrat / **Apollinaire)
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Ah, Isabelle ! C'est elle la fiancée des corbeaux. Une amie très proche de René Fregni.
Il y a Lili, le père d'Isabelle, atteint d'Alzheimer.
Marilou, sa fille chérie partie à Montpellier.
Tony, l'ami ex-taulard.
Les voisins d'en face, qu'il mate impudiquement.
Et plein d'autres encore qui peuplent sa vie.
Tous ces gens il les raconte dans un de ses innombrables cahiers qu'il nous offre à lire.
Et quel beau cadeau !
Il se raconte, raconte ses amis, sa mère, la nature sublime, ses auteurs favoris…..
Et l'on découvre un homme sensible, touchant, sincère dont on aimerait faire un ami.
C'est le deuxième livre que je lis de lui en peu de temps, et dès que l'occasion se présente, je lis les autres.
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Ce sont les propos élogieux des "Babeliotins" qui m'ont conduits à René Frégni. J'ai, de fait, découvert une très jolie plume, poétique, nostalgique mais aussi parfois espiègle et toujours sensuelle. La fiancée des corbeaux est un journal intime tenu sur une année dans lequel l'auteur nous confie n'avoir parlé que d'amour car" la pensée seule de l'amour écarte la solitude et les premiers signes de la vieillesse que l'on constate dans le miroir, sur la peau de nos bras, de nos mains."On partage l'intimité, voire l'intériorité de l'auteur; Ses petits bonheurs quotidiens, ses souvenirs. On fait connaissance avec ses êtres chers, sa fille, ses amis, les"fous" qui ont sensibilisé son âme, Isabelle,son éternel féminin. On s'imprègne de sa Haute Provence et de ses paysages rassurants, apaisants. Ce roman se lit comme un recueil de poésies, tranquillement pour le plaisir des sens et des mots, ni plus, ni moins...
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C'est le troisième roman de René Fregni que je lis et je suis toujours sous le charme. R
oman n'est pas le terme exact puisqu'il s'agit davantage d'un journal qui se déroule sur quelques mois.
Là ce sont les mois d'hiver et de printemps, c'est rythmé par la saison rigoureuse, puis le réveil de la nature et par la mort du père d'Isabelle.
Toujours beaucoup de poésie, de lien étroit avec la nature, de perception sensuelle de cette vie à la campagne, et de belles envolées sur son amour de la littérature et des mots.
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Comme à son habitude, René Frégni nous transporte vers Manosque et le charme des villages provençaux. Son écriture si agréable, son univers, son passé qui resurgit toujours, ses descriptions, ses rencontres donnent de la force à son récit.

Ce livre est teinté de douceur, de mélancolie. L'auteur nous livre avec délicatesse ses impressions face à la nature. Il exprime sa nostalgie après le départ de sa fille qui le quitte pour poursuivre ses études.

Certains jours, il accompagne avec délicatesse Félix qui a perdu ses repères. Il dresse un portrait tendre d'Isabelle la fille de Félix, douce et lumineuse avec qui il partage des moments forts où le charme opère.

Avec Tony, l'ancien détenu, et Jacques qui connaît un autre enfermement, il montre à la fois les douleurs et les renaissances.

J'ai lu ce livre grâce au conseil de l'auteur que j'ai eu la chance de rencontrer lors d'une fête du livre où il était invité et avec qui j'ai pu échanger avec plaisir.
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Roman-journal qui se situe au coeur de Manosque dans les Alpes-de-Haute-Provence. le narrateur est un auteur toujours en quête de nouvelle idées pour ses nouveaux romans. Pour cela, il doit se faire «voyeur», n'hésitant pas à espionner ses trois jaunes voisins dans leurs salle de bains ou encore à s'inspirer de la vie des personnes qu'il a côtoyé lors de son expérience dans la prison des Baumettes en tant qu'animateur d'atelier d'écriture ou encore durant son emploi d'élèves infirmier dans un hôpital psychiatrique. Toutes ces personnes qu'il a rencontrées, voleurs, assassins, malades mentaux, schizophrènes...il ne les juge pas. Au contraire, Tony, l'un des condamnés qui a suivi ses cours lorsqu'il était en prison, est devenu son ami suite à sa libération de prison. Dans ce roman, il parle énormément des femmes et notamment la douce et belle Isabelle, fille de son plus vieil ami, Lili, qui a perdu la mémoire et qui perdra également la vie peu de temps après. Il est vrai que René, le narrateur mais aussi l'auteur, est un homme mais également un père. Il nous parle de ses filles et tout particulièrement de Marilou, la petite dernière qui a quitté le cocon familial il y a peu pour poursuivre ses études à Montpellier et qui lui manque terriblement.
Ode à la vie, au bonheur de lire, d'écrire mais aussi tout simplement de vivre...ce roman est un vrai régal. L'écriture est simple et à chaque page, on sent une douce odeur de thym, les cigales qui chantent et on est tout simplement transporté au coeur de cette Provence qui est si chère à René Frégni, tout en étant bercé par les auteurs qui lui sont chers tels que Baudelaire, Genet, Giono...
À découvrir !
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C'est en lisant de très bonnes critiques de cet auteur inconnu pour moi sur Babelio que j'ai eu envie de le découvrir.
Il s'agit du journal de René Fregni, il raconte sa vie au jour le jour. Il évoque les petits riens qui remplissent une vie, il parle très bien de la campagne qui l'entoure, on sent qu'il aime vivre à Manosque, son climat, la végétation... Il évoque avec beaucoup de tendresse les êtres qu'il connaît : Lili, le vieil homme désorienté, sa fille Isabelle, son ami qui a fait de la prison et sa fille Marilou qui vient de quitter la maison pour vivre à Montpellier et voler de ses propres ailes.
Ce qui frappe, je dirais, c'est la douceur qui se dégage de ces lignes, la lenteur aussi, comme une sorte de beauté, de poésie ; tout semble apaisé. Et du coup, le lecteur ressent aussi ce bien-être.
Une jolie découverte et une lecture que je conseille. La prochaine fois je lirai un de ses romans policiers.
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La découverte toute récente de René Fregni a suscité chez moi une dévorante passion littéraire. J'en suis au troisième de ses livres et c'est le même bonheur que je retrouve ici comme dans les deux autres. D'une plume belle et simple de poète, il dit comme personne le plaisir d'écrire dans un carnet au stylo, d'écrire ce qu'il voit et ressent, d'écrire les images et les senteurs de sa Provence, d'écrire l'humanité autour de lui. Solitude, lecture, écriture d'un humain parmi les humains, pas d'un ermite retiré du monde. Une délicatesse qui fait du bien à l'âme même s'il provoque chez ses lecteurs une certaine dépendance pour ne pas parler d'addiction. Mais celle-ci ne cause pas de souci.
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Avec René Frégni la magie s'installe. La magie de la langue. Qui pourrait penser que le journal d'un retraité retiré à Manosque, tenu presque au jour le jour, pourrait intéresser un lecteur, moi en l'occurrence. Mais voilà, René Frégni fait de tous ces petits riens du quotidien une ode à la vie, à la nature, à l'amitié, aux souvenirs et en particulier celui de sa mère. "De quoi ai-je voulu parler dans ce cahier depuis un an, de qui ? Je n'ai parlé que d'amour". Une ode à l'amour qui, par sa simplicité et son authenticité, peut toucher tout un chacun.
Quel ravissement de se retrouver dans l'univers de René Frégni, dans son intimité même. Un univers apaisant qu'il nous donne à aimer, à faire nôtre le temps d'une lecture. C'est le quatrième livre de cet auteur que je lis et, même s'il y a des redites, je ne me lasse pas de savourer les mots simples et tendres. Quelle poésie ! "J'écris comme je marche" dit l'auteur et nous déambulons avec lui pour notre plus grand plaisir.
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