Philémon, Tome 1 : Avant la lettre

Entrée en scène fracassante de Philémon. En un lancer de camembert, nous sommes prévenus : Philémon se joue de la poésie et du langage avec la même effronterie innocente qui lui permet de battre la campagne pendant que les hommes tristes, autour de lui, rouspètent et s'usent à la tâche. Mais à force de crier au loup…


Un jour, Philémon aperçoit un crocodile dans la campagne. Les vieux du village le renvoient à ses pâturages en quelques rires bien goulus. Plus tard, c'est la route d'un clown qu'il croise. Allons, bon, Philémon commence à provoquer l'exaspération de tous. Puisque les hommes ne croient en rien, c'est avec son âne Anatole que Philémon va assouvir son insatiable curiosité et chercher à comprendre le lieu d'extraction de tous ces personnages de cirque. En réalité, Philémon va ouvrir la boîte de Pandore et permettre aux êtres fantastiques qu'abritent les arbres de la forêt de se répandre dans le village. Jusqu'où se propagera l'épidémie hypnotique ?


L'histoire simple et enchanteresse ne se contente pas de charmer notre branche onirique. N'y aurait-il pas un peu de révolution douce dans cet envahissement progressif du rêve dans la réalité ?

Cet album n'a été publié pour la première fois qu'en 1978, six ans après “Le naufragé du A”, il regroupe des histoires écrites avant le premier album, il portait alors le numéro 0, dans la réédition de la collection en 2003, il porte désormais le numéro 1. Cet album est constitué de deux histoires : “Le mystère de la clairière des trois hiboux”, écrite en 1965 et “Par le petit bout de la lorgnette”, en 1966. le graphisme de ces débuts n'est pas très assuré, le Philémon de la première histoire à une tête étrange et la mise en page reste encore très classique, mais déjà l'imagination de Fred fait des merveilles, elle est chargée de fantastique, de rêve, d'inventivité onirique. le message est celui qu'il suivra toujours tout au long de son oeuvre et il est simple : l'esprit terre à terre n'apporte pas le bonheur, laissez la poésie et l'imagination vous faire voyager. Fred ne s'attache pas au conformisme d'un quelconque académisme, déjà à ses débuts, il nous propose un graphisme brut, parfois raide et parfois délirant, loin des canons du moment, tel un artiste apparenté à l'Art Brut, un Facteur Cheval de la bande dessinée. J'adore sa simplicité et sa liberté. Fred rouvrait une voie dans l'univers de la bande dessinée, laissée en friche depuis Little Nemo, celle de l'onirisme, avec une appropriation sympathique de l'héritage du surréalisme, j'aimerai qu'on n'oublie pas ce que la bande dessinée d'aujourd'hui lui doit.

Philémon, c'est une série de bandes dessinées qui a comme univers les lettres du mot Atlantique qui existerait vraiment dans le milieu de l'océan qui sépare le vieux monde du nouveau. Ce n'est pas clair? Je le concède. Imaginez que les lettres du mot Atlantique que nous retrouvons sur un globe terrestre ou une carte mondiale existent vraiment. Et, sur chacune des lettres, il y aurait un univers à part entière. Un monde ,ou plutôt des mondes, intrigants et riches. Philémon, c'est cela et plus encore.

Philémon c'est LA bande dessinée de mon enfance. Chaque bande dessinée était un voyage dans un imaginaire incroyablement RICHE. C'est une série de bandes dessinées où il y a de l'originalité à revendre, autant dans le dessin que dans les scénarios et les personnages.

J'aimerais trouver les mots parfaits pour rendre justice à cette série de bandes dessinées. Jeune, les bandes dessinées de Philémon étaient ma référence en bande dessinée. J'ai été extrêmement déçu lorsque j'ai lu d'autres bandes dessinées jeunesse, comme les tuniques bleues, Garfield, l'agent 212, Gaston Lagaffe (un peu moins quand même) et j'en passe.

J'avais été convaincu, et je le suis encore, par cet univers débridé où chaque tome nous réserve une surprise, nous réserve un monde plaisant à découvrir.

Aujourd'hui, le dessin a peut-être vieilli, mais pas autant que nous pourrions le croire. le plaisir de tourner les pages est encore vivace et pour ma part, je peux vous assurer que mes futurs enfants vont connaître cette magnifique série de bandes dessinées.

J'aime beaucoup l'univers que Fred a réussi à créer avec sa célèbre série de bandes dessinées « Philémon », une ambiance féerique à propos de laquelle j'aurai l'occasion de revenir dans mes prochaines critiques. J'ai commencé par le début avec ce tome 1 (qui a longtemps été numéroté tome 0) qui est un assortiment de deux histoires ayant été réalisées par Fred quelques années avant de se lancer dans Philémon, et qui utilisait déjà le jeune homme et son âne Anatole comme protagonistes. L'intrigue « des lettres » n'existe pas encore et on plonge juste dans le quotidien du garnement qui s'avère déjà mouvementé !
Cet album n'est pas le meilleur à cause des dessins qui manquent encore du trait définitif et si bien effectué de Fred, mais il reste très bien conçu. La première histoire brille par sa loufoquerie. En effet, Fred, comme souvent, nous emmène dans le milieu du cirque dans lequel l'hypnose et la fantaisie dominent. Une histoire qui fait rêver, suivie par la deuxième dans laquelle on découvre l'oncle Félicien qui augmente et réduit le volume des choses et des gens grâce à sa lorgnette. Ajoutons à cela une très belle qualité d'impression et de papier ainsi que de nombreuses idées et c'est déjà très réussi pour un début qui donné une irrésistible envie de lire la suite !

Je ne découvre que très tardivement cette série de Fred plutôt grâce aux avis unanimement positifs. J'ai tout de suite été séduit par le style de l'auteur. Pourtant, le premier opus date de 1972. C'est pas jeune tout cela. Qu'importe !

Cela m'a donné envie de lire la suite et de découvrir si Philémon arrive à faire sortir le puisetier Monsieur Bartélémy de ce monde fantastique dans lequel il ère depuis une quarantaine d'années.

Je suis impressionné par autant de créativité non seulement dans le scénario mais dans la composition même de ce monde imaginaire. Je ne peux que souscrire à l'unanimité devant autant de talent. C'est un plaisir de lecture car une véritable rêverie presque poétique.