Apogée de la fournée de chambre des tente ans de Mendelssohn, le Trio en ré mineur op. 49 connaît deux rédactions successives, car Ferdinand Hiller, pianiste concertiste imprégné des techniques parisiennes, pousse une fois de plus son ami Felix à remodeler certaines tournures pianistiques qu'il juge désuètes, sans nuire pour autant au lyrisme des cordes. L'oeuvre est révélée avec succès au Gewandhaus le 1er février 1840 par David au violon, Wittmann au violoncelle et Felix au piano. L'emportement continu du premier mouvement ne fait pas mentir son indication Molto allegro agitato; le fiévreux thème initial va s'élargissant et aborde, encore en mineur, le deuxième thème avant de l'exposer véritablement en majeur.
L'affaire de Clara Schumann est sans doute plus délicate car elle met en jeu leur art commun: la musique. Schumann a connu Clara Wieck, pianiste et compétitive prodige, lorsqu'elle avait huit ans et demi. Mendelssohn l'aperçoit à Paris en 1832, agée de douze ans. À la faveur de sa nomination au Gewandhaus, il la retrouve à Leipzig pour l'anniversaire de ses seize ans. Leur complicité est immédiate.
Celui qui se réimplante avec appréhension à Berlin, capitale moins libérale que Leipzig et Londres, est un artiste admiré de l'Europe entière, vanté par ses détracteurs eux-mêmes, car Wagner et ses acolytes attendront courageusement la mort de l'aîné pour déverser leur fiel. C'est un homme déjà fragilisé, qui s'éreintera dorénavant à mener trois vies en une. Rien cependant, pas même une lucide perception de sa course à l'abîme, ne parviendra à freiner son activité fébrile.
Le Quintette à cordes en si bémol majeur op. 87 de juillet 1845 répond à la demande de Ferdinand David d'un morceau «in stilo moltissimo concertissimo». Après lui avoir dédié le Concerto en mi mineur, Mendelssohn lui concocte donc ce quintette avec une partie de premier violon quasi concertante. Si Pierre Baillot avait été encore de ce monde, lui qui jouait debout devant ses partenaires assis, il aurait été comblé.
Le Songe d'une nuit d'été op. 61. Aucune oeuvre de Mendelssohn n'est plus célèbre que Ein Sommernachtstraum/ A midsummer night's dream, aucune n'est plus ambiguë. Si, comme tous les mélomanes, les exégètes la portent aux nues, ils se demanderont toujours où la disposer dans la chronologie et les catégories mendelssohniennes. Qu'on en juge.