Objet inanimé….vous connaissez la suite. Mais l'histoire la connaissons nous vraiment ?
Souvenirs , reliques de notre mémoire, un parfum, une étoffe, la forme d'un chapeau, le bruit d'une canne, une table de travail. C'est vrai que les objets contiennent la respiration des âmes. Pas tous et pas de toutes . Mais ceux qui gardent une empreinte , que nous l'acceptions ou non, ceux là exercent en nous leur puissance. Énergie ? Peut être.
L'absence a un parfum . Alors pas de doute
il y avait forcément un raison à la quête de Jacques Guérin, grand parfumeur et bibliophile endiablé. Sauver la mémoire de
Marcel Proust. Sauvez les meubles, sauvez les photographies, sauvez les cahiers de
Proust !
C'est une étrange histoire que celle du manteau de
Marcel Proust. « le beau est toujours bizarre » écrivait
Baudelaire. Alors…. c'est une belle histoire. Nostalgique, bien sure. Triste souvent .
Une confidence d'abord : celle faite par le costumier de
Luchino Visconti. Et puis de fil en aiguille entre la laine et le taffetas,
il y a le temps qui vous « majusculent » les heures.
Beaucoup de personnages traversent ce récit, Les
Proust et leurs secrets de famille,
Walter Benjamin,
Genet,
Cocteau,
Apollinaire, Picasso, Paris,
Violette Leduc...Jacques Guérin.
Cela parle de l'écrit, de la mémoire, de l'amour, du secret, des parfums. Cela parle de livres, de familles, de transmission, d'oubli.
Je ne sais si les objets gardent véritablement une âme...mais je crois vraiment à la mémoire des lieux. Alors si un objet est le lieu d'une passion, d'une souffrance, ou d'un amour je crois que quelque chose peut résider dans un objet. Les objets sont comme les parfums comme les mot ils font naître des images. Et les images sont notre mémoire. Notre mémoire : ce lieu incroyable peuplé de bruits de vague de douceur de sable de regard de prénom de poème d'odeur de musique de silence et de beaucoup d'absence. Pour les celtes, les objets aimés contenait l'âme de celle ou de celui qui l'avait aimé. Briser l'objet c'était un peu comme vous fendre l'âme. C'est beau comme image... non ?
Oui c'est un joli roman. Non l'âme de
Proust n'est pas dans son manteau,
Proust est du côté de chez Swan, il est là-bas. Si vous voulait le rencontrer ce n'est pas dans un morceau de drap que vous le trouverez. C'est à chacun de ses paragraphes, devant chacun de ses personnages que vous le verrez, l'entendrez. le lieu unique de son souvenir ? : Notre mémoire. Dans la mémoire de chacun de ses lecteurs
Proust est présent. Et après ranger le manteau de
Proust, il ne vous viendra qu'une seule envie : aller à la recherche de
Proust. A bien y penser, ce manteau, …..il a bien quelque chose de de bizarre...Bizarre...vous avez dit…Mais ceci , il est vrai, devint un autre scénario.
« Il cappoto di
Proust » de
Lorenza Foschini est paru en Italie en 2010 aux Edtions Arnoldo Mondadiri
Il a été traduit de l'italien en 2012, pour les Editions de la Table Ronde, par Danière Valin.
Astrid Shriqui Garain