Les amours sales, une autobiographie à la croisée entre
l'Herbe bleue de
Beatrice Sparks et
Hell de
Lolita Pille. Les teufs, la drogue, la colère, l'amour, la haine d'autrui et de soi, c'est ce qui a rythmé la vie de Jessica pendant son adolescence, et avec beaucoup d'émotions, elle nous livre sa vie tumultueuse.
L'histoire de Jessica est absolument touchante, elle nous conte des événements inimaginables, l'envers du décor de la vie d'une ado rebelle, désespérée, qui ne croit plus en rien et surtout, qui ne trouve pas sa place dans une société qui la rejette. On débute le roman par une perquisition, ça donne le ton d'emblée et l'autrice nous immerge dans son ancien monde, un monde plein de colère et d'incompréhension. La descente aux enfers commence par cet événement, on oscille entre amour et haine, deux sentiments complètement opposés mais qu'on retrouve tout le long du roman, tout au long de l'adolescence de Jess. L'histoire entre elle et Damien était réellement touchante, son amour pour lui était inconditionnel mais il a fallu s'en sortir, une décision égoïste mais pas tant que ça, c'était pour leur bien à tous les deux, et rien que le fait de prendre cette décision rend compte de la maturité et l'envie de vivre qui résidait au plus profond de Jessica.
Une fois entre les mains, on ne lâche plus le roman, il se lit très bien d'une traite. Bien que cela soit une autobiographie, on a l'impression de suivre une histoire très bien ficelée, avec quelques allers-retours dans le passé qui s'intègrent parfaitement. Et surtout un style d'écriture qui correspond bien à l'histoire, fluide, travaillé et pourtant qui nous donne l'impression d'écouter l'autrice nous parler de vive voix. Dans ma lecture, j'avais vraiment l'impression d'écouter Jessica me livrer son histoire, me transmettant toutes les émotions par lesquelles elle a pu passer au cours de sa vie. Une écriture qui prend aux tripes, elle a su coucher sur papier ses sentiments et ses émotions, c'est notamment le passage à la clinique m'a littéralement bouleversée.
Le seul reproche que je peux faire à ce livre, c'est la dernière partie qui me semble bâclée. Les derniers chapitres concernant le Serpent, j'ai trouvé que l'histoire prenant une tournure précipitée, on découvre ce pan de la vie de l'autrice, qui me paraissait tout aussi important que le reste, en seulement sept chapitres. Tandis que les 26 premiers chapitres étaient consacrés à l'histoire d'amour et de haine entre Jess, Damien et la drogue, les sept derniers abordent la relation toxique et destructrice avec l'Homme Serpent. Une histoire sur laquelle on n'aurait peut-être dû s'attarder plus longuement selon moi, pas par curiosité, mais parce que tout est précipité, les lignes s'enchaînent aussi vite que les événements, les mots posés sur cette partie de la vie de Jess ont été plus flous. D'autant plus que nous arrivons à la fin du roman, à la renaissance de Jess grâce à la naissance de son fils, un événement très important de sa vie comme on le constate dans cette autobiographie. Mais cette (re)naissance donne l'impression d'être survolé, alors que finalement, c'est le point central de l'autobiographie, c'est sa sortie de secours dans une vie chaotique, celle qui a permis la création du roman, et je trouve dommage de ne pas s'être plus attardé là-dessus.
Une autobiographie plus que touchante, difficile de croire que
Jessica Foschi a réellement vécu cela. Elle pose des mots justes sur des passages très durs de sa vie, mais aussi sur des événements qui l'ont fait grandir, mûrir, qui lui ont donné envie d'avancer malgré tout. C'est une autobiographie sur la dureté de la vie, celle dont on ne veut pas, mais à laquelle on s'accroche tout de même et qui, on l'espère, finira par nous le rendre, par nous récompenser de notre persévérance, tôt ou tard.