Pour aimer pleinement la vie, il faut comprendre son autre face : la mort.
Mourir fut donc la principale occupation de son deuxième séjour en Corée.
Eric avait bien retenu l’essentiel : il devait paraître enthousiaste, savoir accueillir le moindre contrat avec une joie sans mélange. Mais, pour un homme qui n’a plus vraiment l’habitude d’afficher le bonheur sur son visage, ce n’était pas chose aisée. Il lui arrivait parfois de déclencher un sourire à un moment peu opportun, comme quelqu’un qui ne maîtriserait pas tout à fait un véhicule fraîchement acheté.
Il n’avait pourtant jamais cessé d’éprouver un sentiment de culpabilité. Une amie lui avait dit un jour : « Éric, ne te reproche rien. Tu sais, nous sommes tous coupables de quelque chose. » Il avait été surpris par cette affirmation. Elle tentait d’atténuer ainsi sa douleur, bien sûr. A l’en croire, aucune destinée humaine n’était à l’abri des mauvais choix.
Incipit :
Éric Kherson appréhendait toujours de prendre l’avion. Il dormait en général assez mal la veille du voyage, se laissant dériver vers les pires scénarios possibles, imaginant tout ce qu’il laisserait derrière lui après sa mort violente dans un crash. Mais le désir d’ailleurs demeurait plus fort que la peur, dans ce combat incessant entre nos pulsions et nos frayeurs.
Il y avait dans la modernité comme une volonté inconsciente de vous compliquer l'existence.
Les échecs des autres nous soulagent toujours un peu des nôtres.
La nouvelle génération semblait également fragilisée par la puissance des réseaux sociaux. Plus que jamais, l'humanité se construisait dans le poison de la comparaison. On vivait sa vie en regardant celle des autres, ce qui ne manquait pas d'accentuer le moindre sentiment d'échec personnel. Il devenait presque inévitable de se sentir inférieur ou misérable. Pas assez beau, pas assez riche, pas assez aimé, pas assez heureux.
Page 143
Aucune obligation morale ne vous impose d'aimer vos parents.
Page 40
Il y avait dans la modernité comme une volonté inconsciente de vous compliquer l'existence.
Page 50