Droit d'asile dans les campagnes pour les néo-ruraux ! Des réfugiés poétiques, migrants de l'intérieur, migrants hédonistes, philosophiques, utopistes à la recherche d'un travail donnant "du sens" , d'une réduction des heures perdues dans les transports, d'une amélioration de la qualité-de-la-vie.
Dans les contrées qu'ils envahissent, les flanflans contestent tout ce qui organise la vie agricole depuis l'aube de l'humanité.
Ils sermonnent les paysans, ces semi demeurés, sur ce qu'ils devraient faire et comment.
— Chéri, tu as vu la tête du vieux cul-terreux sur la chaise, contre lu mur, on dirait un pruneau desséché !
— Mais non, c'est un épouvantail.
— Regarde, il bouge !
— Où est sa faux ? Pourquoi n'est-il pas chaussé de sabots ?
— Pose-lui la question.
— Tu crois qu'il parle français, ou un dialecte local ?
— J'en sais rien ; essaie, toi.
— Bon giorno, senôr ! Bueno dies ? Kénavo ? Comprendo ?
— Laisse tomber, ça doit être l'idiot du village.
— Prends-le en photo et on s'en va, les autres sont déjà dans le bus.
Ah, ces remparts naturels ! Pour quitter Doves, s'enfuir ou s'ouvrir sur le monde, il eût fallu pouvoir les franchir.
Pour garantir qu'un secret demeure secret la recette était simple : n'en parler à quiconque.