C’ÉTAIT un monde ancien, incroyablement ancien, avec une lune piquetée de trous, un soleil qui se mourait et une atmosphère trop ténue pour soutenir le moindre nuage d’été. On y trouvait des arbres, mais pas ceux d’autrefois ; ces arbres-ci étaient le fruit de longues ères d’acclimatation progressive. Ils inhalaient et exhalaient beaucoup moins que leurs ancêtres lointains, et pompaient avec plus d’insistance le sol vieilli.
De même que les herbes.
Et les fleurs.
Mais les enfants sans pétales et sans racines de ce monde, ceux qui pouvaient se déplacer par l’effet de leur volonté, ceux-là ne pouvaient pas compenser le manque en restant sur place pour puiser dans le sol. Lentement, avec une lenteur impensable, ils en étaient venus à se passer de ce qui, dans les temps lointains, leur était fondamentalement indispensable. Ils survivaient très bien avec le strict minimum d’oxygène. Ou, en cas de crise, sans oxygène du tout, n’en éprouvant qu’un peu d’inconfort, et une certaine lassitude. Tous en étaient capables, sans exception.
Les enfants de ce monde étaient des insectes.
Et des oiseaux.
Et des bipèdes.
Mite, pie et homme, tous étaient parents.