Une écriture dense, d'une densité de cristal et de brume, d'étoile lointaine et de luciole proche, une écriture comme une lueur parfois vacillante mais toujours présente, comme la flamme des bougies de Georges de la Tour. S'y dit, avec pudeur, une volonté de ne jamais céder, une tenace résilience. On y devine bien des chagrins, bien des orages, bien des fêlures pas toujours cicatrisées, mais cela exprimé, je devrais dire traduit, en une langue d'un lyrisme à fleur d'encre, à lisière de peau, en toute discrétion.
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Après la pluie (Brest m’aime)
extrait 3
On a fait de toi
table rase
tout recommencé
Je n’en finis pas
de me consumer
de t’offrir justice
d’écrire ta revanche
Après la pluie
tes yeux hurlent plus fort
en bleu
Après la pluie (Brest m’aime)
extrait 2
J’avais
laissé sur les trottoirs
un poème qui s’ignorait
C’était
une autre saison
un autre royaume
A-t-il
grandi ou tremblé
du temps qui a passé
S’est-il
réchauffé
de n’être pas écrit
les passages vrais du temps
On les attend
Ils tardent on baisse la garde
Ils nous prennent par surprise
les passages vrais du temps.
la fumée de ma tasse
Seule
dans la cuisine
j’écoute
la fumée de ma tasse
devenir poème
Après la pluie (Brest m’aime)
extrait 1
Petite Manhattan
Sister de pluie sans cesse
48° 23’ 59’’ nord
4° 28’ 9’’ ouest
J’écris sans compas
l’exacte mesure
de ton nom
Partage de poèmes de " Les chevaux de Tarkovski", Pia Tafdrup, éditions Unes, par Estelle Fenzy.