Citations sur Toutes les barques s'appellent Emma (31)
Ils ne demandent qu'un geste, les livres: qu'on les lise avec patience et tendresse, qu'on les respecte, et ils sont capables de donner des trésors. Comme l'a dit autrefois un éditeur, "la littérature, c'est un livre et un lecteur. Tout le reste n'est que propos d'épicier". (p.16)
On ne décide pas, on espère. On ne dispose pas, on prie. On ne vit pas, on croit.
tant que tu t'entends,
Tu dois attendre.
Tant que tu t'entends,
tu es vivant. (p.184-185)
Et puis l'enfant a grandi, et puis l'enfant n'a pas tout oublié, cela restait dans sa mémoire. Il s'est mis à lire des livres, beaucoup de livres, certainement beaucoup trop pour son âge, comme s'il ne voulait pas oublier, qu'il voulait savoir, comprendre. (p.189)
Qu'attendez-vois de l'Art, Canyamel ?
-Qu'il m'éloigne de mes peurs, m'aide à les regarder en face. (p.183)
On lui signale un livre défectueux dans le rayon littérature.
Il va vérifier. C'est -Les ravages de Sartre- , qui n'est pas massicoté. Stève explique au client que jadis les livres étaient ainsi, qu'il fallait les couper soi-même, attenter à leur virginité. (p.130)
Lui aussi voudrait écrire un immortel chef-d'oeuvre, être riche, célèbre, adulé. Des fantasmes de pauvre tout cela.
Peut-être son fils à venir sera-t-il son seul chef-d'oeuvre et encore, il ne l'aura pas fait tout seul. (p.131)
C'est plus facile de jouer avec les mots des autres. Il y a une part d'inattendu qui force l'imaginaire, une autre écoute du sens, comme si on brisait sa propre harmonie pour faire apparaître un nouveau jeu.
On mélange les mots pour les entendre différemment, donner un autre rythme, changer de danse. (p.140)
En fait, je cours après un leurre: est-ce l'écriture que j'aime ? ou l'état dans lequel je me mets pour tenter d'y accéder ? (p.140)
Parfois, il vend des livres comme des savonnettes, des fromages frais, des oeufs. Il est un crémier, un marchand d'habit, quelquefois ce sont des oripeaux, et d'autres fois des habits de lumière.
La liste des auteurs s'allonge. Il en découvre toujours plus, des vivants et des morts, des agonisants et des bien-pesants et des mal aimants. (p.144-145)
Par son métier, Steve est de façon permanente confronté à son impuissance face au savoir. Ces milliers de livres qu'il n'a pas lus, ces auteurs du monde entier qu'il ne lira jamais. Ces films, ces musiques, ces voyages, ces aventures ! Il n'aurait pas assez de plusieurs centaines de vies. (p. 144)