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EAN : 9782259206273
300 pages
Plon (10/10/2013)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Au cours d'entretiens avec Dominique Sewane, l'auteur revient sur les épisodes décisifs de son adolescence à Istanbul, sur lesquelles il avait gardé le silence. Elles l'ont amené sur la Voie soufie des Mevlevi ou « Derviches Tourneurs », suivie clandestinement par sa famille à l'époque du « Renouveau » de la Turquie : bouleversement au son du Ney et à l'audition de chants mystiques lors de concerts spirituels donnés au « tekke » (couvent soufi), et surtout, quand il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un soufi d'Istanbul est le fruit de plusieurs années d'entretiens du grand musicien Kudsi Erguner avec Dominique Sewane, anthropologue des religions dont l'étude sur les pratiques funéraires des Batãmmariba du Togo avait fait sensation. Cet ouvrage à entrées multiples est, d'abord, le récit poignant d'un éveil de la foi dans un monde paradoxalement hostile. Lorsque Kudsi Erguner voit le jour, dans une famille profondément croyante où l'on joue du Ney – cette flûte de roseau venue de la nuit des temps – depuis des générations, la Turquie kémaliste est engagée depuis des lustres dans une laïcisation profonde. La piété s'est réfugiée dans la clandestinité du tekke, un centre de derviches où les soufis pouvaient se retrouver et chanter, parfois jusqu'au matin le sama de la confrérie Mevlevî.  le choc spirituel qu'éprouve l'enfant est profond…. Au contact d'hommes de Dieu exceptionnels, l'essor spirituel de Kudsi accompagnera ses progrès dans l'art du Ney que lui enseigne son père, dans lequel il excelle bientôt avant d'en faire profiter des auditoires du nombre entier. Cet apprentissage n'est pas innocent. Cheikh Mithat Baharî soulignait que le Ney évoquait le monde des origines, et la douleur pour un être humain d'en être séparé ». Il est au coeur de la danse des derviches tourneurs, qui pouvaient improviser de manière spontanée dès lors que devient prégnante la sensibilité au reflet de la Lumière divine…. le soufisme n'est en rien la recherche d'un Dieu perdu, mais l'ivresse joyeuse de la certitude et l'impatience de l'homme, attaché à une existence illusoire, de ne pouvoir se fondre en Lui. Là est le coeur de cet ouvrage exceptionnel… Des réflexions sur le père et sur une vie hors du commun, sur l'évolution de la Turquie moderne, de lentes promenades dans Istanbul ou à Konya, sur la tombe de Rûmî, et de copieuses annexes sur la musique ottomane et les instruments qui l'illustrent. Mais le noyau dur est l'inventaire d'un héritage profondément incarné, souvent méconnu, qui nous repose un peu des préjugés sur un islam  qu'on dit malade. À ouvrir d'urgence.
Pierre Aubé  (Affiches de Normandie - 18 décembre 2013)
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J'ai aimé le récit d'enfance et d'apprentissage du jeune garçon, dans Istanbul des années 1960, partagé entre ses études à l'École Italienne, collège occidentalisé, et la fréquentation quasi-clandestine du tekke - centre de derviches - officiellement fermé en 1925 par les lois d'Atatürk. C'est auprès de son père, joueur de Ney - flûte de roseau oblique - soufi, que Kudsi Erguner apprendra la musique. Apprentissage traditionnel, reliant les musiciens entre eux en une chaîne séculaire remontant au 17ème siècle. Transmission aussi de l'héritage, des traditions des derviches tourneurs par les "conversations spirituelles élevées" dans les cérémonies soufies.

Une autre lecture possible : l'histoire de la Turquie.

La Turquie du Renouveau imposée par la République de 1925 avec l'occidentalisation forcenée. Révolution linguistique: modernisation de l'alphabet et adoption de l'alphabet latin, mais aussi purge de la langue ottomane des éléments arabo-persans et introduction de mots turquisés. Avec le changement d'alphabet, toute la littérature, la poésie et la musique se trouvait donc mise de côté, menacée d'abandon. Laïcisation de la société, fermeture des tekkés, mise au pas de l'islam après l'abandon du califat. Modernisation aussi du costume.....

Autre angle d'attaque : l'Islam en Turquie

Islam modéré après des décennies laïques? ou islamistes modernes du parti au pouvoir? D'Europe, les idées préconçues sont nombreuses. Difficile pour moi de m'y retrouver. Kudsi Erguner présente un soufisme très ouvert, tolérant aux autres croyances où la poésie chante l'amour et le vin. Loin de l'image intégriste qui interdit la musique et des images austère, les derviches qui ont su séduire Nerval tournent, jouent de la musique, perpétuent la tradition du Mevlana Rûmi ...on se prend à rêver. Dans la conclusion, Erguner tempère cette attrait qui a séduit des occidentaux New Age en mal de gourous. Il est sévère envers la tendance officielle à la folklorisation touristique des derviches tourneurs qui se donnent en spectacle au détriment de la prière et du spiritualisme. Il est aussi critique envers ces faux soufis qui s'improvisent cheikh sans avoir suivi l'itinéraire traditionnel.

Enfin, des annexes au témoignage personnel décrivent les instruments traditionnels, les arts musicaux et poétiques ottomans. Un beau florilège poétique familiarise le lecteur peu averti des beautés de cette poésie. La théorie musicale est plus ardue pour la non spécialiste....


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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