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Depuis le début de l'année j'ai fait de très bonnes lectures et parmi elles, une m'a particulièrement marqué, touché, fait réfléchir. Il s'agit du livre Maintenant qu'ils ne sont plus là du Dr Yves de Locht, qui introduit, complète et explique de nombreux témoignages de personnes ayant accompagné une personne en fin de vie qui n'ont pas tous pu partir de manière sereine, digne et sans souffrance comme il le désirait l'euthanasie active en France étant encore prohibé.

Quel est le rapport avec ce roman de Vincent Engel me direz-vous ? Vincent Engel a écrit la préface de Maintenant qu'ils ne sont plus là, quelques pages pour introduire le propos mais aussi premier témoignage poignant de ce livre Vincent Engel nous parlant de la fin de vie longue et douloureuse de sa mère. Une préface dans laquelle est très brièvement évoqué Les vieux ne parlent plus. Il ne m'en a pas fallu beaucoup plus que ce roman rejoigne ma PAL.

Ce dernier est très court, 200 pages et se laisse lire rapidement. Il fait partie de ces romans cependant que vous ne quittez pas entièrement une fois la toute dernière page tournée. En effet si l'histoire est bien terminée, les réflexions que ce livre suscite lors de la lecture demeurent elles bien en tête et ceux d'autant plus qu'elles sont et seront de plus en plus d'actualité au fil des années à venir : l'augmentation du vieillissement de la population et le coût que cela représente pour la société.

Dans ce roman d'anticipation 30% de la population active à plus de 60 ans. A la fin de ma lecture j'ai regardé les prévisions de l'Insee concernant le vieillissement de la population pour me rendre compte que finalement que ces 30% c'était presque pour demain. En effet selon les projections de population de l'Insee, si les tendances démographiques observées en 2018 se maintiennent, en 2040 un habitant sur quatre en France aura 65 ans ou plus et on compterait plus d'une personne âgée de 65 ans ou plus pour deux personnes âgées de 20 à 64 ans en 2070.

Or les vieux coûtent chers à la société, ils ne sont plus tous “productifs”, une fois que la vieillesse s'installe et avec elle parfois bien trop tôt les problèmes de santé qui y sont associés ou encore l'apparition de syndromes gériatriques : les chutes, l'incontinence urinaire, les fragilités, confusions mentales, ect… Une charge que la société que nous présente Vincent Engel dans ce roman ne veut plus assumer.

“ Ce qu'il avait mis en oeuvre la société l'exigeait. Ce n'était que la concrétisation d'un égoïsme croissant et d'une peur de se démunir au profit de gens qui ne servaient plus la société ”.

Ce qui a été mis en oeuvre ? les VSA, les Villages de Santé pour Aînés, havre de paix pour finir ses vieux jours à en croire la publicité. La contrepartie : la gestion par l'Etat de l'ensemble du patrimoine des personnages âgés qui y séjournent. à votre avis que se passe-t-il une fois que le patrimoine des cieux se tarit ? Quand ces personnes âgées coûtent plus chères qu'elles ne rapportent à la société ?

C'est l'avocat Alexandre Geoffroy spécialisé dans la gestion du patrimoine des personnes âgées qui est l'un des principaux contributeurs à la mise en place de ces VSA et de leur cadre légal. Il en assure la promotion en arguant sur les chaînes de TV à quel point ceux-ci sont géniaux et vantant la qualité de ces derniers pour assurer un cadre de vie paisible et confortable aux personnes âgées. Pourtant ce dernier refuse d'y inscrire sa mère. le personnage est donc pris entre deux positions contradictoires qui vont l'entraîner dans un piège infernal. C'est un personnage guère sympathique pour ne pas dire assez détestable qui pourtant devient néanmoins au fil de la lecture quelque peu attachant notamment par l'amour qui le lie à sa mère et sa volonté de prendre soin de cette dernière. Si c'est une histoire plaisante à suivre, un bon thriller politique, je trouve néanmoins qu'elle passe quelque peu en arrière-plan face aux réflexions que pose l'auteur tout au long de son texte. C'est l'une des deux raisons pour laquelle je ne mets pas 5 étoiles à ce roman.

Ce sont surtout les réflexions tout autour de l'histoire qui m'ont pour ma part le plus intéressé car je trouve qu'en 200 pages l'auteur nous invite à nous interroger sur une belle palette de sujet, le vieillissement de la population bien sûr mais pas seulement avec des questionnements plus larges sur nos sociétés actuelles : l'immigration, le rôle des juristes dans nos sociétés, celui des médias et leur influence, les politiques et ce que nous appelons démocratie. le décor de ce roman d'anticipation est très bien travaillé et le tout à un aspect terriblement réaliste rendant ce roman assez glaçant.

Plusieurs fois durant ma lecture des passages m'ont interpellé, pour un roman imaginé en 2015 certains passages sont troublants, en voici notamment un :

“Les pandémies vous ont aussi écrit quelque chose : l'émotion du public était vive, bien sûr, même quand il s'agissait des vieux dans les homes, mais dans ce cas, elle était largement de convenance. C'était triste, mais acceptable, ces morts par milliers chez les vieux. Des fantassins sans valeur qu'on sacrifiait sur le front, de la chair à virus, des victimes sacrificielles aux dieux aléatoires… Mais les jeunes, ceux qui votent, paient leurs impôts, font marcher le pays, les jeunes veulent vivre. A n'importe quel prix.”

Après la crise sanitaire du coronavirus et les hécatombes dans certaines maisons de repos, et les choix politiques qui ont été faits ce passage a un très désagréable arrière gout de vérité je trouve… Malheureusement je me dis en étant quelque peu pessimiste que ce roman d'anticipation pourrait peut-être d'ici 30 à 40 ans être une réalité vu l'état et la mentalité de certains dans notre sociétés actuelle.

L'autre raison pour laquelle je ne mets pas 5 étoiles malgré toutes les qualités que je trouve à ce texte est dû à sa fin que je trouve abrupte et trop libre d'interprétation. Je l'ai d'ailleurs lu deux fois pour être sûr de ne pas avoir loupé quelque chose.

Mais cela n'a au final pas une très grande importance. Si vous recherchez un roman court, bien écrit mêlant thriller politique et anticipation traitant d'un thème de société intéressant qui nous concerne tous je ne peux que vous recommander ce roman qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
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Il existe deux façons de terminer son existence, selon ce roman, soit, volontairement, aller dans un établissement public qui prend tout en charge ou confier ses biens et sa fortune à un avocat qui s'occupe de procurer du bien être en fin de vie. Alexandre Geoffroy s'occupe de la seconde solution. Il est l'initiateur du programme de gestion des individus selon une application basée sur des notes selon les aptitudes restantes et/ou diminuantes de ces vieux. Bien entendu plus la note est basse plus le sort réservé s'apparente au "Soleil vert" et une disparition en douceur.

Après cette lecture je me suis demandé dans quelle catégorie je pourrais classer ce livre. Finalement j'ai trouvé, il s'agit d'anticipation. le futur, notre futur y est dépeint. Pour le moins chez les vieux, dont je fais partie. Quoique lisant un Simenon, écrit en 1948, ce dernier présente un couple de 53 et 55 ans comme étant un couple de vieux! Alors ? Super vieux, hors d'âge comme le cognac ou l'armagnac? Boomer, etc.
Le sort réservé à cette population varie selon que l'on soit en occident ou en proche, moyen ou extrême orient. Bien sûr rien n'est similaire à ce livre où pas encore et les marques de tendresse et de respect existent fort heureusement toujours, mais pour combien de temps?
Ecrit en 2020, Engel avait connaissance (?) du virus actuel, il souligne que, malgré les pandémies, 30% de la population est vieille (plus de 60 ans - comme quoi il n'y a pas de règle) et qu'il est nécessaire de trouver une solution à ce phénomène. Bien que romanesque, ce qui est proposé amène à réfléchir sur ce sujet qui s'il n'affleure point encore est, quand même, souligné et sous-jacent.
J'ai pris du plaisir à lire ce roman d'anticipation tout en ayant devant mes yeux un chiffre : 75 qui correspond à mon âge. Cela ne m'a pas empêché de tourner les pages. L'écriture est solide, intéressante, le roman bien construit et, c'est vrai, qu'on ne s'y ennuie pas.
Je vais faire tourner ce livre autour de moi.
Merci à Babelio de m'avoir choisi pour cette masse critique et à Ker éditions de m'avoir fait parvenir ce livre.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Mercredi 09 septembre, 7h00 pétantes et sirotant mon petit café bien serré du matin, je me hasardai à participer pour la première fois au fameux Masse Critique dont j'ignorais tout quelques jours auparavant (ne m'en tenez pas rigueur je suis encore un jeune padawan ici). Dix jours plus tard Les vieux ne parlent plus trônait fièrement dans la boîte aux lettres. Alors avant toute chose, mes plus chaleureux et sincères remerciements aux éditions Ker et à Babelio.

Mais trêve de bavardages, entrons dans le vif du sujet. Dès la couverture de son roman Vincent Engel tient à marquer l'esprit du lecteur cultivé que nous sommes avec une citation d'une célèbre chanson de Jacques Brel. Bon point d'entrée de jeu et disons-le franchement, ce subtil amuse-gueule est révélateur de la suite : l'auteur est cultivé et sa plume est diablement affûtée.

S'il y a une chose qui saute aux yeux dès les premières pages, c'est le style littéraire de l'écrivain dont la céleste prose aux tons métaphoriques ne manquera pas de ravir vos mirettes. Par ailleurs, le romancier a rigoureusement potassé son sujet, couchant ainsi sur le papier un récit saisissant de réalisme dans lequel le lecteur n'a aucun mal à se projeter tant les thématiques du vieillissement de la population et de l'enjeu économique des retraites associé sont diablement actuelles.

Le traitement des personnages est lui aussi remarquablement équilibré car Vincent Engel ne délaisse jamais les personnages secondaires même si, bien entendu, l'élément central reste le protagoniste phare dont la spirale infernale dans laquelle il est happé ne vous laissera aucun répit. Mais c'est bien l'écriture subtile et dense de ce larron en col blanc qui vous séduira à coup sûr car, malgré son code immoral qui vous répugnera de prime abord, vous vous prendrez malgré vous d'attachement pour lui au fur et à mesure que l'intrigue dévoile ses sombres desseins.

L'auteur livre donc un redoutable thriller politique aux airs glaçants de roman d'anticipation tristement réaliste dont la fin aérienne, aux teintes métaphoriques très prononcées, vous laissera littéralement coi. Un vrai coup de maître dont les jours pluvieux aux tendances hivernales actuelles rendent la lecture propice. N'hésitez plus.
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Une nouvelle facette de Vincent Engel.
Voilà qui nous change de Raphaël et Laetitia.
Ecrit il y a cinq ans et publié en 2020, ce livre a toute sa résonance de nos jours.
Il traite, comme son titre l'indique, des vieux et du sort qui leur est réservé, sujet plus douloureux encore en cette période de covid.
Certes le roman a un petit goût d'anticipation, quoique…..
Notre société est bien mal en point.
Maître Alexandre Geoffrey, qui tirait bien son épingle du jeu en fait maintenant les frais et sa situation est au plus mal, ses amis haut placés lui tournent le dos.
C'est bien écrit, Vincent Engel oblige.
Par contre, j'ai été surprise par la fin, j'avoue même n'avoir pas bien compris.
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Le risque pour un auteur de dystopies, c'est de privilégier le contexte, la toile de fond sociale, politique ou environnementale choisie comme "futur à craindre", et de plaquer dessus une histoire et des personnages, prétextes pour illustrer et mettre en exergue ce contexte, imaginé parfois avec pertinence. Mais alors, la fiction se fait argumentaire, pamphlet, et la littérature s'efface.

Il m'a manqué un petit quelque chose dans ce livre pour l'aimer vraiment, et je pense que cela vient de ce "biais de démonstration" comme je l'appellerais, qui m'a un un peu gênée malgré une écriture fluide et un regard social affûté sur les pratiques au sein du monde de la politique, des médias et de la justice.
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Alexandre Geoffroy est avocat, il est "exécuteur de vie", ses clients lui confient la gestion de leurs comptes, de leur personne, de leur cadre de vie. Il leur garantit des soins de santé adaptés à leurs revenus et à leur état pour leur apporter une qualité de vie digne et décente. Un compte rendu est à établir chez le juge de manière régulière. Il a élaboré un logiciel permettant d'évaluer quotidiennement la qualité de vie de chacun de ses clients. C'est comme ça qu'il gagne sa vie.

Nous sommes dans un monde qui a changé, où un excès de vitesse est punissable de prison, où les campagnes sont désertées, un monde qui a subi des pandémies et où les vieux sont de plus en plus nombreux - il y a plus de 30 % de plus de 60 ans - la population active est réduite et la régression économique est énorme.

Le gouvernement, avec l'aide de Maître Geoffroy a décidé de mettre en place une politique volontariste de gestion des seniors avec la naissance des VSA - entendez par là Village de Santé pour Aînés. Moyennant la gestion de leurs biens par l'État, chaque pensionnaire est en droit de recevoir les soins et les loisirs adéquats. Très bien, me direz-vous, mais qu'adviendra-t-il lorsque les capitaux seront épuisés ?

Maître Geoffroy est invité dans l'émission télé de la célèbre Lise Charcot pour mettre en avant ce qu'il a aidé à mettre en place. Face à lui Pierre Rambaud, défenseur des droits humains , président de la défense des personnes âgées qui dénonce ce plan, parlant de "suicides" des aînés.

Le monde n'est plus le même, l'Europe se détricote, les nationalistes sont de plus en plus présents, la dette publique est gigantesque, les pandémies et les virus incontrôlés, cela amènerait-il le gouvernement à sacrifier les vieux? La démocratie deviendrait-elle une dictature douce ? La politique des vieux serait-elle "géri-active" en planifiant leur fin en même temps que celle de leurs revenus ? Toute une série de questions qui surgissent à la lecture, un roman qui interpelle et pose énormément de réflexions sur notre société.

L'écriture est dynamique. Cela se lit comme un thriller, une fiction ou une réalité proche?


C'est passionnant, interpellant, captivant et c'est belge ! Ecrivain et éditeur.

A découvrir.

Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Plus que pour le récit lui-même, prenant mais sans plus, je vous recommanderais ce roman pour son thème: la prise en charge des aînés lorsqu'ils peinent à vivre seuls. Une pure fiction, dont on peut espérer qu'elle ne deviendra jamais réalité, mais qui tout de même pousse à la réflexion.

Dans la société imaginée par Vincent Engel pour "Les vieux ne parlent plus", l'État a mis en place des "Villages de santé pour aînés", des institutions présentées comme des petits paradis où les seniors pourront passer une fin de vie tranquille, après leur avoir délégué la gestion de leur patrimoine.

Le personnage principal du roman est un avocat bien établi, dont la mère pourrait avoir sa place dans un de ces villages. Sa position est ambiguë. En effet, d'une part, il est le principal conseiller de l'État pour l'établissement du cadre juridique des villages, ce dont il s'est acquitté avec énormément de soin. D'autre part, on pourrait dire qu'il est un concurrent "artisanal" de ce projet car ses activités d'avocat consistent entièrement à jouer un rôle de "gestionnaire de vie" pour des personnes âgées qui souhaitent être soulagées de la gestion quotidienne de leur patrimoine du bien-être de leur vie de tous les jours.

On ne pourrait sans doute pas qualifier cet avocat de véreux, mais ce n'est pas non plus un philanthrope... En particulier, on commence à mettre en doute sa moralité lorsque l'on apprend qu'il a fait développer un logiciel spécialisé pour le suivi de ses clients, en particulier pour estimer le coût des soins dont ils ont ou auront besoin. Cela lui est bien utile pour l'aider à déterminer où il doit spécialement porter son attention et pour l'aider à prendre les meilleures décisions pour ceux qui lui font confiance. Mais par son intermédiaire, les Villages de santé peuvent également utiliser ce logiciel et déterminer le moment où, pour le dire crûment, il serait plus rentable pour le système qu'un senior soit mort plutôt que vivant. Et il arrive ainsi que la famille apprenne qu'un proche a été victime d'un problème de santé inattendu mais pas improbable à son âge...

L'avocat finit lui-même par se trouver dans une position fort inconfortable lorsque l'État le presse à faire une publicité bien médiatisée pour les Villages en le poussant à y faire entrer sa propre mère. Je vous laisse découvrir le reste. N'hésitez pas à m'envoyer (en message privé) vos commentaires sur la fin de l'histoire que, comme d'autres avant moi, je ne suis pas sûr d'avoir bien comprise.

Du point de vue purement littéraire, je dirais que le texte se lit assez agréablement, sans provoquer de lassitude, mais sans non plus occuper toute l'attention du lecteur au point qu'il repousse le moment où il devrait interrompre sa lecture. Bien mais sans plus, dirais-je. Par contre, vous aurez compris que le thème est vraiment intéressant. le petit résumé que je viens d'écrire peut déjà vous faire réfléchir, mais lire le texte donne plus de substance à la réflexion car même si je suis persuadé que l'on ne pourrait pas en arriver là chez nous, le roman instille tout de même un certain doute. Je mets ceci en parallèle avec les débats actuels sur la vaccination contre le Corona virus; la gestion de la crise a suscité d'intéressants débats la frontière entre les impératifs économiques et les questions de santé publique et de respect des libertés individuelles. Personnellement, rien ne m'a choqué dans les mesures qui ont été prises, ni même dans la "pression" que les autorités mettent pour pousser les individus à se faire vacciner. Mais la question plus délicate et plus difficile est de légiférer pour éviter un précédent qui un jour, plus tard, pour une autre crise, conduise à de réelles dérives.

Bref, je suis heureux, une fois de plus, de mettre en évidence un auteur belge, pour ce roman qui est un excellent point de départ d'une réflexion sur les extrêmes, sur les excès possibles d'un système. Mais bon, je reste confiant dans la nature humaine. Ne me rangez surtout pas dans le clan des complotistes !
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"Mourir, la belle affaire, mais vieillir…ah vieillir" Une dystopie des plus noires qui met en scène une société sombre et individualiste. Les plus gros ont pris tous les pouvoirs, ont muselé les petits et se débarrassent des plus faibles.
Un récit qui donne à voir un monde totalement replié sur lui-même, un véritable état policier, une dictature 'douce'.. Un récit qui fait froid dans le dos. Une anticipation, une dystopie ? Ah oui, ne l'aurions-nous pas déjà un peu vécue celle-ci ?
Fiction écrite en 2015, ce scénario est plein d'ironies révélatrices des problématiques actuelles et est d'autant plus percutant en ces temps troublés : crises économiques, pandémies, population vieillissante, migration…

Résumé (tel quel, trop long)
"Les pandémies avaient d'abord décimé les vieux. C'était triste, bien sûr, mais somme toute... Somme toute, c'est le mot. le décompte pouvait être rentable. Sauf que les virus ne se laissent pas commander par des logiques politiques. Et puis, après la régression économique effroyable qui avait suivi la première grande pandémie, les gens s'étaient dit qu'à l'avenir, ils préféreraient sans doute sacrifier les vieux que leurs revenus personnels... Avec 30 % de plus de 60 ans et une population active réduite à la portion congrue, le gouvernement décide d'établir une politique, volontariste mais discrète, de gestion des seniors. C'est ainsi que naissent les VSA, Villages de Santé pour Aînés où, moyennant la gestion par L'État de l'ensemble de leurs biens, les pensionnaires voient leurs besoins quotidiens pris en charge. Mais qu'adviendra-t-il d'eux lorsque leur patrimoine ne suffira plus à financer leurs soins ? Inspirateur de ces structures et de leur cadre légal, Maître Alexandre Geoffroy est chargé d'en assurer la promotion. Mais entre ses activités douteuses d'avocat spécialisé dans la gestion de patrimoine et sa volonté de prendre soin de sa vieille mère dans les meilleures conditions, le grand écart devient vite intenable. Bientôt, le piège se referme..."

La crise sanitaire actuelle a mis en lumière certaines zones d'ombre, notamment la manière dont nous traitons nos aînés, parfois totalement abandonnés à une mort certaine.
PS: à (re) noter que ce roman a été écrit avant la pandémie de Covid-19.

$ Si quelqu'un vous propose une petite randonnée dans un merveilleux Village pour les plus de xx ans , FUYEZ
$ Ne faites confiance à personne, ni à un neveu, ni à un notaire, ni à la mutuelle ---- encore moins à l'état, FUYEZ

Attention divulgations toxiques à la découverte du récit
(à lire uniquement si vous êtes sûrs de passer à côté de ce roman)
Que faire de nos aînés ? Alors que la population est de plus en plus vieillissante, que la crise fait rage, que les vieux semblent gêner car ils ne sont pas rentables, le gouvernement met en place un système aux apparences démocratiques : les Villages de Santé pour Aînés. Plus besoin de prendre en charge les finances et les fins de vie, parfois difficiles, de vos parents. On s'en occupe pour vous. FUYEZ !

Vincent Engel est un auteur belge qui présente dans ce roman un monde glaçant où toute solidarité semble avoir disparu.
Hommage à Brel et à sa chanson 'Les vieux' dans laquelle les personnes âgées sont vues comme des citoyens de seconde zone :
Les vieux ne parlent plus
Ou alors seulement parfois du bout des yeux
[…]
On vit tous en province quand on vit trop longtemps.

- Lecture du 27/08/2020 -
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Quel récit terrifiant !!! terrifiant de cynisme réaliste....
Maître Geoffroy est un avocat médiatique spécialisé dans la gestion de tutelle des personnes âgées dans une société dans laquelle la population active est inférieure à la moitié.
Le roman montre un réseau de politique-justice-médias tellement intriqués les uns dans les autres qu'on ne peut plus parler de démocratie.
Inspirés par l'avocat qui a imaginé un système de prise en charge des seniors équilibré sur leurs moyens financiers, les membres du gouvernement ont créé des Villages de Santé pour Aînés, service public dans lequel cette prise en charge "économiquement pertinente et rentable" est appliquée. Mais une fois impulsé, il ne supporte plus la concurrence "privée" de leur pionnier qui va se trouver pris à son propre piège...
J'ai trouvé habile et pourquoi pas inspirante l'idée de laisser les personnes médiatiques face à leur propres incohérences en les obligeant à ne plus séparer ce qu'elles font et ce qu'elles prônent pour les autres.
Parmi les inventions (?) les plus glaçantes, la découverte de l'usage des infrastructures de VSA m'a donné envie de vomir !
Une lecture nécessaire pour faire réfléchir et ne pas s'endormir sur ce qui apparaît comme évident.
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C'est du belge et c'est du bon... Foncez...

Le titre aurait pû être aussi "Comment nos démocraties disparaîtront si nous n'y prenons pas garde", avec comme l'auteur le dit en d'autres termes "vous n'avez pas remarqué comme le mot doux est employé à tout venant... une fin de vie douce, une douce atmosphère... tout cela dans le but d'endormir nos consciences..." 😱😱😱

Ici nous allons jouer à "tel est pris qui croyait prendre" avec Maître Geoffroy...🎲🎲🎲

Nous sommes dans un futur estimé tout proche où certains faits que nous connaissons déjà se sont confirmés voire amplifiés : des pandémies ont décimé nos populations - principalement nos aînés - et mis à mal nos gouvernements, un excès de vitesse vous enverra directement en prison et les politiques de migration n'existent plus, excepté pour un besoin urgent de main d'oeuvre bon marché initié par le gouvernement.

L'économie ne s'est pas redressée, le clivage entre riche et pauvre s'est accentué, la population vieillit, plus de 30% de celle-ci a atteint plus de 60 ans et les frais de gestion de cette vieillesse deviennent problématique pour le pouvoir en place.

En plus des exécuteurs testamentaires, apparaissent donc les exécuteurs de vie tel Me Geoffroy, à qui des enfants peu scrupuleux et surtout peu concernés du sort de leurs aînés peuvent confier leur gestion totale, financière mais aussi médicale et vitale...

Au-delà de ces gestions particulières, se développent désormais une politique "gériactive" (ou Geri-hâtives diront les détracteurs) les VSA - Village de Santé des Aînés - où vos parents pourront bénéficier d'un niveau de qualité de vie élevé jusqu'à la fin de celle-ci.
Mais parle-t-on aussi aux citoyens des dérives engendrées par ce système ? Vous les découvrirez assez vite...

Ce livre fait froid dans le dos parce que cette situation ne paraît pas si impossible au vu de certaines décisions prises ces dernières années...

L'écriture est fluide, précise, entraînante.
C'est du bon et c'est du belge donc foncez...

J'ai beaucoup apprécié cette lecture mais j'ai un petit bémol quant à la fin que je ne suis pas sûre d'avoir comprise, rêve, métaphore, rituel d'apaisement ???
Je vais devoir en parler avec l'auteur... car je ne peux évidemment pas vous spoiler ici....
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